Ouattarandie: Le royaume des dossiers fabriqués

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L’audience de confirmation des charges s’est achevée le jeudi dernier, avec une prise de parole du président Laurent Gbagbo. Après que ses avocats ont démonté, dix jours durant, ce que Fatou Bensouda et son équipe de l’Accusation considéraient comme preuves à même de conduire le président déchu en procès.

Fatou Bensouda et les membres de son équipe, qui croyaient être bien parties pour clouer le président Laurent Gbagbo au pilori avec «leurs preuves», ont dû ravaler leur salive lorsque la Défense, très alerte sur le dossier ivoirien, est sortie de ses gongs pour les ramener à leurs copies. Fatou Bensouda a manqué d’ingéniosité. Il ne pouvait pas en être autrement, d’autant plus que la collusion de son prédécesseur, Luis Moreno-Ocampo, avec le Rdr étaient patente. Ses propres prédispositions à condamner le président Laurent Gbagbo l’ont poussé à refuser de mener des investigations crédibles qui nécessiteraient qu’il soit à équidistance des parties en conflit dans la crise ivoirienne.

L’audience de confirmation des charges a été une opportunité pour la Défense de révéler une manipulation dont l’objectif visait à diaboliser un individu pour le maintenirau cachot.

Dès lors, le bureau du procureur, qui a travaillé en étroite collaboration avec les officines du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, se rend bien compte qu’il a trempé dans du faux. Dans certains milieux au sein du Rdr, l’heure est à la critique de certaines options pour discréditer Gbagbo l’ennemi. Notamment la forte propension à brandir des dossiers hautement suspects qui finissent par se retourner contre leurs expéditeurs.

Au royaume des dossiers fabriqués

Pour justifier la traque aux pro-Gbagbo en exil, le RDR, à travers le ministre Hamed Bakayoko, avait «vendu» à l’opinion publique une affaire de coup d’Etat ont des officiers en exil auraient été des cerveaux. Une autre fois, les autorités ivoiriennes ont sorti de leur chapeau une prétendue collusion entre les responsables du Front populaire ivoirien (FPI) en exil et AQMI – elles ont même réussi à faire endosser cette thèse farfelue par des «experts» onusiens qui ont finalement été désavoués par l’ambassadeur des Etats-Unis à Abidjan.

Dans son dernier rapport sur les droits de l’homme en Côte d’Ivoire, Amnesty International a d’ailleurs révélé que ses investigations n’ont jamais prouvé une quelconque collusion cadres du Fpi en exil-Aqmi. Mieux, cette organisation a démontré la tendance irrépressible du régime Ouattara à la violation des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne les proches du président Laurent Gbagbo.

Les gros mensonges du pouvoir Ouattara, qui transmet sans vergogne des dossiers fabriqués à ses alliés internationaux, font paniquer aujourd’hui certaines pontes du régime, qui craignent d’être la risée de leurs amis à l’étranger. Selon un consultant en poste dans une agence de communication proche de Ouattara, les dossiers montés de toute pièce ces derniers mois par le régime Ouattara contre certains de ses opposants, dont l’authenticité n’a jamais été prouvée,contribuent à le discréditer et à susciter un sentiment de méfiance chez ses partenaires. Plus grave, des responsables du parti craignent que le déroulement de l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo ne conduisent certaines puissances amies – qui ont cru au Rdr jusqu’au bout – à prendre leurs distances avec Ouattara.

Gilles Naismon

Deux ans après le scandale des «mortes d’Abobo». Zéro enquête ouverte par le régime Ouattara!

Deux ans exactement ! Il y a deux ans, l’opinion internationale s’émouvait de l’assassinat de sept femmes dans la commune d’Abobo, à Abidjan. Des femmes qui auraient été tuées, selon la version officielle,par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ivoiriennes stationnés au camp commando d’Abobo. A l’occasion de l’audience de confirmation des charges contre le président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale, les cadres du Rassemblement des républicains (RDR), parti ouattariste, ont orchestré une «campagne d’indignation» face aux questions légitimes soulevées par la défense sur cette sombre affaire. Et pourtant !

Deux ans après ce drame, aucune enquête spécifique n’a été ouverte sur un moment de la crise ivoirienne qui est pourtant abondamment exploité médiatiquement par le pouvoir d’Abidjan. Dans un communiqué datant du 14 septembre 2012, le procureur militaire Ange Kessy Kouamé citant deux affaires de «crimes de sang» sur lesquelles il

enquêtait : l’assassinat d’Yves Lambelin et de ses compatriotes (affaire du Novotel), et l’assassinat du colonel-major Adama Dosso, qui avaient valu à des dizaines de personnes d’être mises en détention préventive. Mais rien sur les sept femmes d’Abobo!

Interpellé au téléphone par Le Nouveau Courrier, un très proche collaborateur d’Ange Kessy, s’est montré évasif. Le meurtre des sept femmes d’Abobo est traité dans une «enquête globale» sur les événements d’Abobo «en général». On a déjà vu plus grande implication du bras judiciaire de l’Etat dans une affaire… Lors de l’audience de confirmation des charges contre le président Gbagbo, il n’y avait aucune trace d’autopsies ou d’analyses balistiques qui auraient pu situer la Cour sur les détails de ce qui continue d’être considéré par une partie de l’opinion publique comme un «montage».

Est-ce à dire qu’il n’ya pas eu d’autopsie? En uillet 2011, des parents de ces femmes s’indignaient dans une interview accordée au journal pro-Soro, Nord-Sud, de ce qu’elles avaient été enterrées en catimini, le 17 avril 2011, c’est-à-dire après la chute de Gbagbo. Sans leur avis, sur ordre de hauts responsables du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), par une IVOSEP alors dirigée par Sidi Diallo, actuel patron de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Vous avez dit bizarre? Comme c’est bizarre!

Philippe Brou

 

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