Ainsi, au terme de la « campagne électorale » qui vient d’être lancée à la surprise de tous, le peuple togolais est-il appelé à participer à ce qui s’annonce comme une grotesque mascarade électorale de plus, le dimanche 21 juillet 2013.
Pour sa part, le Parti des travailleurs ne participe pas et n’appelle pas à participer à cette mascarade de législatives qui s’organise dans les conditions les plus fantaisistes qu’un processus électoral ait jamais connu au Togo.
Parmi ces trop nombreuses conditions qui affectent gravement ce processus électoral, on peut citer notamment :
— l’absence d’un Code électoral définissant les cadre et règles d’organisation du processus électoral à la veille du scrutin ;
— la validation fantaisiste et partisane par la Cour constitutionnelle d’une liste des candidats légalisant de nombreuses irrégularités dont l’enregistrement de candidats ne remplissant notoirement pas les conditions d’âge requises pour compétir alors que d’autres ont été rejetés pour des motifs spécieux, ce qui rend cette institution gravement coupable de forfaiture ;
— la violation flagrante des dispositions légales régissant la campagne électorale et la convocation du corps électoral ;
— l’organisation d’un recensement électoral des plus fantaisistes destiné à couvrir la confection, par le pouvoir en place, d’un fichier électoral favorisant les fraudes massives et duquel, de l’aveu même de la CENI, de nombreux « doublons » auraient été expurgés, alors que leur enregistrement par le système informatique avait été annoncé comme étant impossible ;
— la mise en place d’une prétendue « Commission électorale nationale indépendante » totalement partisane et dérogeant aux dispositions légales existantes ;
— l’instauration et l’entretien, par le pouvoir en place, d’un climat politique délétère impropre à l’organisation d’un scrutin apaisé, au moyen de violations massives des droits de l’Homme notamment de graves répressions de manifestations pacifiques publiques ayant entraîné des morts d’hommes, de graves atteintes à la liberté de la presse, et surtout d’une misérable machination délibérément ourdie par les membres-mêmes du régime à travers l’incendie criminel des plusieurs marchés du Togo dont ceux de Lomé et de Kara. Cyniquement planifiés par le pouvoir en place aux seules fins d’en imputer mensongèrement la responsabilité au Collectif « Sauvons le Togo », ils participent d’un plan diabolique visant à décapiter ce mouvement en embastillant et même en tuant ses responsables et militants. Devenus des otages de ce régime, celui-ci fait de leur libération l’objet des plus vils marchandages dont il fait monter les enchères au gré de ses intérêts électoraux du moment ;
— l’instauration et l’entretien, par le pouvoir en place, d’un climat social délétère impropre à l’organisation d’un scrutin apaisé car marqué par la répression et l’assassinat d’innocents jeunes élèves ainsi que le refus d’accéder aux revendications pourtant reconnues comme légitimes des travailleurs, élèves et étudiants en grève à l’appel de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) et d’organisations syndicales étudiantes ;
— le refus d’accéder aux revendications multiformes visant à mettre un terme au découpage électoral inique prévalant depuis des décennies dans l’organisation des élections législatives par l’instauration d’un découpage électoral équitable mettant les togolais à égalité dans le respect du principe : « Un homme, une voix » ;
— le refus d’accéder à la revendication démocratique que, préalablement à toute élection législative, soient enfin tenues les élections municipales qui sont la base-même de tout régime démocratique mais que le régime UNIR-RPT se refuse à organiser depuis 25 ans pour garder les nombreux privilèges économiques et politiques qu’il tire du pillage des municipalités qu’il gère, de façon parasitaire et anti-démocratique, depuis de longues années en délégations spéciales ;
— la réactivation de milices inféodées au régime en place qui les a utilisées pour commettre le génocide qui a ensanglanté le processus électoral de la présidentielle de l’année 2005 ;
— etc.
Au regard de toutes ces conditions antidémocratiques, le Parti des travailleurs ne peut qu’appeler les populations togolaises à boycotter la mascarade d’élections législatives que le régime UNIR-RPT/UFC/CPP s’apprête à organiser le dimanche 21 juillet 2013.
