Omar Bongo, un précurseur de la franc-maçonnerie made in Africa (Vidéo)

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L’organisation s’est parfaitement diluée dans les nombreuses croyances et pratiques traditionnelles d’Omar Bongo

Organisation occulte ? Secte ? Pratiques sataniques ? Messages subliminaux ? Théorie du complot ? Amalgame douteux ? Les accusations ne manquent pas pour désigner les loges maçonniques qui pullulent un peu partout dans le monde, et l’Afrique n’y échappe pas, loin de là.

Importée par les Français à Saint-Louis au Sénégal en 1781 avec la création de la Grande Loge de France, elle a rapidement pris un tournant plus politique avec la Francafrique à travers Omar Bongo.

Son initiation aux rites maçonniques

C’est un certain Naudy, inspecteur des PTT qui aurait apporté la première « lumière » au futur président du Gabon en 1953 à Brazzaville.

Pierre Bussac, un franc-maçon très introduit à l’époque dans les hautes de l’administration coloniale française aurait confirmé formellement son entrée au Grand Orient de France (GODF) à Angoulême en 1965.

Enfin, bien qu’aucunes liaisons ne soient avérée, Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » du général de Gaulle, l’aurait repéré en 1967 et l’aurait propulsé à la tête de l’état, à la mort de Léon Mba, le premier président du Gabon.

Une fois au pouvoir, Omar Bongo va poser les jalons d’une obédience locale afin de légitimer cette promotion, qu’il ne doit finalement qu’à un stratagème politique (NDLR : avec l’aide de Jacques Foccard, le statut de vice-président est créé. Comme aux États-Unis, ce statut permet de prendre la succession du chef de l’État en cas de vacance du pouvoir. C’est ainsi qu’Omar Bongo va se lier avec le président Léon Mba mourant pour les élections de 1967), et réunir des personnes influentes sous sa coupole.

Deux loges vont voir le jour : le Grand Rite équatorial, affilié au Grand Orient de France, et sous les auspices de la GLNF. Dialogue, qui deviendra plus tard la Grande Loge du Gabon.

Le succès d’une pratique jugée occulte

« C’est le pays d’Afrique noire qui compte le plus grand nombre de maçons par habitant. Ils sont près de 500 rien qu’à Libreville », dit Joseph Badila, un frère congolais, auteur d’un des rares ouvrages sur la question. Ils détiennent les postes clés au sein de la classe politique et de l’appareil d’État. « Neuf directeurs d’administration centrale sur dix en font partie », estime un haut fonctionnaire.

Un tel succès s’explique par le fait que son ésotérisme, ses rites, sa manie du secret s’adaptent parfaitement à une terre où l’invisible, le secret et les non-dits sont prédominants.
Elle y apporte ses valeurs perçues de manière novatrice comme l’émancipation et le progrès, même si elle s’ouvre très tardivement aux autochtones. L’un d’eux, Blaise Diagne, sera le premier Africain à entrer à la Chambre des Députés en 1914.

On y retrouve de nos jours le Congolais Denis Sassou Nguesso, Ali Bongo, fidèle à la tradition établie par son père, le Tchadien Idriss Déby-Itno, l’ex-chef dirigeant du Mali Amadou Toumani Touré, le Centrafricain François Bozizé, le Guinéen Alpha Condé, l’ex-président du Sénégal Abdoullaye Wade, l’ancien président ghanéen John Kufuor et bien entendu, l’icône de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela. Seul Paul Biya aurait résisté à l’appel des loges.

« La bonne question, ce n’est plus aujourd’hui qui est franc-maçon, mais qui ne l’est pas » glisse un initié sénégalais qui requiert l’anonymat, comme la plupart des personnes interrogées sur le sujet ?
Depuis le mouvement régit la vie sociale gabonaise, la réussite professionnelle y est étroitement liée et Ali Bongo a repris le flambeau. La fraternité est devenue synonyme de contacts, de réseaux et de billet d’entrée dans l’élite nationale.

L’organisation s’est parfaitement diluée dans les nombreuses croyances et pratiques traditionnelles d’Omar Bongo. (Foi catholique, conversion à l’Islam, sociétés secrètes du Bwiti ou du Ndjobi). Toutefois, même si elle semble faire plus en plus d’adeptes au sein de l’intelligentsia, la Franc-maçonnerie a mauvaise publicité.
La Chappe de plomb et la loi du silence domine dans un pays où de nombreux meurtres relèvent de l’occulte et du fétichisme. Coïncidence ou pur hasard ?

El hadji Coly pour Cameroonvoice 

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