La fortune de Kadhafi : le nerf de la guerre entre Boni Yayi et Patrice Talon ?

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Les affaires dites de tentatives d’empoisonnement, de coup d’État, de révision de la constitution etc… ne seraient rein d’autre que la façade de l’affront entre Boni Yayi et Patrice Talon, autrefois amis et aujourd’hui ennemis intimes ? Qu’est ce qui a bien pu opposer Boni Yayi à son ami Patrice Talon qui n’a pas lésiné sur les moyens pour lui offrir, sur un plateau d’or, deux mandats présidentiels à la tête du Bénin ? Telle était la question qui avait taraudé l’esprit des béninois au lendemain de la cabale de Boni Yayi contre son allié.

Aujourd’hui, la réponse à cette question est un secret de polichinelle même si les médias, sûrement encore sous la psychose de la furie du pouvoir défunt à l’égard de la presse, refuse d’en parler vertement. Comme l’enseigne une leçon de sagesse connue de tous, seul l’argent et la femme peuvent diviser des amis intimes. Entre Yayi et Talon, ne serait-ce plutôt pas une question d’argent en l’occurrence la fortune du feu Mouammar Kadhafi ?

En effet, fragilisé dans son propre pays par un soulèvement populaire savamment orchestré par l’Occident, le guide de la révolution de libyenne, Mouammar Kadhafi aurait eu l’idée de sécuriser ses avoirs amassés pendant plus 40 ans de règne. Boni Yayi, qui était à la tête d’un pays qui jouissait d’une certaine stabilité, aurait été contacté à cet effet. Des conteneurs d’or et d’objets de très grande valeur aurait été convoyés au port autonome de Cotonou qui en son temps était dans les mains de l’homme d’affaires Patrice Talon avec la mise en œuvre du fameux Programme de Vérification des Importations (PVI) de Bénin Contrôle.

Vous auriez sans doute compris la succession des évènements : Mouammar Kadhafi est assassiné dans sa fuite vers le Bénin ; les conteneurs disparaissent du port de Cotonou comme par miracle ; Boni Yayi pique une crise de colère contre son ami Patrice Talon qui jusque-là gérait le port ; Boni Yayi, pour reprendre le contrôle du port, suspend le PVI et fait faire fouillé sans succès tous les conteneurs qui se trouvait au port ; il fallait coûte que coûte mettre la main sur Patrice Talon qui ne répondait plus aux appels de son ami président ; une première arrestation a été réussie par le commissaire Houdégnon mais il manquait d’élément solide pour son incarcération ; des affaires dites de coup d’État et d’empoisonnement auraient donc été « montées de toutes pièces » dans le seul but de mettre la main sur l’homme d’affaire qui entre temps aurait quitté nuitamment le pays. C’est alors qu’un mandat d’arrêt international a été délivré contre ce dernier.

La justice béninoise et française classent l’affaire. De l’exil, l’homme d’affaires, avec le concours de son homme de main Candide Azannaï (actuel ministre de la défense) et de certains hommes politiques, fait échec à tous les projets politiques de se maintenir au pouvoir de Boni Yayi. De retour de l’exil, il devient président de la république en battant, malgré les intrigues politiques de Boni Yayi, le candidat de l’Alliance au pouvoir, Lionel Zinsou, au second tour de l’élection présidentielle de mars 2016. Mais Boni Yayi n’entend pas baisser pour autant les bras.

Avant de quitter le pouvoir, Boni Yayi aurait fermé et empoché les clés de certaines portes diplomatiques à son successeur. Aussi, aurait-il fait disparaitre du palais de la marina certains dossiers d’État d’une grande sensibilité. Mieux, il a lancé une tournée dans le nord du pays pour critiquer la composition du premier gouvernement de son ami devenu président. Des actes qui ont pour finir porter leur fruits. Patrice Talon, qui semble-t-il a eu le dos au mur, sollicite la médiation des chefs d’État des pays voisins, qui d’une manière ou d’une autre sont impliqués ou du moins seraient bien informés de l’affaire des conteneurs disparus.

Le conclave d’Abidjan, qui a froissé plusieurs militants de l’homme de la rupture pour le nouveau départ, serait avant tout, selon certains observateurs, une rencontre d’affaire pour discuter des intérêts de chacun ou du moins pour discuter du partage de la fortune du feu Mouammar Kadhafi.

Mais pour d’autres, Patrice Talon aurait initié cette rencontre dans l’intérêt supérieur du peuple béninois. En effet, selon ces observateurs, l’affront entre les deux hommes pourrait rendre ingouvernable le pays bien que le nouveau président s’est fait entourer de compétents et de politiques avérés. Le développement tant prôné par le régime nouveau départ risque ainsi de manquer le rendez-vous à la fin du quinquennat. Comme le dit un adage populaire, gouverner, c’est faire des compromissions. Patrice Talon est donc à l’épreuve des compromissions avec Boni Yayi dans l’intérêt supérieur de la Nation béninoise. 

Ignace SOSSOU 

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