Michel Gohou alias « Cauphy Gombo » en un clic !

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Qui est Michel Gohou ?

Ce n’est ni le titre d’un ouvrage, ni de la fiction. Gohou Michel, comédien et acteur de théâtre a une histoire digne d’une épopée. La silhouette de ce petit homme a fini par intégrer le quotidien des Ivoiriens, par la magie des images.

Emissions télévisées, télégags, voyages dans les capitales africaines et européennes, interviews dans des quotidiens à grand tirage, signatures d’autographes, par-ci par-là, la vie de la nouvelle coqueluche des médias ivoiriens a viré du mirage au miracle. De grandes enjambées, parfois acrobatiques, pour passer de l’autre côté de la rive.

Si les “jeteurs de cauris” ces prophètes de l’Afrique antique avaient été consultés, Gohou se serait prénommé Patience. Une vertu dont le temps est l’ami. Un dimanche de juin 2005, nous sommes allé à la rencontre de cet amoureux des planches, dans la commune populaire d’Abobo, (Abidjan) sur le mini boulevard de « Samaké » qui mène aux locaux de l’administration de la commune. Gohou Michel ? Connaît pas, répondent invariablement des jeunes du quartier. Le personnage ne leur est pas étranger, mais son identité volante a fini par éloigner de leur mémoire le nom de l’artiste à l’état civil. Le personnage roublard d’un journal satirique qu’il a campé avec dextérité dans des télégags, a fini par lui coller à la peau .

Une enfance difficile

Devant son cybercafé, vêtu d’un képi blanc, d’une chaîne au cou avec une médaille «Afrique», il devise avec des amis. Pour, un dimanche, il n’est pas endimanché. Cauphy Gombo ne passe pas non plus inaperçu. Les regards apostrophants de quelques passants lui valent de lever la main droite pour satisfaire une idole.

«Quel âge a Gohou ? D’où est-il originaire ?» Des questions bien gênantes et embarrassantes pour ce comédien. «Un artiste n’a pas d’âge. Je suis ressortissant africain, un artiste se veut universel. Je souhaite qu’on me considère comme tel », répond le comédien. Son niveau d’étude, mystère.

Comme dans la plupart des villages ivoiriens, la vie à Djatégnoa, à 8 km de Gagnoa, n’est pas rose. Pour être le fruit de deux parents paysans, Gohou Michel a fait son chemin de croix. En 1980, alors qu’il est au premier cycle de l’enseignement une paralysie latente finit par l’immobiliser .A la recherche de soins, il se retrouve au Burkina Faso dans la région de Bobo-Dioulasso. Après deux ans de traitement, le « mari » de Clé-Clé dans le feuilleton « Ma famille », retrouve l’usage de ses membres. Entre temps, il est éjecté du système scolaire. Que faire? «Il fallait me battre. A Bobo Dioulasso , j’allais chercher de l’eau à la fontaine, à l’aide d’une charrette tirée par un âne, pour ensuite la revendre en ville. La barrique d’eau était vendue à 100fcfa .Après la vente de l’eau, je suis devenu pompiste avec un revenu mensuel de 12500fcfa », se rappelle-t-il avec peine .Fin 1982, Gohou revient au bercail, à Gagnoa, sa région natale. La situation sociale précaire des parents ne lui permettant pas de renouer avec l’école dans le privé, Cauphy Gombo décide ,selon sa propre expression, « de se défendre ».

Toujours à Gagnoa, il est vendeur dans une boutique d’un ami malien pendant sept mois. Quand ce dernier part pour l’aventure aux Etats-Unis, Gohou devient vendeur de café « Aboki » au quartier Sokoura. Ce passage est aussi éphémère que les précédents. Le petit vendeur de café déménage comme cuisinier dans un autre kiosque, à la gare routière, où il perçoit 6500fcfa par mois .A la recherche de l’idéal, Gohou abandonne la cuisine pour apprendre le métier de réparateur de postes radio et de télévision. Parallèlement, il participe à des répétitions de théâtre avec «Le fromager théâtre de Gagnoa». La passion des planches le démangeait déjà sur les bancs du primaire .Ce rêve, il le battit petit à petit.

