J’ai tout vu ce jour là: les éclairs dans le ciel,
Armés par les tyrans d’explosifs et de foudre;
Les éclats de l’espoir frappé à l’arme lourde;
L’espérance affolée appelant l’Éternel.
Le fils était roué de coups sur tout le corps;
Les cheveux arrachés, la reine était en peine
Pendant que les vainqueurs exhibaient sur les chaines
Les trophées du forfait pour leurs parrains du nord.
Et ce grand clerc réduit au petit caleçon
Qui baignait dans son sang mais a su rester digne
Sous les crocs acérés; et ces photos indignes
Qui circulent encore en images et sons.
Et cet autre grand clerc fauché à bout portant,
Le visage en lambeaux, rendu méconnaissable,
Pendant qu’il se rendait sans arme et sans portable,
Mandaté par le chef qu’il avait aimé tant.
Rien n’a vraiment manqué au scénario du film:
Les coups, le sang, la mort, le viol de l’innocence,
Les rires des méchants profitant du silence
Des bons samaritains indifférents au crime.
Rien n’a vraiment manqué au curieux feuilleton:
Retournements de veste appelés allégeance,
Confessions bidon et renversements d’alliance…
Jubilation et gloire aux tous nouveaux patrons.
Puis-je continuer sans provoquer les larmes
De ceux qui l’ont vécu? Beaucoup sont en exil;
De ceux qui l’ont subi, beaucoup sont sur le gril
De l’armée des vainqueurs, les juges sous leur charme.
Puis-je invoquer ce temps, sans soulever le cœur
Du plus grand prisonnier déporté dans l’abîme
D’un monde cynique, contre de sales primes;
Qui pourrait l’oublier ce grand homme d’honneur?
Car nos cœurs continuent de battre à l’unisson;
Un jour il reviendra pardonner aux satrapes.
Regardez ses bourreaux! Leur passé les rattrape,
Même s’ils ont quitté la case-rébellion.
On voit sur eux le nord se fermer tout d’un coup!
Ils n’y trouveront plus une nouvelle base
Pour chasser l’espérance au fin fond de la nasse;
La peur change de camp et les prend par le cou.
L’homme s’est écrié: « on ira jusqu’au bout »?
Je revois le passé: l’espérance était lasse;
Le sang coulait à flot, l’avenir dans l’impasse;
Mais il s’est relevé, il est encor debout.
Bientôt sera fendue, en deux, la mer profonde;
Le peuple passera l’océan à pied sec
Devant les bataillons qui vont sombrer avec
Les chars de Pharaon dans l’écume des ondes.
Alors le dernier mot sera enfin à Dieu;
L’Ange va proclamer la fin des servitudes;
Le peuple aura ainsi reçu la certitude
Qu’il a raison de croire au Miséricordieux.
Par Joseph Kokou Koffigoh
Poème inedit, Cotonou 19 Aoùt 2017
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