« Quand je verrai Faure, je lui en parlerai » ou « La présidence m’a appelé à plusieurs reprises à ce propos ». Ces mots sont de celui que certains de ses confrères n’hésitent pas à appeler « Le vieux qui a déjà mangé sa honte depuis». Lui, c’est Djossou Messan Lucien alias Rodrigue ou Papa Messan pour ses proches.
En effet, depuis qu’Hervé Bourges et ses potes de la Francophonie ont décidé un de ces matins, de lui gratifier du prix de la Liberté de la Presse à Libreville, au Gabon de feu Bongo Ondimba, le vieux Messan Lucien est devenu une sorte de moralisateur de la presse privée togolaise. Il s’est vu ainsi décerné un diplôme de botteur de cul de la presse privée de son pays. Un donneur de leçons hors pair.
Or, ce prix ne devrait en principe lui faire tourner la tête jusqu’à ce point. Avant, il en faisait déjà un peu trop mais après son fameux prix, on dirait qu’il a été dopé.
Pour ceux qui ne le savent pas, les prix internationaux sont ni plus ni moins une affaire de relations. Lorsque les « propriétaires » de ces prix ont envie de promouvoir un des leurs dans un pays donné, ils usent de mécanismes dont ils sont seuls à maîtriser les contours pour le faire. Parfois, le lauréat et son staff se mettent à négocier des mois durant avant que le reste qui est une formalité soit connu publiquement. Oui, ça c’est l’autre face cachée de ces prix. Prix Découvertes RFI, Prix de la Liberté de Presse d’expression française, Prix Suzanne, Araignée et patati patata, c’est la même sauce aux assaisonnements différents. C’est selon la tête du client quoi !
Revenons à nos chèvres perdues. Ainsi, Messan Lucien ne rate aucune occasion pour s’ériger en donneur de leçons de la presse privée au Togo. Il a transformé son canard Combat du Peuple en une tribune d’attaques réglées et mesurées contre ses pairs. Morceaux choisis : « Nous devons mettre les bouchées doubles pour éradiquer la presse de caniveau, la presse poubelle dont le but est de propager des rumeurs déstabilisatrices». A qui s’adresse Messan Lucien en ces termes et quels sont ces organes de caniveau, poubelle dont il parle?
« La presse togolaise souffre d’un niveau de professionnalisme très bas dont profitent toutes sortes de manipulateurs en eau trouble ». L’on n’en revient pas. Où est le brevet de professionnalisme de Messan Lucien quand il s’en prend à chaque fois aux honnêtes citoyens car, ceux-ci refusent d’abdiquer face à ses chantages et harcèlements habituels?
Ce n’est pas parce que lui Messan Lucien a ressuscité son journal entre-temps porté disparu qu’il doit s’en prendre à ses confrères en des termes injurieux. Presse de caniveau, poubelle ou torchon, cette presse ne harcèle et n’arnaque pas à longueur de journée les Libanais et autres pour assurer ses parutions. C’est toujours lui Messan Lucien qui aime donner des leçons aux autres alors qu’il commet plus de gaffes que n’importe qui dans la corporation. Allez-y savoir pour quelles raisons, il lavait proprement en 2009 au détergent « So clean » le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo Jonathan Fiawoo. Et quelle main était derrière lui pour le pousser à le faire.
« Le Togo a suffisamment souffert des torrents de haine déversés par les médias ». Le shérif redresseur de la presse privée togolaise est de retour avec en sous main des livrets pleins de leçons. Il va jusqu’à dire que cette presse est descendue aussi bas et se comporte en hooligan. Une injure que doit recevoir en pleine figure les soi disant précurseurs du monde médiatique privé dont Messan Lucien himself. De leur intrusion dans la presse privée jusqu’à nos jours, quels exemples dignes de respect ces « doyens » ont –ils donné à leurs jeunes frères?
En tout cas, si le vieux Messan Lucien a la mémoire courte, nous allons le lui rafraîchir un peu. Si la haine règne en permanence au Togo, ce n’est pas la faute à la presse privée. Qu’il nous apporte une preuve suffisante à même d’attester que c’est la presse privée qui fait germer le sentiment de haine au Togo. La haine est cultivée et entretenue au Togo par le système RPT trop friand d’injustices, de l’arbitraire, du clientélisme et du favoritisme. Demain, si un leader de l’opposition accédait au pouvoir d’Etat et se versait dans les mêmes dérives rétrogrades que celles du RPT , le Lynx sera au rendez-vous pour le lui signifier. Nous n’avons rien contre Faure et son parti mais, nous voulons juste un Togo réconcilié avec lui-même et fort. Un Togo où le soleil brillera pour tout le monde.
Messan Lucien ne va quand même pas nous dire qu’il n’a jamais appris qu’au Togo, il était fréquent à une époque donnée de voir les plus méritants pour bénéficier des bourses à l’étranger être purement et simplement remplacés par les derniers « aux relations solides ». Et les nominations fantaisistes et révoltantes à certains postes clés, c’est la presse privée qui les a institués au Togo? A force de continuer les exemples, nous pourrons avoir la migraine. Tous les journalistes togolais savent que Messan Lucien est l’un des invités de la 25ème heure à la table des Gnassingbé mais, de grâce qu’il nous épargne ses leçons à dormir assis. Il est loin d’être une référence au sein de la presse privée togolaise.
Il devrait savoir que la presse togolaise est à l’image du pays. Tant que la situation n’évoluera pas sur le plan intérieur en ce qui concerne la répartition de la richesse nationale, les droits de l’Homme et autre, que Messan Lucien s’attende aussi au pire au niveau de la presse. Jusqu’à nouveau désordre, oh pardon, nouvel ordre, la presse suivra le rythme de la gestion imprimée au pays par les tenants du pouvoir. Ceci vaut pour n’importe qui accédant au pouvoir d’Etat.
Thierno Bokar Lynx.info