En Occident, la tendance est à la lutte contre le blanchiment d’argent sale et les paradis fiscaux. Cela, pour moraliser le monde de la finance. En Côte d’Ivoire, il y a pourtant un candidat à l’élection présidentielle qui a des liens avec ces réseaux mafieux qui mettent souvent à mal, les économies de leurs pays. Ouattara se dit propriétaire d’une impressionnante fortune.
Comment l’a-t-il acquis ? Le temps vous propose un document qui vous dit tout sur la fortune de ce couple qui veut, par tous les moyens, diriger la Côte d’Ivoire. Arrivé aux affaires après avoir battu au deuxième tour de l’élection présidentielle française, la candidate socialiste Ségolène Royal en mai 2008, Nicolas Sarkozy a hérité d’un grand nombre de dossiers chauds de son prédécesseur Jacques Chirac. Au nombre de ces dossiers, figure en bonne place la crise ivoirienne qui a, ces 5 dernières années, rendu totalement exécrables les relations entre la Côte d’Ivoire et la France. Français en qui les opposants à Laurent Gbagbo voyaient en »Chirac bis » Le nouveau patron de l’exécutif.
Afin de mieux connaitre les principaux acteurs politiques ivoiriens, une enquête est ouverte sur chacun d’eux. En somme, une carte de visite complète de présidentiable ivoirien que les barbouzes français se chargent de confectionner à l’attention du »grand patron ». A l’exercice, les petites notes blanches sur Ouattara sont les plus nombreuses. Les raisons ? Nul ne le sait car le rapport des agents est muet sur la question. Mais il ressort des investigations des services secrets de l’Elysée qu’Alassane Dramane, est totalement inconnu des fichiers du fisc français et ne détient en son nom propre, aucun bien immobilier. On pourrait croire qu’il y a erreur sur la personne de M. Ouattara. Eh bien, non ! Il s’agit bel et bien du patron du Rdr et son état civil est ainsi établi dans le document top confidentiel des services de renseignements français dont nous avons obtenu copie : »Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (Côte d’Ivoire), de nationalité ivoirienne, titulaire d’une carte de séjour privilégiée valable 10 ans. Figure également sur le registre des diplomates accrédités auprès des autorités françaises, est marié avec madame Nouvian Dominique Claudine, veuve Folloroux, née le 16 décembre 1953 à Constantine (Algérie), de nationalité française.
De statut résident étranger, il fait élection de domicile à Paris, 140 avenue Victor Hugo- Paris 16e, dans un appartement propriété de son épouse. A Abidjan où il réside régulièrement, il demeure quartier Ambassade Cocody 01 BP 1206 Abidjan – Côte d’Ivoire. » On ne peut s’empêcher de se demander comment une personnalité de la trempe de Ouattara, qui a résidé de longues années en France où il disposait de comptes en banque, peut-il être »inconnu des services fiscaux français ».
Avec lui, son épouse Dominique Nouvian dont les contributions sont jugées nettement en deçà de ses avoirs tant en nature qu’en numéraire. Ayant trouvé cela suspect, les enquêteurs de l’Elysée ont suivi des pistes qui leur ont permis de mettre au grand jour les pratiques du couple Ouattara pour échapper au fisc français et s’enrichir de façon illicite. Les autres membres de la famille ne sont pas ignorés ; les activités et avoirs de chacun sont passés au peigne
fin.
