En plus d’exercer un pouvoir totalitaire et sanguinaire, Dramane Ouattara a de gros problèmes avec la vérité. Où sont en effet les milliards et emplois promis ici et là pendant la campagne électorale? La main sur le cœur, n’avait-il pas juré que, si on lui donnait seulement 5 ans, il résoudrait les problèmes des Ivoiriens? Or les 5 années ne sont pas encore épuisées qu’il veut rempiler. Ses adorateurs le disent grand économiste devant l’Éternel mais il est surprenant qu’on n’ait pas encore vu les solutions qu’il propose pour la résorption de la crise économique et financière qui a déjà ruiné le Portugal, l’Espagne et la Grèce et menace de mettre la France à genoux. Les Joseph Tchundang Pouemi , Osendé Afana , Nicolas Agbohou et autres ont écrit des articles et livres sur la monnaie et l’économie africaines mais du “grand économiste”, dont on nous vante les mérites depuis plusieurs années, on n’a encore rien lu. Le “Ouattara, grand économiste” relève donc plus du mythe que de la réalité. Or, quand on ne sait rien, ou bien on se tait ou bien on cherche à apprendre auprès de ceux qui savent au lieu de fanfaronner comme un vulgaire paon. Le prétendu économiste avait assuré qu’il jouerait la carte de la transparence en ce qui concerne l’or noir mais aucune information ne nous est fournie par son gouvernement sur le nombre de barils produits par jour. Il a fallu que je lise Théophile Kouamouo pour apprendre que, “fin juin 2013, la production pétrolière était en baisse de plus de 12%, à un peu plus de 27 000 barils par jour, alors qu’elle était montée à 50 000 barils par jour sous Gbagbo – qui était, ironie de l’histoire, accusé par les actuels dirigeants de minorer les chiffres ”. Dramane Ouattara ne cesse d’affirmer que tout va bien. Il devrait plutôt soutenir que tout va bien pour les entreprises françaises et burkinabè et pour les ressortissants de la CEDEAO puisque l’un d’entre eux, le Sénégalais Abdourahamane Cissé, vient d’être nommé ministre du Budget. Le Guinéen Sydia Touré et le Béninois Pascal Irénée Koupaki avaient bénéficié des mêmes privilèges entre 1989 et 1993. Les faveurs ainsi faites à certains étrangers, alors que les fils et filles du pays sont au chômage, ne risquent-elles pas à la longue d’exaspérer les nationaux et de les monter contre les étrangers? A-t-on déjà oublié 1958? L’idée selon laquelle les Ivoiriens maltraitèrent les Dahoméens cette année-là est juste mais elle n’est juste que partiellement car il faut aussi dire que les Ivoiriens se soulevèrent parce qu’ils ne supportaient plus que les fonctionnaires dahoméens travaillant en Côte d’Ivoire fassent venir leurs compatriotes et n’embauchent que ces derniers dans l’administration ivoirienne. Ce qui arriva hier peut arriver aujourd’hui encore et, si les Ivoiriens se taisent actuellement, cela ne veut pas dire qu’ils ont accepté dans leur majorité le 11 avril 2011 ou qu’ils sont d’accord avec les injustices dont ils sont quotidiennement victimes. Sans jouer les Cassandre, je dirais que ce silence est comme le calme qui précède la tempête. Je ne sais pas quand l’orage éclatera. Je sais seulement que le temps ne sera pas toujours beau pour ceux qui sont présentement au pouvoir et que ceux qui sont en prison ou en exil n’y resteront pas indéfiniment car, comme le dit Héraclite, tout passe et rien ne demeure. L’Histoire nous enseigne que même les dictatures les plus féroces finissent par être balayées. Donc, celle de Dramane Ouattara passera.
Mais elle ne passera pas si nous nous contentons de prier ou de nous plaindre dans nos cases ou salons. Par toutes sortes d’actions (marches, projection de films, conférences, etc.), la diaspora a amené beaucoup d’Occidentaux à comprendre ce qui s’est vraiment passé entre 2000 et 2011 en Côte d’Ivoire et j’ai foi qu’elle continuera à se battre pour que prennent fin la détention arbitraire de Laurent Gbagbo et l’occupation de la Côte d’Ivoire. Les rapports des organisations de défense des droits de l’homme ont permis de découvrir la face hideuse de ce régime. Les Ivoiriens vivant et travaillant en Côte d’Ivoire doivent jouer, eux aussi, leur partition car c’est d’abord sur le terrain qu’il convient de lutter contre ce régime qui est en train de détruire notre pays. Mais certains demanderont comment lutter. Il n’est pas nécessaire de prendre les armes. On peut, en revanche, boycotter les transports publics, refuser de payer l’impôt, l’eau et l’électricité (le Nord l’a fait du temps de Gbagbo). Peut-être d’autres moyens pacifiques existent-ils. En tout état de cause, ce qui importe, c’est de braver la peur et de se mettre ensemble pour voir la meilleure façon d’agir.
Jean-Claude Djéréké
Jcdjereke@yahoo.fr