Obama s’enlise un peu plus dans le bourbier syrien

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L’annonce récente que les Etats-Unis allaient augmenter leur aide militaire « non-létale » aux rebelles syriens ne devrait être une surprise pour personne. Certains ont supposé que Barack Obama – ayant été démenti à maintes reprises  sur son évaluation de la stabilité du gouvernement en Syrie – allait se retirer discrètement sans faire de vagues.

 

Pas du tout. La destruction de la société syrienne s’intensifiera encore plus. Bien qu’il y ait plusieurs options non-militaires pour lesquelles  l’administration Obama pouvait opter, ils ont plutôt préféré s’orienter vers la solution la plus  sanglante possible. Des millions de Syriens ont vu leur vie détruite, et maintenant des millions d’autres peuvent s’attendre à un sort semblable.

Les médias américains ont rapporté que les centaines de millions de dollars d’aide américaine aux rebelles syriens ont été «non létales», mais le New York Times a admis récemment :

« les officiels américains [du gouvernement]ont refusé de discuter du programme secret en cours pour la formation des combattants rebelles ou des mesures pouvant faire une différence sur le champ de bataille. »

Il n’est pas exagéré de dire que Obama est en train d’aider à orchestrer la plus grande campagne de terreur sponsorisée par un état depuis le fameux génocide du Congo et les guerres de Yougoslavie. Ce fait a été complètement caché au public américain, mais ce n’en est pas moins un fait.

Par exemple, la seule force de combat efficace des rebelles syriens, le Front Al Nusra, a été qualifié d’organisation terroriste, même par les Etats-Unis. Ses fréquents attentats terroristes ont contribué à déchiqueter le tissu social syrien ; ses derniers attentats dévastateurs à la voiture piégée dans le centre de Damas ont tué 100 personnes, des innocents pour la plupart, dont des dizaines d’enfants et ont fait des centaines de blessés.

Lakhdar Brahimi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, a dénoncé la récente attaque terroriste comme un «crime de guerre». Mais cette qualification n’a pas cours dès lors qu’il s’agit des alliés des Etats-Unis. Il existe d’innombrables attaques similaires commises par les rebelles terroristes en Syrie, et Obama fait comme si elles n’existaient pas, donnant ainsi le feu vert à encore plus d’attaques.

En fait, les responsables américains ont bloqué une résolution parrainée par la Russie au Conseil de Sécurité de l’ONU condamnant les récents attentats terroristes. En agissant ainsi les Etats-Unis tendent à la fois à minimiser et à encourager les attentats terroristes aveugles.

Le Secrétaire d’État américain John Kerry  a récemment annoncé une aide aux rebelles syriens, en prenant soin de mentionner que cette aide n’ira pas à des «terroristes» – une déclaration absurde en considérant que, sur le terrain, ce sont les terroristes qui sont au pouvoir dans l’opposition. Evidemment, la plus grande part de cette aide cruciale leur sera acheminée, peu importe qui la reçoit initialement.

L’administration Obama recherchait obstinément une opposition syrienne dominée par des non-terroristes, et, après son échec, s’est remis  en quête de cette fameuse opposition. Au début, le «Conseil national syrien » joua le rôle de cette opposition « révolutionnaire » non-terroriste.

Mais plus tard, Hillary Clinton fut confrontée à la réalité et lâcha le groupe, les traitant, plus lucidement,  de «… bande d’exilés ringards qui devrait être remplacée par un groupe plus représentatif des combattants sur le terrain. »

Le même article mentionnait également que le Conseil national syrien était « trop accommodant avec les terroristes »

Obama envoya alors Clinton en tournée internationale pour découvrir et mettre sur pied une toute nouvelle opposition syrienne « légitime » et non terroriste. Au cours de son voyage, Clinton exhuma un autre groupe de riches exilés syriens triés sur le volet, n’ayant pas été dans le pays depuis des décennies, sans connexions sur le terrain et, plus important encore, ne comportant aucune présence militaire d’importance. Clinton rebaptisa le groupe Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne, et présenta son bébé aux acclamations admiratives des médias américains. Mais le dernier né de Hillary n’était à nouveau que de la poudre aux yeux. Le New York Times écrivait :

« … La coalition a eu du mal à se mettre d’accord pour mettre au point une liste de dirigeants susceptibles d’unir ce qui n’est encore qu’une organisation hétéroclite, en essayant de concilier les conseils locaux, les organisations de dissidents, les groupes d’opposition disparates, et de s’attacher la loyauté des unités armées qui combattent les forces du président Bachar al-Assad.»

