La Riposte. La Côte d’Ivoire, ce joyau tant convoité

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Au nombre des pays dont les vicissitudes auront marqué l’actualité ces 10 dernières années, la Côte d’Ivoire, notre cher pays y figure certainement en bonne place. La crise ivoirienne a dépassé les frontières de la Côte d’Ivoire. Très souvent, le sujet est au cœur des débats sur les plateaux de télé ou sur les chaines de radios internationales. Tant et si bien qu’il est aujourd’hui dépassé de vouloir expliquer les tenants et les aboutissants de cette crise par nos petites querelles ivoiro-ivoiriennes. La crise ivoirienne ne saurait, par exemple, se restreindre aux seuls personnages de Laurent Gbagbo, d’Alassane Ouattara, ou se limiter à un conflit entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara, encore moins, trouver tout son sens à travers la bataille de la course au pouvoir que se livrent les partis politiques ivoiriens tels que le Fpi, le Pdci, le Rdr…, non, il ne saurait en être ainsi.

Pour s’en rendre compte, il suffit de mesurer à quel point l’Onu, la France, les Etats-Unis, et de certains pays de la Cedeao, s’y sont impliqués. La manière si flagrante dont ces Etats et organisations se sont immiscés dans le conflit ivoirien, nous édifie sur le caractère hautement important de l’enjeu de cette crise. Ainsi donc, lorsqu’on réussi à transcender les petites simagrées politiques du « président reconnu par la communauté internationale », on en arrive à donner un sens immuable et des raisons suffisantes à la lutte que plusieurs de nos compatriotes ont déjà engagé, non seulement pour la dignité de la Côte d’Ivoire, mais aussi pour l’Afrique toute entière. La présente, titrée « La Côte d’Ivoire, ce joyau tant convoité », nous invite à cet exercice.

La Côte d’Ivoire, pays béni de Dieu ?

« Côte d’Ivoire, pays béni de Dieu », l’on a souvent entendu certains ivoiriens prononcer cette phrase, certainement pour témoigner leur reconnaissance à l’Etre suprême pour les bénédictions faites à la Côte d’Ivoire. D’autres s’en sont offusqués, arguant que parler de la sorte, c’est frustrer les autres pays, car Dieu étant bienveillant pour tous. On a donc reproché à ceux qui soutenaient cette affirmation, de vouloir faire de la Côte d’Ivoire, le nombril du monde. Pourtant, ce Dieu bon pour tous, n’a t-il pas permis qu’il y ait des pauvres et des riches en ce bas-monde ? La nature, elle-même, n’a-t-elle pas plus favorisé certains que d’autres ? De même, est-ce par pur hasard que les observateurs s’accordent à dire que la Côte d’Ivoire est « la locomotive de la sous-région », qu’elle est « la vitrine de l’Afrique de l’ouest » et même « le grenier de la sous-région » ?

La Côte d’Ivoire, c’est une superficie de 322.462 km2. Un climat et une végétation propices à toutes sortes d’activités agricoles, agro-pastorales et touristiques. Ce pays est le premier producteur mondial de fèves de cacao et figure aussi parmi les premiers producteurs et exportateurs de café. Ses ressources minières et minéralières n’ont pas encore finies d’être découvertes et exploitées. Ses infrastructures font parties des plus modernes que compte l’Afrique. Par-dessus tout, ce pays regorge de cadres compétents qui on fait leurs preuves partout en Afrique et même en occident. En définitive, les ressorts solides que possède ce pays lui ont permis de rebondir malgré les crises à répétition qui l’ont frappée. De quoi aiguiser l’appétit vorace et les convoitises des prédateurs.

Ceci étant, si l’on estime qu’il ne faut pas dire que ce pays est « béni de Dieu », il faut tout de même lui reconnaitre ses nombreux avantages qui font pâlir d’envie plus d’un. N’est-ce pas attirés par ces richesses que les ressortissants de plusieurs pays de la sous-région et même au-delà ont afflué en masse vers la Côte d’Ivoire ? Le Burkina Faso en tête, avec plus de 3 millions de ressortissants. A ce jour, le pays comptabilise l’un des taux d’étrangers les plus élevés au monde.

La crise ivoirienne et ses clichés

Après le décès de Félix Houphouët Boigny, la guerre est déclarée entre ses potentiels successeurs. Qui dirigera ce pays aux énormes ressources? En 2000, la Côte d’Ivoire connait son premier coup d’Etat. Monsieur Konan Bédié est renversé par Robert Guéï, chef de la junte militaire. Des élections sont, par la suite, organisées. Des candidats sont recalés. Sans surprise, Laurent Gbagbo en est le vainqueur. Dès son accession au pouvoir, ce dernier affiche ses ambitions: faire d’une Côte d’Ivoire aux mains des ivoiriens, un Etat qui dispose librement de ses propres richesses et qui discute d’égal à égal avec tous les autres Etats, sans distinction. Ce qui n’est pas du goût de certains qui y voient de la xénophobie et de l’exclusion. Et comme c’est souvent le cas en Afrique, les mécontents s’en allèrent préparer un coup. 2002, le coup d’Etat manqué se mue en rébellion au nord, partitionnant de fait la Côte d’Ivoire en deux : le nord et le sud. Les médias occidentaux, à force d’abattage médiatique, finissent par créer la thèse selon laquelle, il s’agirait d’une crise entre le nord musulman d’Alassane Ouattara et le sud chrétien de Laurent Gbagbo. Une crise dans laquelle Laurent Gbagbo, l’ultra-nationaliste, mènerait contre les étrangers une politique de xénophobie et contre les ressortissants du nord musulman, une politique d’exclusion. Une campagne médiatique pendant laquelle, il sera dit de lui et de son entourage, qu’ils seraient trempés dans l’enrichissement illicite, le détournement de deniers publics et qu’ils manipuleraient la jeunesse en instrumentalisant les organisations telles que la Fesci (syndicat d’étudiants), le Cojep (mouvement dirigé par Blé Goudé) et les « Jeunes Patriotes ». Les opposants politiques de Laurent Gbagbo s’en font l’écho, préparant à leur niveau, l’opinion publique nationale.

