L’inéluctable Troisième Guerre mondiale

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(…) En somme, rien ne marche et rien ne rassure, ni économiquement, ni diplomatiquement, ni politiquement. Dès lors, il y a lieu de s’interroger sur le genre de destin proche ou lointain, que préfigure un tel amoncellement de décrépitudes, de dérèglements, et de disjonctions. Comment en est-on arrivé là, à un état des choses qui nous conduit à ne plus écarter la perspective certes sombre mais fondée, d’une inéluctable Troisième Guerre mondiale ?

Novembre 2012, alors que les Etats Unis d’Amérique viennent de réélire Obama Hussein Barack pour un nouveau mandat de quatre ans, Gaza ploie sous les bombes de l’armée israélienne, Tel Aviv vit les stupeurs des roquettes du Hamas, le nord Mali est plongé dans l’anarchie des groupes terroristes qui font régner la Charia et consacrent la partition du pays, l’Est de la République démocratique du Congo est en guerre malgré la présence des forces de l’Onu, l’Europe économique vacille avec des manifestations contre l’austérité partout, les régimes dictatoriaux au sud du Sahara dans l’ensemble cristallisent la mauvaise gouvernance et incitent des guerres civiles.

On se bat dans les rues de Damas, on continue de se battre à Bagdad malgré les milliards de dollars investis par Washington pour installer un régime à sa solde, et Kaboul est dorénavant à la merci des Talibans revigorés malgré la présence des forces de l’Otan totalement dépassées. Plus que jamais, c’est une situation très inquiétante que renvoie dans les loupes des stratèges, cet état du monde complètement désarticulé.

En somme, rien ne marche et rien ne rassure, ni économiquement, ni diplomatiquement, ni politiquement. Dès lors, il y a lieu de s’interroger sur le genre de destin proche ou lointain, que préfigure un tel amoncellement de décrépitudes, de dérèglements, et de disjonctions. Comment en est-on arrivé là, à un état des choses qui nous conduit à ne plus écarter la perspective certes sombre mais fondée, d’une inéluctable Troisième Guerre mondiale ?

1 – La mauvaise gestion de la sortie de la guerre froide

Les spécialistes des relations internationales étaient unanimes dans les années de la guerre froide (1947 – 1985), sur la croyance d’une dynamique de paix et développement accéléré, dès que les grandes puissances auront mis fin au climat de rivalité, de méfiance, de doute et de sabotage qui constituaient le quotidien de l’Humanité de cette époque sombre de l’histoire contemporaine. Comment pouvait-on imaginer autrement les relations entre les peuples, que faites d’accords parfaits, de conciliations totales et de règlements pacifiques des différents, dès lors que les camps auraient disparu, dès lors que les idéologies antagonistes ne tiendraient plus toutes les instances de la coopération multilatérale en otage ? Les générations futures qui découvriront les méandres de la guerre froide dans les livres d’histoire, ne produiront pas un jugement différent, tant les affres de ce que fut la démonstration de haine cordiale et de coups fourrés sans pitié entre les systèmes et entre les chapelles idéologiques, laissaient peu de place au moindre espoir.

Nous avons ainsi vécu jusqu’à la désintégration de l’Urss et la destruction du mur de Berlin, dans une espèce de prison configurée en cellules étanches où le sort des peuples étaient moins préoccupant que l’état de fonctionnement et d’opérationnalité des mécaniques militaires de toute nature. Il est évident que la course aux armes a drainé des ressources immenses qui auraient pu contribuer à résoudre de nombreux problèmes humains et permettre de lutter efficacement contre certaines pandémies. Il faut penser à la compétition acharnée dont l’espionnage par tous les moyens était la clé, et aux conséquences de l’ostracisme qui consistait à bloquer la dissémination pacifique de la technologie.

Quand sonne l’heure de la rupture, le sentiment de liberté effective et généralisée, qui se manifeste par la fluidité des relations internationales dans tous les domaines supposait que le développement du commerce et des communications, mettait en quelque sorte fin à tous les antagonismes et renforçait l’esprit d’une communauté mondiale avec des objectifs et des buts homogènes. Si c’est à cause de la rivalité des grandes puissances constituées en camps idéologiques que les guerres sévissaient, c’est par la fin de cette rivalité que les guerres allaient automatiquement prendre fin. Si c’est à cause d’une mésentente idéologique entre les camps que les pays de la périphérie subissaient des situations de désordre relatifs préjudiciables pour l’épanouissement de leurs peuples, on était en droit de s’attendre à une expansion économique certaine et à la fin du sous-développement une fois que Washington et Moscou seraient devenus des amis sincères sans arrières-pensées.

La reconversion des acteurs des relations internationales passant des situations où leur énergie était déployée tout le temps pour contrer, contrattaquer, comploter, dénigrer et tuer, à des situations nouvelles où cette énergie devait servir des causes pacifiques et universelles, ne s’est pas faite dans les conditions que l’on attendait, ou ne s’est pas faite selon le cadrage institutionnel nécessaire. Tout le dispositif qui a ainsi conduit à la légalisation et à la légitimation des crimes, des guerres, des actes les plus barbares et les plus odieux sont restés intactes. Les meurtres de Patrice Lumumba, Amilcar Cabral, Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, Edouardo Mondlane, de Salvador Allende et bien d’autres encore, tout comme la guerre du Vietnam, la guerre de Corée, les guerres d’Angola, le débarquement de la baie des cochons, l’écrasement des soulèvements de Varsovie et de Budapest, les guerres d’Amérique centrale, témoignent de cette étape noire de la formulation des termes morbides d’une coexistence pacifique souillée de haine.

Lorsque l’on essaye aujourd’hui de dresser un inventaire des institutions et des mécanismes qui pilotaient la barbarie de la guerre froide, l’on se rend compte qu’ils étaient nombreux, efficaces et formidables. Qu’est-ce qui a véritablement changé ? Il était pourtant notoire, que si le monde aspirait à une paix réelle et à une nouvelle forme de coexistence entre les nations, des efforts importants d’éradication devaient être faits des deux côtés de l’ancien rideau de fer, iron curtain selon l’expression célèbre de Churchill alors premier ministre de la Grande Bretagne et l’un des acteurs centraux de l’accord secret de Yalta. A suivre

Shanda Tomne in Le Messager

 

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