Toutefois, le Parti des travailleurs constate que la majorité des partis se réclamant de l’opposition démocratique, qui s’est laissé entraîner à accompagner et à cautionner un processus électoral vicié dès le départ, appelle les populations à participer à cette mascarade électorale au motif qu’il faut éviter une politique de la chaise vide. Expliquant que cette dernière laisserait la voie libre à la coalition UNIR-RPT/UFC/CPP qui gouverne le Togo pour faire main basse sur toutes les institutions, l’opposition démocratique institutionnelle, sous la pression des chancelleries représentant les grandes puissances qui tirent profit du pillage colonial de notre pays, fait notamment planer le risque que ce régime pourrait modifier la Constitution togolaise dans le sens d’un régime antidémocratique et présidentiel à vie pour justifier sa position.
C’est pourquoi, malgré les légitimes indignation et révolte que suscite cette nième mascarade électorale que rejette l’écrasante majorité des citoyens togolais, nombre d’autres citoyens sont disposés à répondre favorablement à l’appel que la majorité des partis se réclamant de l’opposition démocratique a lancé à y participer.
Face à cette situation, le Parti des travailleurs lance un appel solennel à tous les citoyens togolais, tant à ceux qui ne participeront pas à cette mascarade électorale qu’à ceux qui estimeront devoir y participer, à ne pas se diviser mais à rester unis pour les luttes à venir.
A propos de l’appel à participer à cette mascarade de législatives pour ne pas laisser le terrain libre au régime UNIR-RPT/UFC/CPP, le Parti des travailleurs tient à indiquer que, depuis le soulèvement populaire du 5 octobre 1990, le peuple togolais n’a pu préserver les conquêtes démocratiques qu’il a arrachées de haute lutte que par ses seules luttes de résistance.
Dans le même temps, le régime du clan des GNASSINGBE n’a jamais cessé, quant à lui, de gouverner le Togo comme une dictature surtout depuis qu’Eyadéma a pu récupérer les pouvoirs dont il avait été dépouillé par la Conférence nationale de juillet – août 1991 en couvrant le Togo de bains de sang inaugurés par celui de l’assaut sur la Primature, le 3 décembre 1991.
Dans ces conditions, la seule mobilisation qui soit à même de « limiter les dégâts » pour le peuple togolais peut-elle uniquement se situer sur le terrain de mascarades électorales sans fin en lieu et place de la lutte conséquente qui reste à mener avec détermination et esprit de suite pour mettre fin au régime malfaisant du clan des GNASSINGBE ?
Après 23 ans de combat pour la démocratie au Togo qui ont été dévoyés par des dirigeants traîtres qui se sont portés à la direction de cette lutte dans des marchés de dupes à répétition qu’ils ont utilisés pour satisfaire leurs intérêts personnels en collaborant avec le régime RPT, il est temps pour le peuple togolais de songer à renouer avec les aspirations de liberté et les méthodes d’octobre 1990 pour avancer vers sa libération du joug de cette dictature.
Le peuple égyptien, qui vient d’accomplir sa deuxième révolution, démontre de façon vivante qu’un recul après une première révolution n’est pas irréversible pour autant qu’on soit collectivement décidé à remettre l’ouvrage de la révolution sur le métier.
C’est la voie dans laquelle le Parti des travailleurs aidera de toutes ses forces le peuple togolais à avancer.
Pour discuter de toutes ces questions, le Parti des travailleurs invite les travailleurs et jeunes togolais à la
Conférence – Débat de commémoration qu’il organise :
Dimanche 28 juillet 2013, à partir de 14H 30,
au Centre culturel DENYIGBA sur le thème :
21 ans après l’assassinat du combattant Tavio Ayawo AMORIN,
quels bilan et perspectives pour la révolution togolaise en marche depuis le 5 octobre 1990 ?
Lomé, le 4 juillet 2013,
Pour le Parti des travailleurs,
Le Secrétaire chargé de la coordination
Claude AMEGANVI