Le mythe sur les comptes de Ouattara
Avec étonnement, les renseignements se sont rendus à l’évidence que l’homme politique ivoirien n’est propriétaire d’aucun compte bancaire ni d’un quelconque bien, imposable, sur le territoire français. Ils découvrent, après un travail de longue haleine, qu’en 1993, alors qu’il était le tout puissant premier ministre d’Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara a ouvert un compte spécial dans une banque parisienne. Notamment, à la City Bank Paris. Ce compte a fonctionné régulièrement jusqu’au 30 octobre 1999, date à laquelle le titulaire a décidé de sa fermeture et du transfert de tous les fonds qui y étaient logés, à la »City Bank Génève ». A cette date, ce compte classé rouge selon le jargon bancaire, géré par le fondé de pouvoirs, était créditeur à sa fermeture d’environ 9,5 milliards Fcfa. Il était alimenté par des fonds en provenance soit des Caraïbes, soit des Antilles anglaises, les paradis fiscaux attitrés. Mais aussi des dépôts au guichet. L’analyse des mouvements sur ce compte entre 1996 et 1999 montre que les fonds qui y logeaient ne restaient jamais plus de trois à quatre mois en place. Ils étaient transférés vers d’autres destinations, au gré des placements effectués par l’ancien gouverneur de la Bceao. Ce compte géré par un haut responsable de la City Bank Paris faisait l’objet d’une attention toute particulière et aucune information ne pouvait être livrée si ce n’est dans le cadre d’une enquête comme celle menée par les grandes oreilles françaises.
En réalité, la City Bank Paris, une fois le compte fermé, n’en conserve aucune archive. Tous les documents et informations y afférents sont transférés pour partie, à l’agence où le compte est nouvellement domicilié, c’est-à-dire à la City Bank Genève. C’est là qu’un service centralisé va se charger de leur traitement et leur conservation. Selon les investigateurs, Ouattara n’a fait à ce jour, aucune vente de patrimoine et n’a aucun enregistrement à son nom aux services des hypothèques de Paris, du Var et des bouches du Rhône. La plupart des biens où l’on retrouve ses
traces sont la propriété de son épouse Dominique Nouvian et son fils Loïc Folloroux, né le 16 avril 1975 à Buhl en ex-République fédérale d’Allemagne.
Dominique Nouvian Folloroux comme Ouattara
C’est en 1990 que Dominique Nouvian, officialise devant le maire de Paris, sa relation amoureuse avec le premier ministre de Côte d’Ivoire d’alors, Alassane Ouattara. Alors qu’elle résidait dans le pays depuis de longues années et avait même à charge la gestion des biens immobiliers de l’Etat ivoirien tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle n’était donc pas une inconnue à Abidjan où elle s’est établie également Cocody Ambassades avant son mariage avec Ouattara.
Dans la capitale française, »la blanche colombe » habite avec son mari une résidence au 140, avenue Victor Hugo – Paris 16e. Son compte principal, de type spécial est repéré à la Société générale Paris, 29 BD Hausmann Paris 9e, n° 30003 0 3000 000 500 85 153/20, au nom de Nouvian Folloroux épouse Ouattara. Au moment de l’investigation qui remonte à quelque six mois, ce compte qui, selon toute vraisemblance, est la propriété du couple, était créditeur de plus de sept milliards de Fcfa. Comme son époux, un compte où elle disposait de fonds énormes à la City Bank Paris, géré dans les mêmes conditions de confidentialité que celui de son époux, a été fermé. En même temps que celui-ci de Ouattara. Les fonds suivent le même trajet pour se retrouver dans la succursale de la City Bank de Genève. Pour échapper aux fiscs français. A sa fermeture, il contenait un peu plus de 4,2 milliards de francs Fcfa. Ainsi Dominique Ouattara, qui partage le rêve de son époux d’élire domicile un jour à la résidence présidentielle de Cocody, peut contribuer à forcer le destin à coups de billets de banque. Tout en échappant à la dextérité des services de renseignements français qui ne manqueraient pas de lui demander des comptes concernant les flux financiers du compte en cas de décaissement de sommes faramineuses. La trouvaille est donc de taille et il fallait certainement être un économiste de la trempe de Ouattara pour faire tout ce montage. En outre, Mme Nouvian Folloroux Ouattara est propriétaire en nom propre de deux appartements de 126 m2 l’un et 142 m2 l’autre au 140, avenue Victor Hugo. C’est l’un de ces appartements qu’elle occupe avec son époux quand la seconde est habitée par son fils Loic Folloroux. Ces biens immobiliers sont évalués à neuf cents millions de Fcfa , soit 48 millions pour le premier et 52 millions pour le second.
