Que dire ? Sinon qu’un tel acte est un chantage honteux envers les autorités ghanéennes. Une tentative désespérée de leur forcer la main, mais aussi et surtout une décision indigne et dénuée de sagesse eu égard les conséquences désastreuses pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui tente péniblement de revenir d’une guerre et de sortir d’une crise aigüe.
De mystérieux individus armés – c’est devenue une habitude – ont attaqué une position des FRCI, à Noé, près de la frontière ivoiro-ghanéenne. Il aura, juste, fallut que le nom du Ghana – depuis longtemps dans le collimateur du pouvoir d’Abidjan – soit mentionné dans cette nouvelle attaque pour que ce pays soit traité de tous les noms, accusé des sept péchés capitaux par le régime ouattariste.
« C’est inacceptable que les assaillants soient venus du Ghana et s’y soient repliés en toute impunité » ; « Les autorités ghanéennes jouent à un double jeu » ; « Cela (l’attaque ndlr) a été organisé, ordonné et exécuté depuis le territoire ghanéen et les autorités ghanéennes savent qui sont ces gens ». Des accusations puis des menaces et enfin des intimidations auxquelles les autorités ghanéennes semblent pour le moment répondre par un silence inquiétant, angoissant et agaçant, voire irritant pour leurs homologues ivoiriens.
Certains observateurs ont vu dans ce geste de monsieur Ouattara et l’apparente indifférence des autorités ghanéennes, un « bras de fer » entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. D’autres y ont même vu « une déclaration de guerre ». C’est dire que le malaise – côté ivoirien – est plus profond qu’on ne le pense.
Là où les dirigeants ivoiriens donnent dans des accusations sans preuves, les ghanéens eux, préfèrent « évaluer la situation » avant de se prononcer. Le lieutenant Sampayo, commandant FRCI de cette zone (frontière Côte d’Ivoire-Ghana) leur donne d’ailleurs raison en déclarant : « Je n’ai pas de vu les assaillants venir du Ghana».
De toute évidence, le régime d’Abidjan contient mal sa colère face à cette énième attaque surtout lorsque les soupçons se portent sur le Ghana pays abritant le plus gros « contingent » d’exilés ivoiriens dits pro-Gbagbo et par ce seul fait, jugés hostiles au régime Ouattara. De même, l’affaire Katinan, son extradition probable ou non sera, à n’en point douter, un tournant décisif dans les relations ivoiro-ghanéennes. L’acharnement d’Abidjan pour – coûte que coûte – récupérer le « colis Katinan» en est le point culminant.
Le plus triste, c’est que l’attaque des positions des FRCI près de la frontière ivoiro-ghanéenne vient en rajouter à l’image déjà écornée de la Côte d’Ivoire sous Ouattara, mais aussi rappeler à tous que les cinq maux (1. l’insécurité – 2. la réconciliation au point mort – 3. le désordre dans l’armée – 4. le désarmement – 5. l’opposition martyrisée) qui la gangrènent sont loin de s’en être éloignés.
Mais, que fait monsieur Ouattara, face à ce qui apparait comme un profond chaos en Côte d’Ivoire ? Il pique une colère noire, enferme ses opposants, traque de pauvres civils sur la base de simples soupçons, et s’inscrit ainsi dans la droite ligne que lui indique son parti le RDR : « envoyer au cimetière tous ceux qui se dressent sur son chemin », « mater toute rébellion »… Voilà la voie tout naturellement privilégiée au détriment du dialogue, de l’apaisement et des gestes forts allant dans le sens de la réconciliation.
En optant pour la terreur et la violence contre ses opposants, le chantage, les menaces et les accusations gratuites contre ses voisins immédiats (Libéria, Ghana), monsieur Ouattara étale en effet, son incapacité à trouver des voies et moyens à remettre le pays sur les rails. Lui qui s’était pourtant vanté d’être « la solution » à la crise profonde que traverse la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, sous son règne, le constat est amer : les attaques se multiplient, aussi violentes qu’imprévisibles.
N’allons pas chercher par quatre chemins les causes d’un tel malaise. Monsieur Ouattara ne fait que récolter ce qu’il a semé. La graine du « rendre le pays ingouvernable » semble porter ses fruits, riches et abondants. Monsieur Ouattara, avec une telle politique, inique et répressive, emprunte le « chemin de non-retour » de la violence et des attaques meurtrières.
Non, la violence, la barbarie, la haine, la vengeance ne s’arrêterons pas…, avec l’extradition du ministre Koné Katinan, ni avec la condamnation de Laurent Gbagbo, encore moins avec l’emprisonnement massif des membres de l’opposition, ni avec les accusations gratuites ponctuées par la fermeture des frontières. Non, rien de tout cela ne sauvera Alassane Ouattara. A moins que…
Marc Micael La Riposte