Mais le Togo peut se targuer d’avoir une anti- Jefferson au gouvernement une personnalité qui souhaiterait plutôt un gouvernement sans presse. Le 17 septembre 2013 à 20 heures madame Kouméalo Anaté a été nommée ministre de la communication, mais déjà le matin à 11H 20 elle a voué la presse aux gémonies. « Si j’étais le président de la HAAC 80% des organes de presse disparaîtraient ». Ces propos qui alimente des commentaires sur la toile suscitent la curiosité de certains internautes qui à juste titre voudraient connaitre le contexte dans le quel ces propos ont été lâchés. Comment une brillante dame nouvellement maitre de conférence à l’université a-t-elle pu parler ainsi ?
Le gag s’est produit lors de l’Atelier d’échanges sur la liberté de la presse organisée par le HCDH à l’Agora Senghor à Lomé. Lors de sa communication intitulée « Liberté d’expression et liberté de la presse » Madame Anaté Germaine Kouméalo Professeur à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de l’Audio-visuel (ISICA Université de Lomé), Directrice de Cabinet au Ministère de l’Enseignement Supérieur a relevé les manquements de la presse togolaise. Mais sans doute poussée par la joie de figurer sur la liste du futur gouvernement et voulant donc faire plaisir à celui qui l’a pressentie, elle a déclaré que la liberté de la presse se porte mieux au Togo en invoquant un certain index de Reporters Sans Frontières (RSF) qui placerait le Togo devant le Sénégal. Les journalistes présents dans la salle étaient visiblement agacés d’entendre ces propos d’autant plus que depuis 2011 les atteintes à la liberté de la presse et même les agressions contre les journalistes se sont accentuées comparativement aux années précédentes. Madame aurait pu s’arrêter là mais elle a voulu donner du poids à ses propos en invoquant le classement de RSF.
Flagrant délit de contre-vérité
Au cours des débats, le secrétaire Général du Syndicat des Journalistes Indépendants du Togo (SYNJIT) le très vigilant journaliste Maxime Domegni est intervenu pour relever la contre-vérité de la futur ministre. Le doigt sur son ordinateur devant l’assistance, le journaliste s’est vu obligé de rappeler à madame Anaté Germaine que selon les classements annuels de RSF, le Togo ne se porte pas mieux en matière de la liberté de presse. En 2007 le Togo était au 49è rang mais aujourd’hui il se positionne à la 83 ème place derrière tous ses voisins immédiats (Bénin Burkina Ghana) et le Sénégal. Pour une enseignante de surcroit maitre de Conférence des Université le mensonge était gros. Tout le monde attendait donc la réaction de madame Anaté pour savoir qui du petit journaliste et du professeur d’université dit vrai.
Ainsi prise en flagrant délit de « diffusion de fausse information » Madame aurait pu trouver la formule diplomatique pour sortir de cette situation embarrassante dans laquelle elle s’est engluée. Mais elle à plutôt pété les plombs et s’est lancée dans des injures. « Il faut être malhonnête et aveugle pour ne pas reconnaitre que la liberté de la presse a connu une amélioration au Togo » a-t-elle déclaré avant de corser l’adition « Si j’étais le président de la HAAC 80% des organes de presse disparaîtraient ». Il a fallu la dextérité du modérateur, pour calmer les journalistes dans la salle. Aucune disposition légale ne donne la possibilité à la HAAC de faire disparaitre des journaux sur un coup de tête.
En réalité Madame Anaté avait des idées préconçues sur la presse qu’elle connait très mal et un profond mépris pour les acteurs des médias privés. De ce fait, elle pensait avoir devant elle une bande de zouaves et d’ignares qu’elle peut tourner en bourriques sans qu’ils s’en aperçoivent. Sans le savoir madame Anaté a lancé un caillou dans le jardin de Faure Gnassingbé car on peut parier à mille contre un que les 80% d’organes de presse qu’elle veut voir disparaître sont constitués de journaux qui bénéficient des faveurs de celui qui l’a nommée ministre.
Malika Igomzikpé Lynx.info