En 2010 et 2011, la crise se corse avec l’organisation de l’élection présidentielle. Cette fois, on ne s’arrêtera pas qu’aux abattages médiatiques. Laurent Gbagbo est débarqué du pouvoir à coups de bombes franco-onusiennes. Raisons évoquées :

–      il aurait refusé de quitter le pouvoir au profit d’Alassane Ouattara, après avoir perdu l’élection présidentielle de 2010.

 –      Il serait un affreux dictateur qui massacre son peule à l’arme lourde

Voilà ce que l’on nous dit, la main sur le cœur, au sujet de la crise ivoirienne.

La Côte d’Ivoire, objet de convoitises

En d’autres termes, la France, ses alliés occidentaux et certains pays de la sous-région (Burkina Faso, Sénégal, Nigéria…) seraient-ils intervenus en Côte d’Ivoire, de façon désintéressée, au nom de la démocratie, des relations fraternelles et historiques, de la solidarité légendaire des africains ? Ces Etats auraient-ils ainsi investis de leur temps, de leur énergie, de leurs moyens diplomatiques et militaires et même de leurs moyens financiers, dans la crise en Côte d’Ivoire, sans rien en attendre en retour ? Dans l’affirmative, ce monde dans lequel nous vivons en ce 21ème siècle, serait devenu un véritable paradis où le loup et l’agneau marchent main dans la main, épris d’amour l’un pour l’autre. Formidable !

Trêve de plaisanterie, nous en appelons à la conscience de tous. Peut-on en toute honnêteté gober la thèse du désintéressement ?

Félix Houphouët Boigny, le père-fondateur de cette république, lors d’un discours, décrivait la Côte d’Ivoire comme « un oasis dans un désert de misère ». Avait-il raison ? Dans tous les cas, le monde actuel offre un paysage dans lequel les plus nantis luttent pour conserver leur suprématie, bien évidemment, au détriment des moins nantis. Chaque peuple lutte alors pour sa survie et pour son hégémonie. Dans cette guerre sans merci, où il n’y a aucune place pour les états d’âme, Intérêt et profit sont les seuls maîtres mots qui rythment les relations entre Etats. Rien de plus.

Alors, nous posons à nouveau la question essentielle, mais autrement : Quels intérêts avaient la France, ses alliés et les pays de la sous-région en s’immisçant directement dans le conflit ivoirien ? Que celui qui peut répondre par « aucun », jette la première pierre à Laurent Gbagbo.

Car ce n’est ni le Burkina, le Sénégal, le Nigéria, plus préoccupés par leur soif d’exercer le leadership sur la région en contrôlant la « vache à lait » qu’est la Côte d’Ivoire, qui seront cités en exemple. Encore moins la France, pays colonisateur, qui jouit depuis plusieurs décennies de l’arrimage du franc CFA au franc français, dans la zone CEDEAO dont la Côte d’Ivoire détient le plus grand capital. Non la France ne saurait se targuer d’être blanche comme neige. Non, ce n’est donc pas la France et ses alliés dont les intérêts économiques et géopolitiques ne sont plus à démontrer. Tous ces Etats qui hier ont joué les pompiers en Côte d’Ivoire, n’en n’ont en effet que pour leurs intérêts. Les petites querelles ivoiro-ivoiriennes ne leur servant que de « cache-sexe ».

Aujourd’hui encore, ces mêmes personnes ont intérêt à ce que la Côte d’Ivoire reste telle qu’elle est, c’est à dire aux mains de monsieur Dramane Ouattara, dépeint comme un ultra-libéral et un pur produit des institutions financières, au nombre desquelles le duo-infernal Fmi-Banque mondiale, ces instruments d’appauvrissements et d’assujetissement des Etats africains.

Par ailleurs, d’autres ont intérêt à ce que monsieur Ouattara soit à la place qu’il occupe, car les ressortissants de la sous-région que ce dernier a armé, écument actuellement l’ouest ivoirien, sous les yeux de celui-ci. Leur objectif étant de massacrer et exproprier, en complicité avec les Frci de Ouattara, les autochtones wê de leurs terres. Les occidentaux non plus, ont intérêt à ce que monsieur Ouattara, malléable à souhait, reste à la tête de ce pays.

En tout état de cause, la Côte d’Ivoire est une victime. Victime des « bénédictions » que lui a faites dame Nature. Faisant du coup d’elle, l’objet de toutes les convoitises. Infortune pour Laurent Gbagbo qui a osé contrarier toutes ces convoitises, il venait ainsi, comme il l’a lui-même reconnu, de: « signer son arrêt de mort ».

Mon Dieu, qui sortira ce pays que tu as béni des griffes de ces satanés prédateurs ?

Marc Micael

 Zemami1er@yahoo.fr

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