Nous avons appris avec tristesse la disparition brutale à Paris où il était venu faire un contrôle ordinaire de sa santé de Maître Yawovi AGBOYIBO, ancien Premier Ministre du Togo, que tout le Togo connaît sous son vrai nom si ce n’est sous son pseudo de combattant « BÉLIER NOIR ».
Tous les Africains, tous les Togolais le connaissent pour son engagement pour les Droits humains. En effet, malgré la férule du Général Eyadema, n’a-t-il pas créé au Togo la première COMMISSION NATIONALE DES DROITS DE L’HOMME (CNDH) du continent africain, qu’il présida ensuite pendant de nombreuses années (1987/1991), avant de devenir Chef du Front des Associations pour le Renouveau (FAR), préfiguration de son parti le CAR, puis Premier Ministre?
Je ne l’ai réellement connu, quant à moi, qu’il y a peu, en 2006, à Ouagadougou, lors des négociations de l’Accord Politique Global (APG) où j’avais été invité par le Président Blaise COMPAORÉ qui patronnait les débats. Négociateur habile et infatigable, il était cette fois-là encore LE représentant naturel de l’opposition togolaise et il avait tenu ce rôle avec cœur, courage et rigueur. Avec Eric Fabre qui m’accompagnait au nom de SURSAUT TOGO, nous pouvons en témoigner.
Dès son arrivée à Paris il y a quelques semaines, Maître Agboyibo n’a pas manqué de m’appeler au téléphone pour me dire qu’il était là pour un check-up santé. Nous avons convenu de nous voir à la fin des visites médicales programmées pour parler de la situation de notre pays.
Ce dernier rendez-vous n’aura jamais lieu…
Comme bien d’autres avant lui, il sera parti avant d’avoir vu de ses yeux ce changement auquel il a tant rêvé, pour lequel il s’est battu sans compter et auquel il a consacré sa vie de militant.
Il disait dans son essai paru aux éditions Karthala (1999), Combat pour un Togo démocratique, avec une justesse au scalpel, parlant du pouvoir du Général EYADEMA, “…le pouvoir est un véritable fauve : il disperse les amis et détruit les alliances”. Il sera mort en constatant qu’en la matière, le fils est pire que le père. Mais il sait aussi que ses coups de cornes répétés dans le fauve ont fini par blesser puis déstabiliser ce dernier…et que comme tout fauve blessé se cache pour mourir, celui du Togo est désormais à la recherche de sa dernière tanière.
Quelle histoire! Tragique Togo!
Notre plus profonde compassion pour sa famille.
Repos éternel à toi, puissant BÉLIER NOIR.
Admiration et respect.
Pour le Mouvement SURSAUT TOGO
Le Président