Lettre ouverte aux intellectuels arabes au sujet de l’esclavage et du racisme dont sont victimes les négro-africains en Afrique du Nord [Par Ayayi Togoata APEDO-AMAH]

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La presse internationale vient de focaliser l’attention du monde entier sur un nouveau commerce en Libye: la vente d’êtres humains. Qu’ils soient noirs ou rouges ou jaunes, importe peu. Des êtres humains poussent l’ignominie au point de vendre d’autres êtres humains.

L’histoire bégaie en Afrique du Nord, cette terre naguère si friande d’esclaves noirs.

Mon intention n’est point de faire le procès de nos frères arabes. Cela ne servirait à rien sinon à alimenter un racisme stérile et contre-productif. Le passif des discriminations envers les ressortissants d’Afrique noire dans le monde arabe et surtout en Afrique du Nord est un scandale, une honte pour tous les Africains. Quels sont les chefs d’État du Sud qui ont jamais protesté publiquement auprès de leurs homologues arabes contre ces crimes, ces humiliations ? Aucun et c’est dommage. Nos dirigeants sont les complices de nos bourreaux alors même qu’ils sont censés nous défendre.

LA BANALISATION DU CRIME

Si j’en appelle aux intellectuels d’Afrique du Nord, c’est parce que je les sais capables de la hauteur nécessaire pour aborder ce sujet délicat qui risque de tourner en procès des uns et des autres avec toutes les dérives dommageables au règlement du problème.

L’histoire de l’esclavage et les préjugés ont laissé dans les mentalités des Nord-Africains une image dégradante du Noir. C’est une réalité que personne ne peut nier, sauf à être de mauvaise foi. Les travailleurs noirs, les touristes, les étudiants se plaignent des discriminations, des humiliations liés au racisme. Pire que cela, les ressortissants noirs de ces pays sont souvent logés à la même enseigne. Ce comportement se retrouve jusqu’à l’Université où certains enseignants, dans l’indifférence de leurs collègues, s’adonnent à ces bêtises.

Le phénomène est si important qu’il a l’air de faire partie du décor. C’est pourquoi j’en appelle à la conscience des intellectuels arabes qui ont pour rôle de démystifier les choses qui semblent aller de soi. Je les invite à faire leur devoir d’intellectuels, d’éclaireurs, afin que l’humanité ne soit pas abolie chez les uns et reconnue chez les autres. Cette plaie a trop duré.

L’esclavage en Libye ne doit pas nous faire oublier le cas de la Mauritanie où les militants anti-esclavagistes sont envoyés en prison au motif qu’ils nuisent à l’image du pays. Le Soudan n’échappe pas non plus à ces horreurs. Nous refusons que les Noirs soient traités comme des chiens ou encore moins que ça dans le nord de notre continent.

L’Arabe qui subit les mêmes discriminations en Europe, doit-on se réjouir de ses souffrances ? Il n’en est pas question. Partout où l’être humain souffre, notre devoir nous incite à protester. Si l’Union Africaine des dictateurs et autres dirigeants larbins de l’Occident est en train d’échouer, celle des peuples peut triompher grâce à la clairvoyance des intellectuels. Nos dirigeants au sud et au nord de l’Afrique sont des esclavagistes. Ne les laissons pas faire. Dénonçons- les, protestons, éclairons nos peuples. Quand l’explication est bonne, la compréhension est bonne. Il faut avoir le courage d’aller contre la force bêtifiante des préjugés.

MAUVAISE GOUVERNANCE ET OPPRESSION

La fuite éperdue de ces centaines de milliers d’Africains qui chaque année désertent leurs pays, est la conséquence directe de la mauvaise gouvernance et aussi de la dictature. N’importe quel Gougnafier peut être chef d’État sur notre continent. Il lui suffit de brandir des armes contre le peuple, de bourrer les urnes ou d’acheter des consciences avec l’argent des trafics inavouables.

Ces présidents incompétents et criminels sont les premiers esclavagistes. Les nombreux conflits au sein de la zone franche togolaise, entre les travailleurs et leurs employeurs étrangers, démontrent, à suffisance, la complicité du gouvernement dans cette zone franche esclavagiste.

L’esclavage qui se déroule en Libye, ne date pas d’aujourd’hui. Pourquoi ce long silence ? Les cris d’orfraie que ces dirigeants indignes sont en train de pousser aujourd’hui, après le reportage de la chaîne de télévision américaine CNN, ne doivent pas nous duper. Ils se foutent complètement du sort de leurs ressortissants. Ils se comportent comme nos ennemis. Ce sont les ennemis de nos peuples. La libération du continent passe d’abord par leur expulsion du pouvoir.

EVITER LE RACISME ANTI-ARABE COMME SOLUTION

La tentation est forte chez d’aucuns de recourir à la haine par le biais de l’amalgame en disant:« tous les Arabes sont de sales racistes et esclavagistes ». C’est évidemment faux. Je ne peux solliciter les intellectuels arabes sans solliciter leurs homologues Négro-africains. En effet, la haine est la plus mauvaise des conseillères dans ce combat pour la liberté et la dignité du Noir et de l’Arabe. Oui, l’esclavagiste aussi perd toute dignité humaine. Qu’on se souvienne des Blancs esclavagistes sur le continent américain. Tout en traitant leurs esclaves d’animaux, ils ont réussi à métisser les Amériques et les Antilles. Il fallait le faire! Ces grands chrétiens baisaient donc des animaux. Quelle déchéance ! Qui était donc plus animal que l’autre?

Il faut que les pays occidentaux qui ont foutu la merde en Libye, aident les Libyens et l’ UA à remettre de l’ordre dans ce pays dont le peuple souffre énormément.

Que cet esclavage se déroule aujourd’hui en Libye de Kadhafi, ne m’étonne guère. En effet, du vivant du dictateur, il se plaisait à chasser les émigrés noirs et arabes sur de simples sautes d’humeur. Dès qu’un chef d’État lui déplaisait, il jetait ses ressortissants dehors, par dizaines de milliers, sans crier gare. Et dans le même temps, ce monsieur xénophobe, se prétendait le champion du panafricanisme et de l’unité africaine. Le scénario des expulsions a toujours été criminel et à base de racisme et de xénophobie. La police passait dans les maisons chasser les indésirables même en règle au niveau des papiers. Ils repartaient en abandonnant tous leurs biens que volaient la police et leurs voisins libyens au prétexte que ces biens acquis durement par le travail sont la propriété du peuple libyen. Selon certaines victimes innocentes des frasques criminelles du dictateur libyen, il fallait parfois s’estimer heureux si les filles et les épouses n’étaient pas violées. Kadhafi a été le recordman absolu des expulsions d’Africains en Afrique et dans le monde. Les Le Pen de France et d’ailleurs n’ont rien à lui envier.

Je convie tous les sceptiques, aveuglés par la propagande kadhafienne, à consulter les statistiques des expulsions dans le monde et en Afrique ainsi que les archives des journaux d’État libyens du vivant de Kadhafi. Quand un chef d’État apprend à ses concitoyens que le Nègre n’a aucune valeur humaine, il est normal qu’ils en fassent une marchandise.

Ayayi Togoata APEDO-AMAH

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