Obama a maintenant l’intention d’acheter la légitimité de sa nouvelle opposition syrienne, dans le cadre du plan d’aide annoncé récemment. Le New York Times annonce sans vergogne:

« Un des objectifs des 60 millions de dollars de l’assistance est d’aider la Coalition nationale de la révolution syrienne et les forces d’opposition à asseoir leur crédibilité dans le pays … »

Les nouveaux «amis de la Syrie» d’Obama voudraient que les Etats-Unis détruisent la Syrie. Beaucoup au sein de ce regroupement bancal exigent une intervention militaire américaine directe pour renverser le gouvernement en place.

Quiconque a prêté attention aux guerres en Irak, en Afghanistan et en Libye comprend que le changement de régime à l’américaine équivaut à la destruction d’une nation. Ces trois pays qui tous fonctionnaient avec des civilisations indépendantes, sont maintenant socialement et économiquement détruits et régionalement morcelés, dirigés par n’importe quel premier venu pourvu qu’il soit le plus armé.

Alors que des millions de Syriens sont devenus, intérieurement et extérieurement, réfugiés déplacés et le pays anéanti , l’administration Obama choisit volontairement de ne pas régler la situation par la diplomatie. La Russie et la Syrie ont fait, récemment, des offres de négociations. En repoussant ces offres et préférant aider les rebelles, Obama a fait le choix des massacres de masse.

Reuters rapporte :

« La Syrie est prête pour des entretiens avec ses opposants armés, a déclaré, lundi, le ministre des Affaires étrangères Walid al-Moualem, dans l’offre la plus claire pour négocier avec les rebelles qui combattent le président Bachar al-Assad. »

L’administration Obama répond à des négociations de paix, toujours selon Reuters:

«… L’offre de dialogue [du ministre syrien des Affaires étrangères] a reçu une réponse méprisante de la part du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui entamait à Londres une tournée de neuf pays européens et arabes [pour aider à organiser les rebelles syriens encore une fois]. »

Pourquoi Obama choisit-il la guerre plutôt que la paix? Parce que pour l’instant Obama ne peut pas dicter ses conditions, la plus grande part de la Syrie est toujours contrôlée par le gouvernement syrien, qui reste dans une position de négociation beaucoup plus forte, un fait douloureusement têtu.

Obama va donc continuer à sponsoriser la tuerie à grande échelle et le nettoyage ethnico-religieux jusqu’à ce que ses rebelles triés sur le volet gagnent assez de puissance sur le terrain pour négocier une paix favorable aux intérêts américains.

Les mains de l’administration Obama baignent dans le sang des innombrables Syriens innocents, un sang qui risque fort de se répandre au  Liban et dans d’autres pays voisins car la région sera déstabilisée selon des lignes ethniques et religieuses. La « révolution populaire » en Syrie a depuis longtemps été remplacée par des terroristes étrangers mercenaires financés par l’Arabie Saoudite et le Qatar. L’administration Obama a supervisé l’ensemble du processus, tout en travaillant activement pour tenter de donner aux rebelles « une façade » respectable.

Les développements de la conduite d’Obama en Syrie finissent avec une conclusion logique: Intervention militaire directe. Le terrain est toujours en cours de préparation, en attendant que les conditions optimales soient réunies pour une action de bombardement intensif  par le couple US / OTAN dans le style libyen, et pour en finir avec le gouvernement syrien. Aux yeux d’Obama, la catastrophe qui en résultera en vaut la peine, car un régime non docile aux États-Unis aura été renversé, ouvrant ainsi la voie au plan à long terme d’écrasement de  l’Iran.

Shamus Cooke

 

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