En étudiant l’hypothèse d’un possible conflit militaire entre l’Alliance Nord-atlantique et Moscou, les membres du comité de la Défense britannique sont arrivés à la conclusion que les forces de l’OTAN seront incapables de défendre leurs alliés.
En étudiant l’hypothèse d’un possible conflit militaire entre l’Alliance Nord-atlantique et Moscou, les membres du comité de la Défense britannique sont arrivés à la conclusion que les forces de l’OTAN seront incapables de défendre leurs alliés. Et justifient par ce fait le renforcement de la présence de leur présence dans les Etats baltes.
Le conflit en Ukraine, aurait-il réveillé le fantôme de la Guerre Froide ? La Commission de la Défense de la Chambre des Communes britannique est arrivée jeudi dernier à la conclusion que l’OTAN « n’est pas prête pour contrer la menace » venant de Russie et devrait déployer son équipement militaire dans les Etats baltes.
« L’OTAN possède des lacunes importantes dans ses structures de commandement, dans sa capacité à prévoir et réagir de manière adéquate à une attaque potentielle et ses forces armées manquent de préparation », souligne le communiqué paru sur le site du Comité à l’issue de la réunion de jeudi.
Le communiqué du Comité de la Défense du Royaume-Uni explique ce manque de préparation par le fait qu’au cours de ces dernières années les forces de l’alliance combattaient contre les rebelles (notamment en Afghanistan), et non pas avec une armée régulière.
Cependant les membres du comité ont reconnu que le risque d’une attaque directe venant de la part de Russie contre l’OTAN n’est pas élevé. « Mais le risque d’une attaque non conventionnelle, en employant la tactique de « guerre ambiguë » en Ukraine ou ailleurs, pourrait être encore plus difficile à contrer », mettent-ils toutefois en garde.
Dix anciens signataires du pacte de Varsovie ont rejoint l’OTAN depuis la fin de la Guerre Froide, dont trois – l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, possèdent une frontière commune avec la Russie. Leur sécurité est garantie en vertu de l’article 5 du Traité de l’OTAN. Selon cet article, une attaque armée contre un ou plusieurs membres de l’alliance sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et chaque membre assistera la partie attaquée pour rétablir est assurer la sécurité dans la région. L’article 5 n’est pas contraignant en ce qui concerne le type d’assistance que peuvent apporter les Etats-membres de l’OTAN. Elle peut notamment consister en l’envoi de soldats, l’utilisation de bases aériennes, voire même en l’aide financière au membre qui encourt un danger potentiel.
Renforcer la présence militaire dans les Etats baltes
Face à ces menaces hypothétiques, l’OTAN devrait pré-positionner son équipement militaire dans les Etats baltes, estiment les experts militaires britanniques. Et « assurer une présence continue des troupes de l’OTAN dans la région en menant des exercices militaires régulières ». Le Comité de la Défense conseille notamment établir « des bureaux d’administration de l’alliance pour ce concentrer sur la région de la Baltique et de l’Europe de l’Est ».
Il faut rappeler que ces demandes ont déjà été formulées par la Pologne, où sont déployés les systèmes de missiles sol-air Patriot. Compte tenu de la certitude des pays occidentaux que la Russie est en train d’armer les membres de la milice populaire dans le Sud-Est de l’Ukraine, les ex-signataires du pacte de Varsovie ont davantage d’arguments pour demander à l’OTAN des garanties de leur sécurité. C’est pourquoi il est fort probable que ces projets soient discutés lors du sommet de l’OTAN qui aura lieu en septembre dans le pays de Galles.
Des échos de la Guerre froide ?
Les experts militaires russes sont persuadés que de telles affirmations témoignent de la volonté d’effectuer une démonstration politique avant le sommet de l’OTAN en septembre. Selon le directeur du Centre des stratégies et des technologies Rouslan Poukhov, le rapport des médias britanniques est « conjoncturel ». « Les Britanniques eux-mêmes ne croient pas que cela puisse arriver », a-t-il indiqué récemment dans un entretien aux médias russes.
La question d’une hypothétique confrontation directe entre l’OTAN et la Russie est évoquée depuis déjà plusieurs mois par les médias occidentaux. Mais c’est George Friedman, rédacteur en chef de l’agence de veille géostratégique Statfor, qui a donné en mars dernier le point de vue le plus pondéré.
« Si les Etats-Unis décident d’entrer en confrontation militaire directe avec la Russie, ils auront besoin d’un périmètre stable avec un front le plus large possible pour étendre les forces russes et diminuer la probabilité des attaques russes sur un point sous la menace d’une contre-attaque sur un autre point », écrit-il dans son article. « L’OTAN serait le mécanisme idéal pour réaliser une telle stratégie. Mais le problème, c’est que l’OTAN n’est plus une alliance fonctionnelle. Elle a été conçue pour lutter pendant la Guerre froide sur une ligne de front bien plus à l’Ouest de la ligne actuelle. Et l’opinion que l’URSS présente une menace pour l’Europe de l’Ouest était unanime ».
Aujourd’hui deux positions opposées sur la doctrine militaire russe sont prépondérantes en Europe. Selon la première, la Russie défend ses intérêts légitimes dans l’espace post-soviétique, ne présentant pas de menace aux pays de l’OTAN. Et la deuxième, soutenue notamment pas les pays baltes, évoque une « menace russe » qui s’est renforcée après l’adhésion de la Crimée à la Russie.
En s’exprimant sur la situation en Ukraine en mai dernier, le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a constaté que « la crise en Ukraine a changé le paysage de la sécurité en Europe ». Les discussions sur le rapprochement des forces de l’OTAN vers les frontières de la Russie ne sont donc pas anodines.
Le Royaume-Uni place la Russie en haut de la liste des menaces
En accordant un entretien au site militaire IHS Jane’s le 4 août dernier, le président du Comité de défense britannique Rory Stewart a annoncé que les menaces venant de Russie pourraient désormais être considérées comme des menaces de premier rang. « Auparavant, la Russie occupait la troisième et la dernière place dans cette liste », a-t-il indiqué.
En insistant sur la réorientation des priorités militaires et la nécessité d’investissement, Stewart a constaté qu’à la différence de la Russie, la Grande-Bretagne a beacoup perdu en termes de capacité militaire et des moyens de défense. C’est notamment visible au niveau du commandement, de l’équipement militaire et des services de renseignement, avec seulement deux officiers britanniques qui se spécialisent sur la Russie.
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