Sous le nom de Dominique Nouvian, son nom de jeune fille, Mme Ouattara est également titulaire d’une propriété dans le Sud de la France, à Mougins (06) sur le front de mer au 598 chemin Pablo Picasso, référence cadastrale CD 26. Bâtie sur une superficie de 6.495 m2 avec piscine. Cette résidence qui est une propriété privée de Mme Ouattara est estimée à plus de 12 millions FF, soit 1,2 milliard de Fcfa; la taxe foncière à 28.306 FF (2 millions 830 mille 600 Fcfa) et la taxe d’habitation à 44.295FF ( 4 millions 429 mille 500 Fcfa). C’est dans cette maison que réside le couple Ouattara et l’on ne peut savoir à ce jour si elle a été cédée ou non à l’ancien premier ministre. La vérité, c’est qu’il n’y a aucun document attestant qu’il en est le propriétaire. Toujours au titre des biens immobiliers, les renseignements français signalent une maison à Sanary sur mer, propriété des parents de Dominique Nouvian, qui revient à la famille Ouattara, d’une valeur estimée entre 2,5 et 3 millions, soit 250 à 300 millions de Cfa.
Les affaires du couple
La seule entreprise de Madame Ouattara officiellement connue est l’Agence internationale de commercialisation immobilière (Aici.Sa) dont elle est le Pdg. Avec pour objet, selon ses statuts, la création et l’exploitation de tous les fonds de commerce d’agences immobilières, de négociation mobilière, immobilière et commerciale. Avec un capital de 5 millions FF, son siège est situé 124, avenue Victor Hugo Paris 16e. L’entreprise possède un compte bancaire à la Société générale également à l’avenue Victor Hugo. Et en plus de ce compte, gros de plusieurs millions, et dont les opérations au moins à chiffres témoignent de la bonne santé de l’entreprise, Aici.Sa, qui a de nombreuses succursales à travers le monde, garde ses avoirs dans un compte secondaire logé à la banque Gallière, 38 rue Laffite, à Paris 9e. Cet autre compte est également créditeur de plusieurs millions. Le chiffre d’affaires de la société entre 1995 et 1998 montre bien qu’elle brasse des millions qui bénéficiait largement au trésor public français à travers les impôts sur le revenu et autres taxes à laquelle elle était soumise. On note 3913 millions de FF (391,3 milliards de Fcfa) en 1995, 527,2 milliards de Fcfa en 1996, 539,1 milliards de Fcfa en 1997 et 692,0 milliards de Fcfa en 1998. Depuis 1999, date de l’ouverture de comptes bancaires à la City Bank Genève, les fonds générés à l’extérieur par Aici ne profitent plus à la France. Désormais, ils dorment dans les paradis fiscaux. Les actions de l’entreprise sont reparties entre trois entités qui ramènent unilatéralement à la famille Nouvian Folloroux Ouattara.
La famille Folloroux se taille la part du lion avec plus de 50% des parts. Alassane Ouattara, selon les chiffres, ne détiendrait que 22% des parts de l’entreprise quand d’autres Loïc Folloroux a à son actif plus de 25%. Tout naturellement, on retrouve comme administrateurs de Aici.Sa, outre Dominique Ouattara, le Pdg, Mme Nouvian Véronique épouse Cornuel qui s’est remariée le 8 août 1992 avec M. Padovany Marcel Hubert, après avoir divorcé de son premier époux. Sur la liste, figurent également les noms de Folloroux Loïc et d’Alassane Ouattara. En somme, une affaire familiale qui emploie une quinzaine de personnes mais brasse des fonds énormes. Surtout en vendant et rachetant par des circuits détournés des biens immobiliers de l’Etat ivoirien principalement dans la période où le chef de famille était aux affaires à Abidjan. A travers notamment l’opération de privatisation qui devrait servir à renflouer les caisses de l’Etat, des biens immobiliers de l’Etat se retrouveront en grand nombre dans l’escarcelle de M. et Mme
Ouattara par le biais de prête-noms et autres sociétés écrans.