Mais, il se rend à l’évidence qu’à Gagnoa son talent allait se noyer. Pendant les vacances scolaires de 1986, le petit Gohou est tenté par une aventure à Abidjan, la capitale économique. Pour le titre de voyage qui coûte 1.000fcfa, il désherbe les champs de café et de cacao, à raison de 500fcfa par jour. Avec un sachet contenant deux chemises et un pantalon, “un gaou” atterrit à Abidjan, précisément à Abobo chez sa grande soeur. Avec la troupe «Fétiche éburnéen», Gohou renoue avec les planches. Il soutient mordicus: «Je ne voyais pas ce métier comme un chemin sans issue». Son génie, il le met au service de «Le forum théâtre» de Oulai Fadiga, le «N’zassa Théâtre» de Fargass Assandé , de la Compagnie nationale de théâtre avec Alexis Don Zigré ,le «Gaska Théâtre», dirigé par Ouedraogo Abass et Bomou Mamadou.

Son apparition sur l’écran de la première chaîne se fait dans des télégags de 5 mn dirigés par Camara Yêrêfê dit H. Gohou progressivement, se fait connaître du grand public en 1992. Avec «les Guignols d’Abidjan», commence la gloire. En 93- 94, le producteur Daniel Cuxac lui tend la perche. Avec Sedatif Maïga, Yapo Angèle, Amelie Wabéhi et le vieux Siriki ,il forme l’ossature de départ de « Les Guignols d’Abidjan». « L’objectif de Daniel, était de faire revivre les réalités africaines aux africains de la diaspora .Notre objectif à nous, c’était le passage sur la 1ère chaîne. Malheureusement, malgré les nombreuses cassettes vidéo, le groupe n’est jamais passé sur cette chaîne. »,regrette-t-il. Ce passage avec les Guignols d’Abidjan lui ouvre le monde. De cette époque, un souvenir lui est resté, presque indélébile.

Un jour de l’an de 1999, dans la ville de Meaux, proche de Paris, le groupe a été littéralement happé par des fans, au point de créer l’émeute. Il raconte : « Je me suis retrouvé en l’air, ma casquette et ma chemise sont parties. Ce n’est que plus tard que j’ai retrouvé ces deux éléments .La cérémonie de dédicace de cassettes pour laquelle nous étions là, n’a pu se dérouler. La police a dû nous expulser de la ville».

Le succès des télégags « Cauphy Gombo » en 2001 embraye sa cote de popularité. Cauphy Gombo lui fait gagner la sympathie du public et surtout des enfants. Il reste convaincu : «Qui gagne l’amitié des enfants a gagné le monde». Pratiquement dans la même période , il joue dans le téléfilm à succès : « Ma famille » de Akissi Delta. Un long séjour à Paris lui fait perdre son rôle de départ. « A mon retour, Akissi Delta m’a signifié que mon rôle était occupé».

Les Guignols, le déclic

Entre temps, Momo Ekissi Eugène est allé au Burkina Faso pour un autre projet. C’est alors que Delta décide de me confier le rôle de «le mari de Clémentine», affirme le comédien. Simbole d’un couple qui fera marrer les Ivoiriens et même l’extérieur. Son succès retentissant le conduit à la musique avec « Les 13 commandements de Cauphy Gombo ». Il ne se considère, ni comme chanteur, ni comme musicien, mais plutôt comme un messager. Son accession fulgurante, il l’explique par l’humilité, le respect de l’autre et l’ouverture. « Quand on choisit un métier, il faut l’aimer. On ne le choisit pas parce que les autres l’ont choisi ou que certains y ont fait fortune », clame-t-il. De parents musulmans, il a longtemps pratiqué l’islam avant de marquer une pause. Cependant, il se considère toujours musulman. Aujourd’hui, sa voix fait autorité dans sa famille. Mais comment se maintenir lorsque les sillons de la gloire sont tracés pour ne pas dégringoler ?

Greatsong

 

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