Le bilan africain de Nicolas Sarkozy

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Editorial de Bernard Lugan

George Bush désintégra l’Irak et Nicolas Sarkozy la Libye, deux pays qui étaient des remparts contre l’islamisme. La Libye du colonel Kadhafi était, de plus, devenue un partenaire essentiel dans la lutte contre la déferlante migratoire venue de la mer, phénomène si bien annoncé par Jean Raspail dans son prophétique Camp des Saints.

Si George Bush n’a plus d’avenir politique, Nicolas Sarkozy ambitionne quant à lui de revenir aux Affaires. Le bilan africain de son premier mandat doit donc être fait. Il est catastrophique et tient en sept points :

1) Le plus grave par ses conséquences régionales fut la guerre incompréhensible qu’il déclara au colonel Kadhafi après qu’il l’eut pourtant reçu avec tous les honneurs. Nicolas Sarkozy devra répondre à trois questions :

– Pourquoi outrepassa-t-il le mandat international prévoyant une zone d’exclusion aérienne dans le seul secteur de Benghazi pour le transformer en une guerre totale ?

– Pourquoi refusa-t-il toutes les options de sortie de crise proposées par les chefs d’Etat africains, exigeant au contraire d’une manière obstinée la destruction pure et simple du régime libyen ?

– Pourquoi, alors que le colonel Kadhafi venait de réussir à se sortir du piège de Syrte, fit-il tronçonner son convoi par l’aviation, le livrant ainsi aux islamo-gangsters de Misrata qui le mirent ignominieusement à mort ?

2) Le plus irresponsable pour l’avenir de la France est d’avoir, par petit calcul électoral, et sans consultation préalable du peuple français, transformé Mayotte en département. Dans ce Lampedusa d’outre-mer qui vit des prestations versées par les impôts des métropolitains, la maternité de Mamoudzou met au monde chaque année 7000 jeunes compatriotes, dont 80% nés de mères immigrées originaires de toute l’Afrique orientale et jusqu’à la cuvette du Congo. Juridiquement, il n’existe plus aucun moyen de revenir au statut antérieur qui permettait de maintenir cette île de l’océan indien dans l’ensemble français sans avoir à subir les conséquences dramatiques de la départementalisation.

3) Le plus indécent fut la façon dont, en Côte d’Ivoire, il intervint directement dans la guerre civile en hissant au pouvoir son ami et celui de la Banque mondiale, le très mal élu Alassane Ouattara, prolongeant ainsi toutes les conditions des futures crises.

4) Le plus insolite fut son « discours de Dakar », dans lequel il osa déclarer que si l’Afrique n’est, selon lui, pas entrée dans l’histoire, c’est parce qu’elle ne s’est pas soumise au dogme démocratique…

5) Le plus scandaleux fut sa gestion du dossier rwandais quand, influencé par son ministre Bernard Kouchner, il ne conditionna pas le rapprochement diplomatique entre Paris et Kigali au préalable de l’abandon des accusations fabriquées par Paul Kagamé contre l’armée française.

6) Le plus symptomatique fut son alignement sur les Etats-Unis, politique illustrée par un vaste désengagement, de Djibouti à Dakar, avec pour résultat de laisser le Sahel à Washington. Il aura fallu un président socialiste pour que la France fasse son grand retour dans la région…

7) Le plus incompréhensible, conséquence du point précédent, fut son refus d’intervention au Mali. Pourquoi laissa t-il les islamistes se renforcer puis coiffer les Touareg du MNLA alors que nos intérêts nationaux, notamment en ce qui concerne l’uranium du Niger, étaient directement engagés dans la région ?

www.bernard-lugan.com 

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