Des ivoiriens, déplacés et réfugiés du camp de Nahibly, ont été massacrés. C’est un drame et une douleur profonde pour notre pays, la Côte d’Ivoire.
Un matin du vendredi 20 juillet à l’aube, des « cris stridents de femmes et d’enfants au milieu de bruits de rafales assourdissants », se font entendre dans ce camp qui abritait plus de 5.000 âmes, pour la plupart, des personnes qui ont tout perdu. Ce jour-là, leurs bourreaux, apparemment non satisfaits que ces pauvres refugiés aient perdu tout ce qu’ils avaient, ont décidé de leur ôter ce qui leur restait : la vie.
Ainsi va la Côte d’Ivoire, un an après l’avènement du nouveau régime. Oter la vie à son prochain est devenue une pratique courante, un fait banal. On exécute, on tue, on massacre, sans aucun état d’âme.
Mais il y a plus ahurissant et plus révoltant dans cette tragédie. C’est que de hautes autorités de cette république, trouvent le malin plaisir de justifier ces tueries en accusant les victimes de «cacher » des miliciens ou des supposés déstabilisateurs qui menaceraient le régime. « Il y avait des miliciens » fidèles à l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo qui se cachaient dans le camp et en sortaient pour commettre des exactions. On savait que tôt ou tard il y aurait un incident grave » affirme Koffi Koffi Paul (ministre chargé de la défense). Au lieu de veiller à ce que de telles dérives ne se perpétuent pas, ces autorités donnent au contraire dans des déclarations pleines d’inepties.
Dans ce pays, être soupçonné d’être milicien ou suspecté d’en cacher, suffit pour que votre vie soit assimilable à celle d’un « cafard ». D’où le mot d’ordre « d’aseptisation » lancée, il y a peu par un sbire de la ouattarandie. « L’ouest va être nettoyé et aseptisé. Je ne suis ni violent, ni dur, je dis la vérité ». (Amadou Soumahoro, SG par intérim du RDR).
Cela relève tout simplement du cynisme et de la déraison. La vie humaine est sacrée. Quelque soit l’origine ou les opinions de celui à qui on l’ôte. Lorsque le sang est versé, il ne s’agit plus d’un sang d’un pro-Gbagbo ou d’un pro-Ouattara, il s’agit du sang d’un être humain. Il s’agit simplement du sang d’un ivoirien. Chacun de nous a donc le devoir de respecter cette vie humaine, quel qu’il soit. Mais, mieux que quiconque, les tenants actuels du pouvoir ont à l’égard du peuple ivoirien, qu’ils ont tenu à gouverner à tout prix, un énorme devoir et une responsabilité bien plus importante. Qu’ils cessent donc de faire le lit des tueries perpétrées par leurs partisans, à travers des propos haineux et incitant au meurtre.
De ce énième massacre perpétré par les Frci et leurs supplétifs, les dozos (chasseurs traditionnels), aidés par une partie de la population malinké, on ne peut qu’accuser le régime actuel. Car on sait d’où vient le mot d’ordre. Et on sait aussi d’où provient les armes utilisées par ces Frci et ces dozos : du régime actuel, qui pour la conquête du pouvoir, a armé tous ces jeunes délinquants, ces repris de justice, ces prisonniers évadés, ces rebelles et ces bandits de grands chemin, aujourd’hui jetés dans la nature, écumant nos villes et villages, livrés à eux-mêmes.
Ce pouvoir persiste t-il à voir des mercenaires et des miliciens pro-Gbagbo partout ? Eh bien, qu’il utilise les moyens appropriés et des démarches conventionnelles pour mener ses investigations afin de les dénicher, au lieu de s’attaquer impunément à de malheureux civils, victimes de cette crise qui n’en finit pas. Des victimes qui ne demandaient qu’à regagner leurs villages, leurs maisons et leurs champs. Ces sinistrés qui ne demandaient qu’à mettre leurs enfants à l’école, bref, qui ne demandaient qu’à vivre en paix.
Marc Micael La Riposte