Libye. 12 000 ans effacés au white spirit

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Voilà que dans le dos de BHL et dans le pays qu’il a fait libérer, la Libye, ses compagnons jihadistes prennent modèle sur leurs grands frères d’Asie Mineure, les taliban et leur mollah Omar.

Ces esthètes qui, en mars 2001, ont détruit les immenses bouddhas sculptés dans la roche de la vallée de Bamiyan, sur les rives de la Route de la soie. Les jihadistes qui occupent le sud libyen font disparaître toute trace de l’histoire de l’humanité dans un désert qui est maintenant le leur.

C’est Aziz Alhashi, un confrère de la ville de Ghat, sorte d’Atlantide perdue dans le Fezzan au sud ouest de la Libye qui a donné l’alerte. En frappant aux portes de la chaîne France 24 notre journaliste a déclaré : « Les sites rupestres de Tadrart Acacus sont en grave danger. Équipés de détergents des hommes tentent d’effacer les peintures tandis que d’autres martèlent les gravures… » Le massif du Tadrart Acacus est une montagne sèche, usée par le temps, dont le roc est devenu sable. Pourtant, sur ses parois encore debout on trouve encore de très nombreuses peintures et gravures laissées par des artistes qui se sont succédés ici pendant 121 siècles. Les experts datent les premiers dessins à douze mille ans avant Jésus Christ et les derniers à un siècle après sa mort. Pour sa seule défense l’ensemble de ces chefs d’œuvres n’a qu’une protection, celle de l’UNESCO qui a mis Tadrart Acacus sur sa liste des sites du Patrimoine mondial  en 1985. Autrement dit une épée en caoutchouc.

Si parmi les vandales on trouve l’habituel lot de crétins capables d’écrire « allez PSG » sur les murs d’Angkor, les rois des éradicateurs sont ces religieux auxquels des prêcheurs d’Arabie Saoudite et du Qatar ont appris que tout ce qui n’est pas à la gloire d’Allah n’a pas lieu d’être. Sur cette doxa, à Bamiyan, les fous de Dieu ont fait sauter les bouddhas sculptés dans la falaise. A Tadrart on passe 12 000 ans d’histoire et 250 kilomètres carrés au white spirit. Ces techniciens de surfaces ont bien raison. Il y a cent vingt siècles, ni Allah ni ses divins concurrents en monothéisme n’étaient encore au rendez-vous. Bonne raison pour lessiver la préhistoire.

Sous l’emprise des gangs

Cette accablante réalité est aussi une métaphore montant de l’enfer qui vient nous rappeler ce qu’est devenue la Libye. Pays laissé aux mains de mafieux, de religieux dingues et d’experts du chaos. A Benghazi, où la CIA elle-même ne sait toujours pas qui a tué les diplomates américains, la ville est sous l’emprise des gangs religieux. A Derna il en va de même et dans le port pétrolier d’Al-Sedra ce sont les miliciens qui commandent et tentent de livrer du brut pour leur compte.

Et, aujourd’hui, la Libye libérée ne produit plus que le quart de ce que les puits crachaient au temps de Kadhafi. Un  premier ministre s’est mis en fuite, remplacé par un autre qui n’a tenu que quelques heures. Le pays est un navire sans gouvernail d’où surnage sur la dunette  Abdelhakim Belhaj, un islamiste adoré par le Qatar et les occidentaux, et « Gouverneur militaire » autoproclamé de Tripoli.

Ainsi, l’aiguillon démocratique BHL, les mots de Nicolas Sarkozy, copiés-collés de la Déclaration universelles des Droits de l’homme, et tous ceux qui ont emprunté  leur langue voltairienne, comme Cameron ou Obama, ont produit ce cataclysme qui laisse maintenant  le monde indifférent. Eux aussi ont passé l’éponge et la térébenthine pour effacer les traces de l’histoire qu’ils ont écrite.

Jacques Marie Bourget

 

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