Il faut noter également que Aici.Sa de Madame Ouattara est propriétaire à 100% de la Sarl Malesherbes Gestion, au capital de 1 million FF, soit 100 millions Fcfa, et dont le siège est situé à 3 rue Mérimée Paris 16e. Cette société spécialisée dans la gestion d’immeubles résidentiels emploie une vingtaine de personnes avec des chiffres d’affaires largement supérieurs à ceux de Aici.Sa sur la même période de 1995 à 1998. Respectivement, on a 652,8 milliards Fcfa en 1995 ; 726,3 en 1996 ; 709,5 en 1997 et 812,6 milliards Fcfa en 1998. Madame Ouattara dont les biens se confondent ainsi à plusieurs niveaux avec ceux de son époux est aussi propriétaire de Radio Nostalgie Afrique dont le siège est basé 22, rue Boileau Paris 16e, avec un capital de 2.500.000 FF, soit 250 millions Fcfa. De cette entreprise dont Ahmed Bakayoko, actuel ministre des Nouvelles technologies de la communication sous la bannière du Rdr de Dramane Ouattara, est l’un des administrateurs, découle Radio Nostalgie Côte d’Ivoire. Notons que cette radio, dans sa volonté de défendre la cause de l’homme politique, a souvent eu maille à partir avec les population abidjanaises. En outre, madame Ouattara est titulaire de franchises Jacques Dessanges, des espaces très fréquentés, aux Etats-Unis et particulièrement à New York. Ces quelques structures qui ont été repérées, exerçant dans les secteurs les plus divers et ayant un lien direct ou indirect avec les Ouattara, leur permettent de blanchir des fonds provenant de pratiques illicites.
Dans le même but, Dominique Nouvian a eu la géniale idée de créer l’association »Children of Africa » dont le siège est à New York avec des bureaux à Paris, dans les locaux de Aici.Sa et à Abidjan. Cette structure humanitaire est un maillon essentiel dans le procédé assez complexe pour faire circuler, loin de tout soupçon, l’argent sale. Fait remarquable, indique le document des renseignements généraux français, c’est Dramane Ouattara en personne qui est le représentant légal de »Children of Africa » en France. Et comme par hasard ( ?) le compte principal de l’Ong est logé à la City Bank de New York. Dans l’impossibilité de trouver des éléments de réponse à certaines questions relatives aux ramifications entre Aici.Sa, Children of Africa et l’homme politique ivoirien, la Dgse aurait décidé de poursuivre les investigations dans ce sens. Afin de mettre au grand jour les pratiques par lesquelles des fonds devant alimenter les caisses de l’Etat français lui échappent, par le bien de l’Ong.
Un Israélien comme homme lige
Renseignés sur le fonctionnement des paradis fiscaux et judiciaires, dotés de systèmes très complexes qui ont pour but d’empêcher la localisation de fonds d’origine illicites, les agents des services secrets français ont passé au peigne fin les opérations menées sur les différents comptes dont l’existence a été révélée. Mais aussi toutes les actions menées sur des comptes soupçonnés d’avoir un lien direct ou indirect avec les Ouattara. Ils ont fini par se rendre compte, souligne une source, que Ouattara s’est offert les services d’un Israélien rompu aux arcanes de la haute finance. Du nom de Midale Simon, ce proche du couple, expert comptable ou avocat de formation, largement rémunéré pour ses services, est le patron visible de l’empire financier frauduleux des Ouattara. Toujours entre deux avions, il est soit en déplacement pour exécuter les ordres de son employeur et séjourne régulièrement à Abidjan, Genève, Tel Aviv (Israël), dans les îles Caraïbes, dans les îles anglaises et aux Etats-Unis. L’Elysée et Matignon en sont persuadés, Midale Simon est le gestionnaire des avoirs de Alassane Ouattara dans les paradis fiscaux. Très discrets, les renseignements de l’Hexagone notent que l’homme a le profil de l’emploi et joue bien son rôle en tant que prête, nom. Mais pendant combien de temps encore Ouattara pourra-t-il continuer de se cacher derrière ses sociétés écrans et autres prête-noms pour continuer de ne pas payer des impôts au fisc français ?
