Alors comment ne pas être désappointé devant une telle situation? La question qui m’est immédiatement venue à l’esprit est: «…à qui peut bien profiter ce crime?» J’ai tourné mille fois la question dans la tête; je n’ai pas trouvé de réponse…
Il n’en est pas de même pour nos services de renseignements dont le métier est de traquer et de trouver les criminels…et Dieu sait qu’ils sont excellents et d’une efficacité redoutable.
Nous avons déjà connu d’autres incendies au Togo: celui qui a ravagé le Haut Conseil de la République (HCR), celui qui a réduit en cendres l’Institut Goethe de Lomé, celui qu’a déploré le Tribunal de Lomé, celui encore de l’Université de Lomé…etc.
Il est vrai qu’à ces époques-là, nos investigateurs recherchaient surtout les auteurs de coups d’état réels ou imaginaires… C’est bien ce qui explique que les incendiaires de l’époque courent toujours!
Mais aujourd’hui, l’instabilité vient de l’opposition politique qu’il faut donc décapiter à tout prix et le plus tôt sera le mieux: dès lors, comment s’étonner de la « promptitude » avec laquelle les arrestations ont été opérées dans les rangs du Collectif Sauvons le Togo?
Ainsi croupissent en prison à Lomé quelque 20 responsables politiques de l’opposition, mais aussi à Kara, des étudiants déférés sans aucune preuve autre que…d’avoir participé à des manifestations du CST.
Pourtant, le sérieux d’une enquête et sa crédibilité exigent qu’aucune hypothèse ne soit négligée:
L’opposition peut-elle être l’incendiaire?
Rien que d’évoquer une telle hypothèse fait froid dans le dos de toute personne douée d’un minimum de raison. Il est de notoriété publique que les commerçantes et les commerçants des marchés sont les plus fidèles financeurs des oppositions togolaises. Pourquoi alors seraient-elles allées, en quelque sorte, «scier la branche sur laquelle elles sont assisses»? Acte inimaginable par le bon sens commun…
Le pouvoir lui-même peut-il avoir mis le feu?
Franchement un dirigeant, fût-il le plus pervers, le plus inconscient, le plus apatriote, le plus traitre, le plus irréfléchi… peut-il se livrer à de tels actes? Pourtant le pouvoir RPT/UNIR/UFC/AGO est soupçonné par un cercle bien plus large que celui des oppositions, en utilisant dit-on, ses milices avec la complaisante complicité d’une certaine hiérarchie de l’armée nationale. Mais dans quelle intention? Pour quel objectif? Le pouvoir politique peut-il ignorer qu’un tel acte est simplement un crime qui mérite d’être qualifié de forfaiture et même de haute trahison, donc passible des plus fortes sanctions imaginables? J’ai donc le plus grand mal à le croire, même si je me pose des questions sur l’empressement d’un ministre à jouer tout à la fois les rôles de flic et de juge…un mélange de genres qui devrait interroger l’ineffable Koffi Souza, le chantre de la «démocratie apaisée», le laudateur de la séparation des pouvoirs, «le Tocqueville togolais».
Au total et vu de l’extérieur, ça fait désordre d’arrêter et de jeter en prison des responsables politiques sans aucune preuve autre que celles extorquées par les sempiternelles méthodes du RPT: le mensonge, la violence, la torture ou l’achat de conscience…
Ainsi le Togo, déjà qualifié à l’étranger, de «République bananière», persiste et signe!
Peut-on alors s’étonner que le PS français et l’UE, financeurs des scrutins, exigent des explications?
Kofi Yamgnane