Les signaux sont aux rouges, tous les ingrédients sont réunis pour un soulèvement populaire. Le Togo connaîtra t-il sa révolution? La seule certitude est qu’elle n’aura rien avoir avec celle de la Tunisie, ou de l’Egypte pour ne citer que ces deux pays.
C’est sans doute l’une de raisons pour lesquelles les protestataires qui sont aujourd’hui les élèves et étudiants et une bonne partie de la presse parle de révolution harmattan du nom de ce vent sec et chaud qui souffle sur le pays à pareil moment de l’année.
Printemps arabe pour les uns, révolution harmattan pour le Togo peut on se demander. En tout cas la tension monte d’un cran et ne va pas baisser de sitôt. Dans l’agenda des contestataires une mobilisation ce mercredi à la colombe de la paix qui ferait bien une place TAHIR ou une place de la libération de tout un peuple pris en étau et en otage par un régime presque cinquantenaire qui refuse de s’inscrire dans la logique démocratique comme ses voisins du bénin et du Ghana.
Un régime cinquantenaire entretenu par une seule famille, les Gnassingbé, avec une trilogie énervante. Le Togo du père en fils et d’un mauvais esprit que constituent les forces armées togolaises clanique et politique qui est le soubassement du pouvoir dictatorial avec la bénédiction de la communauté internationale qui malgré la monarchie instituée soutien que le Togo fait des avancées démocratiques en saluant à tout rompre et de façon successive et systématique les mascarades électorales.
Contre la volonté populaire cette communauté internationale continue d’imposer les représentants d’une même famille pour sauvegarder ses intérêts. Mais les pronostics de ces mafieux nationaux et internationaux sont entrain d’être déjoués par une population qui n’en peut plus avec la politique de la pauvreté savamment entretue par le pouvoir depuis plus de quatre décennies.
Depuis le 08 décembre, le Togo montre enfin qu’il va mal, la contestation se généralise, les villes et villages supposées à tort fiefs d’un pouvoir illégitime et usé crient leur ras le bol, Pya village natal des Gnassingbé, Kara sanctuaire du pouvoir en place, Adjengré, Sotoboua, Assoli, Sokodé, Vogan, Afagnan et bien d’autres.
Le Togo est entrain de prendre feu malgré l’arrogance des autorités faisant croire qu’elles maîtrisent la situation ne pourront éteindre l’incendie. Malgré aussi le silence suspect et coupable de certains médias internationaux le Togo entame un nouveau tournant dans son histoire politique.
De la contestation des étudiants qui continuent de réclamer des meilleures conditions d’études, tout le secteur de l’éducation apprenants comme enseignants est secoué par une crise sans précédent. Des mouvements de rue, auxquels on a assisté ces derniers jours ne font que ressortir le malaise politique qui couvait depuis plusieurs décennies et qui vient rappeler que les togolais veulent voir d’autres dirigeants, bref le Togo a besoin d’une alternance politique. Sinon comment comprendre que lors d’une revendication estudiantine qu’on puisse lire sur des pancartes à Kara, Faure dégage, Faure démission, libérez kpatcha Gnassingbé des sujets hautement politiques? Comment comprendre que les manifestants se soient attaqués aux symboles du pouvoir, aux maisons des pontes du pouvoir, aux véhicules de la police? Comment expliquer que les manifestants toujours à Kara ont pu séquestrer un préfet qui est le représentant du pouvoir public?
Les Togo est malade de ces dirigeants qui semblent ne pas comprendre que les togolais veulent une nouvelle classe dirigeante qui a une autre vision pour le Togo.
Un autre message assez révélateur qu’on a pu lire sur les murs à Kara, «nous en avons marre de votre arrogance et de votre insolence».
Voila un pays où la majorité végète dans la misère et où une toute petite poignée de gens mène une vie princière et sultanesque avec leur progéniture qui sont pour la plupart en Europe pour leurs études, qui pour une fracture de bras, un mal de tête se soigne en Europe, pour qui le chocolat se commande en Europe. Voilà un pays où les costumes du prince se lave en Europe où le cognac du prince s’achète en Europe, où les dignitaires et leurs bandes de coquins et copains s’offrent des concerts privés etc. Et dans le même pays les pauvres togolais peinent à se nourrir, peinent à se loger, peinent à se soigner peinent et peinent toujours.
Oui, le Togo connaîtra belle et bien sa révolution puisque le pouvoir a démontré qu’il ne peut pas régler les problèmes du monde estudiantin et tous les problèmes du Togo et malheureusement tel une autruche Faure Gnassingbé plonge le nez dans le sable pour ne rien voir et ne rien entendre. Pendant ce temps le mouvement s’éparpille sur tout le territoire, la colère gronde dans les cœurs et tout porte à croire que plus rien ne sera plus comme avant.
Fabbi Kouassi