Trois mois avant le coup d’Etat de 1999
Néanmoins, des indices existent, qui permettent d’établir un lien entre la fermeture du compte de Ouattara en France, le transfert de ses fonds dans les paradis fiscaux où la confidentialité sur les mouvements financiers est très rigide, et les événements marquants de la Côte d’Ivoire post Houphouët-Boigny. En octobre 1999, la guerre ouverte entre les héritiers Bédié et Ouattara atteint son point culminant. En effet, courant juillet 1995, l’ancien premier ministre décide de
quitter son poste de directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi). Il annonce son retour en Côte d’Ivoire où il compte disputer à Henri Konan Bédié le fauteuil présidentiel qu’il n’avait pu accaparer par la force à la mort de Houphouët-Boigny. Il s’en suit un mandat d’arrêt lancé contre lui par le pouvoir en place, pour »faux sur l’identité et usage de faux documents administratifs ».
Ouattara qui avait certainement mûri son idée avant d’annoncer son départ du Fmi ne se laissera pas pour autant intimider, lançant à maintes reprises des menaces à peine voilées à celui qui est aujourd’hui son allié dans le cadre du Rhdp. »Lorsque je déciderai de frapper ce pouvoir, il tombera », ne cessait-il de répéter. Le 24 décembre 1999, c’est chose faite. Bédié est renversé par le général Guéi et Ouattara se fait présenter comme étant le nouveau président de la République de Côte d’Ivoire dans l’avion qui le ramène de Paris où il vivait en exil. Les mois qui suivent, les Ivoiriens finiront par se rendre à l’évidence qu’il était le véritable commanditaire de »la révolution des œillets » version ivoirienne. Le choix des paradis fiscaux pour loger ses avoirs en France dès octobre 1999, soit moins de trois mois avant l’entrée en scène du général Guéi et ses jeunes gens, n’était donc pas fortuit. Les renseignements généraux français qui avaient choisi jusque-là de fermer l’œil sur les activités des Ouattara indiquent même clairement dans leur rapport que ce sont ces fonds qui ont servi à fomenter le coup d’Etat. Et au- delà, la quasi-totalité des actes attentatoires à la sûreté de l’Etat, particulièrement le coup d’Etat manqué de septembre 2002 qui a engendré la rébellion. Avec le soutien de la France alors dirigée par Chirac qui vouait une haine viscérale à Laurent Gbagbo.
Enrichissement illicite !
Une manne, nous l’avons souligné, constituée parfois dans des conditions irrégulières et gardée dans les paradis fiscaux à travers le monde. Son passage à la tête du gouvernement entre 1990 et 1993 avait été déterminant pour l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) qui profitera de la maladie du président Houphouët-Boigny pour pomper les caisses de l’Etat. Premier ministre et ministre de l’Economie et des Finances, les recettes des différentes régies financières, y compris le trésor public, convergeaient vers la Primature où le seul maitre à bord du navire Ivoire à cette époque, se servait à sa guise. Lui seul avait la maitrise du mécanisme mis en place pour la gestion de ces ressources. Une bonne partie de cet argent échappera totalement à l’Etat, transportée en Europe de façon régulière par l’ancien premier ministre. Le prétexte était tout trouvé : l’hospitalisation du chef de l’Etat agonisant dans les hôpitaux français, puis en Suisse. Les fréquentes visites à son cheveu permettront, en tout cas, à Ouattara de disposer dans des comptes ouverts dans les banques européennes des centaines de milliards. Il avait pourtant été appelé à la rescousse par le vieux pour assainir les caisses de l’Etat. Tous ces fonds ont été convoyés, nous le signifions, hors du pays et placés dans les paradis fiscaux.
Avec les investigations menées par les renseignements français au sujet des Ouattara, on peut le dire, le voile se lève progressivement sur les origines des fonds dont Ouattara se sert pour mettre sans cesse à mal la sureté de l’Etat ivoirien depuis plus d’une décennie. Il se bat bec et ongles pour s’installer au palais présidentiel du Plateau. N’hésitant pas à combattre une rébellion qu’il a lui-même élevée contre la République.
