Le Parquet national financier compare Nicolas Sarkozy à un « délinquant chevronné »

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« Le Monde » publie des extraits du réquisitoire dans l’affaire des écoutes, qui se dirige vers un procès en correctionnelle.

Nicolas Sarkozy devrait difficilement échapper à un procès dans l’affaire des écoutes. Le Parquet national financier (PNF) a rendu 79 pages de réquisitoires, dont « Le Monde » a pris connaissance.

« Il existe des charges suffisantes à l’encontre de Nicolas Sarkozy et de Thierry Herzog d’avoir commis les faits de corruption et de trafic d’influence actifs pour lesquels ils ont été mis en examen », écrivent les magistrats.

Allant jusqu’à comparer les méthodes utilisées à celles « de délinquants chevronnés », ils demandent le renvoi en correctionnelle de l’ex-chef de l’Etat, alias Paul Bismuth, et de son avocat.

Affaire des écoutes : pourquoi le parquet national financier veut un procès pour Sarkozy

Les deux juges d’instruction, Patricia Simon et Claire Thépaut, pourraient signer l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel d’ici à la fin de l’année, écrivent les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Ainsi, « pour la première fois, un ancien président de la République pourrait répondre de ‘corruption’ au cours d’un procès public. »

Des téléphones achetés sous une fausse identité

Alors qu’ils enquêtaient sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, les juges ont découvert que l’ex-président et son avocat communiquaient grâce à des téléphones portables secrets, acquis sous une fausse identité. Les magistrats résument :

« Certains de bénéficier de la clandestinité qu’elle devait leur procurer, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog ont abordé ensemble les moyens d’obtenir des informations privilégiées sur une instance en cours devant la Cour de cassation, portant, dans le cadre de l’affaire dite Bettencourt instruite à Bordeaux, sur la validité de la saisie des agendas appartenant à Nicolas Sarkozy. »

« Ils ont régulièrement évoqué les moyens de tirer avantage de la présence au sein même de la Cour de cassation d’un haut magistrat qui leur était dévoué, rapidement identifié comme étant Gilbert Azibert, premier avocat général à la 2e chambre civile de la Cour. »

Gilbert Azibert espérait pour sa part l’appui de Nicolas Sarkozy pour une nomination à Monaco.

Herzog n’était pas le seul interlocuteur

Selon « Le Monde », les investigations ont montré que la ligne secrète a aussi servi à échanger avec un prénommé Vincent, de la société Bolloré Participations » (s’agit-il de Vincent Bolloré ?) ainsi qu’avec un interlocuteur au Qatar.

Le PNF souligne aussi que l’information judiciaire, qui s’est terminée « en octobre 2016 », « a été paralysée pendant 18 mois », en raison de l’exercice par Nicolas Sarkozy « de multiples recours ». Cependant :

« En dépit des dénégations des intéressés, les éléments à charge sont multiples et concordants. »

Nicolas Sarkozy et Me Herzog « ont utilisé pendant plusieurs mois des téléphones occultes pour (…) échapper à une surveillance judiciaire », écrivent-ils. Ils poursuivent :

« Les deux téléphones, achetés en janvier 2014 sous l’identité de Paul Bismuth puis utilisés selon un mode opératoire le plus souvent utilisé par des délinquants chevronnés cherchant à déjouer les surveillances judiciaires, n’étaient pas les premiers. »

Le parquet estime totalement constituées les délits de « corruption » et de « trafic d’influence », mais pas celui de « recel de violation du secret professionnel » : en effet, l’enquête n’a pas permis d’identifier qui les avait prévenus qu’ils étaient placés sur écoutes.

B.L.

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