Pourquoi maintenant ?
La célérité avec laquelle une enquête a été commanditée par le président français au sujet de Ouattara et son épouse soulève des interrogations. Surtout que Nicolas Sarkozy fut le témoin de mariage de Dramane Ouattara avec qui il a beaucoup d’amis en commun. A son arrivée à l’Elysée, le président du Rdr et le Rhdp avaient jubilé, voyant en Sarko celui qui viendrait parachever l’œuvre de Chirac. Tout est parti du fait que l’opposant politique échappe aux fichiers des services des impôts de la France dont il se targue d’être un allié. C’est donc pour avoir le cœur net sur cette question, au moment où les élections approchent à grands pas en Côte d’Ivoire, que le président français instruit les services de renseignements français. Une tâche qui ne sera pas au-dessus des moyens des services secrets français qui avaient déjà mené pareille investigation sur Ouattara, du temps de la transition militaire du général Guéi Robert. Le dossier avait été déposé en son temps sur la table de Jacques Chirac qui avait préféré le mettre dans
le fond de son tiroir. Il est remis au goût du jour.
Avec de nouvelles annotations qui tiennent compte de la réalité du moment. Et dont le contenu est clair sur le clair- obscur qui entoure les relations que Ouattara entretient avec la France. Sous le prétexte des visites donc au Bélier de Yamoussoukro dont l’état de santé préoccupait la nation tout entière, Ouattara fera sortir du pays des fonds énormes. Sans avoir à rendre compte à qui que ce soit. Chaque semaine, il prenait la destination de l’Europe où il planquera son butin dans les paradis fiscaux. Des personnes qui ont participé à ces opérations de transferts de fonds et que nous avons pu rencontrer dans le cadre de nos investigations sont convaincues que ce sont des centaines de milliards qui ont été ainsi emportés entre 1993 et 1994. Le général Abdoulaye Coulibaly, (né à Adjamé, originaire de Banfora, Burkina, et non de Korhogo, contrairement à un autre Général Coulibaly de Korhogo, issu de la famille Gbon) qui était le pilote d’Houphouët-Boigny, à en croire ces témoins des faits dont certains travaillaient à Codival, est bien placé pour dire la destination de ces fonds. Décembre 1993, Houphouët- Boigny décède … mais Ouattara peut désormais jouir de la manne importante dont il dispose, logée dans les banques suisses, dans la principauté de Monaco, au Luxembourg… Avec la dévaluation, les montants emportés deviennent deux fois plus importants.
Du simple au double.
Dans sa tentative de faire main basse sur le pouvoir par tous les moyens, y compris les coups d’Etat, il n’hésitera pas à s’en servir ». « En dehors des fonds emportés des caisses de l’Etat, qui ont permis à Alassane Ouattara d’ouvrir des comptes dans les paradis fiscaux, Ouattara dispose de biens immobiliers et autres à travers le monde. Des biens acquis pour la plupart avec l’argent volé dans les caisses de l’Etat. Avec le concours de Mme Dominique Nouvian Folleroux, la patronne de l’Agence internationale de la commercialisation immobilière (Aici) qui deviendra plus tard son épouse, de nombreuses réalisations du patrimoine de l’Etat passeront aux mains de Ouattara. Contre un franc symbolique ou moyennant des sommes en deçà de la valeur des biens ainsi frauduleusement acquis ».
Exemple : leur appartement du boulevard Suchet à Paris appartenait à Houphouët. « Hors de la Côte d’Ivoire, il faut dire que le leader du Rdr a acheté à des millions de dollars en Haiti une vaste plantation de canne à sucre. Cela, sur conseil de son parrain, feu Grégoire Yacé Philippe. Aussi possède-t-il des bateaux commerciaux qu’il s’est offerts après son départ de la primature, qui lui rapportent énormément. Au Burkina Faso, il détient une cimenterie rachetée et qui n’est pas le seul bien à son actif dans ce pays. Mais c’est au pays d’El Hadj Oumar Bongo que se concentrent la plupart de ses biens. Un parc maritime et des biens de natures diverses à son nom sont dans ce pays de l’Afrique centrale où l’ex-chef de l’Etat Omar Bongo qui se présentait comme son parrain lui faisait de nombreuses faveurs. Par ailleurs, le fonctionnaire international qui a des liens solides dans le milieu de la haute finance depuis Dakar, se livre au blanchiment d’argent. Ayant une parfaite maitrise des flux financiers à travers le monde, l’ancien premier ministre se sert de structures écrans pour se livrer à des activités pour le moins répréhensibles. Ainsi, derrière les actions de haute portée humanitaire dont l’Ong Children’s of Africa, qui est une propriété de son épouse peut se vanter, circule de l’argent sale. Le circuit que suit ce réseau est tellement complexe et bien pensé qu’il serait impossible à n’importe quel spécialiste de la lutte contre le blanchiment d’argent d’épingler l’Ong. De nombreuses sociétés exerçant dans les secteurs les plus divers, donc beaucoup d’affaires et de sous, se cachent en tout cas derrière le choix des Ouattara de s’adonner à une activité humanitaire.
Outre Children’s of Africa, il y a Jacques Desange. Et une autre structure comme l’International institute for Africa (Iia) basée à Washington, avec délusion entre Ouattara et cette société. Elle a été mise sur pied depuis son passage à la Primature et a pour mission essentielle de financer de façon subtile les activités subversives du leader politique et de faire du lobbying à son profit dans certains cercles. Mais bien entendu, cette structure de droit américain tire ses revenus du recyclage de l’argent sale en provenance de pays sous embargo. A l’image du Liberia et de la Sierra Leone où la vente de diamant et d’or a été longtemps interdite par le conseil de sécurité de l’Onu. Au pays où il a vécu de longues années en tant qu’étudiant puis directeur général adjoint du Fmi, il a pu intégrer les réseaux mafieux de vente d’armes et c’est par des sociétés écran telles l’International institute for Africa (Iia) qu’il a armé sans discontinuer les auteurs des coups d’Etat à répétition qui déboucheront sur une rébellion après un énième échec en septembre 2002. » Le président du Rdr dispose de plusieurs comptes dans les paradis fiscaux et des pays comme la France et les Etats-Unis où il a des intérêts.
En Suisse et à Luxembourg particulièrement, on dénombre au total six comptes où s’effectuent des opérations de diverses natures. Selon qu’il s’agisse d’une activité lucrative ou d’une autre se rapportant à ses activités politiques ou subversives. Dans ce dernier cas, c’est l’International institute for Africa (Iia) qui est actionnée. Cette structure qui est sa propriété comme nous l’avons déjà indiqué plus haut, détient un compte à la Dexia Banque internationale à Luxembourg sise à 69 rue d’Esch, L-2953 Luxembourg. »Dexia Banque internationale à Luxembourg est une banque à vocation résolument européenne. Le compte de Alassane Dramane Ouattara dans cette banque date de juillet 1999. Et le fait qu’il porte le nom de la société de droit américain ne doit pas étonné car il s’agit d’une société écran. Le vrai propriétaire du compte est bel et bien Alassane Ouattara comme ont pu le confirmer des hauts cadres de l’établissement bancaire qui ont réquis l’anonymat pour des raisons de confidentialité.
A en juger par sa date de création, on se rend bien compte que c’est au moment où il démissionnait de son poste de directeur général adjoint du Fmi. Il annonça dans la même période son désir de rentrer en Côte d’Ivoire pour y prendre part à la vie politique. Surtout, il envisageait de se présenter à la présidentielle. Quelques mois après, soit en décembre 1999, alors qu’il venait de dire publiquement qu’il allait attenter à la sureté de l’Etat, une banale mutinerie emportera le pouvoir Bédié ».
Dossier réalisé par
Safiatou Ouattara et Alain Pierre à Paris