Maire de Saint-Coulitz (Bretagne) de 1989 à 2001, secrétaire d’état à l’Intégration sous Mitterrand entre 1991 et 1993, député du Finistère de 1997 à 2002… Kofi Yamgnane a posé les fondements de sa carrière politique en France, où il arriva, jeune étudiant en mathématiques, en 1964. Après deux premières tentatives avortées, le Franco-Togolais se présentera en 2015 à l’élection présidentielle de son pays natal, où il réside actuellement. Diversité, racisme, succession : il revient sur son expérience d’édile en France.
Jeune afrique : Que pensez-vous de la diversité dans les mairies françaises ?
Kofi Yamgnane : Elle a tendance à s’améliorer depuis vingt ans, il y a bien quelques élus noirs ou arabes… mais ils sont encore trop peu par rapport à la place que les Français issus de l’immigration occupent dans la société.
Qu’est-ce qui explique cette sous-représentativité ?
Les responsables politiques ne leur laissent pas la place qu’ils devraient occuper. Les agences de marketing et de communication qui sont derrière les partis sont persuadées que présenter un candidat issu de l’immigration en tête de liste d’une grande ville est forcément voué à l’échec. Elles anticipent un sentiment de rejet, or la France n’est pas raciste. On devrait choisir le meilleur candidat, quelle que soit son origine.
En tant qu’Africain, à quels obstacles avez-vous été confronté ?
Ils sont nombreux lorsqu’on est noir, arabe ou asiatique… Tout le monde attend davantage de vous. On ne vous pardonne rien. La moindre erreur suffit à nourrir les thèses extrémistes selon lesquelles un étranger ne peut pas assumer correctement ses responsabilités.
Pourquoi avez-vous mis de côté votre carrière en France ?
Je considère que, au bout de deux mandats, il faut savoir laisser sa place. Par ailleurs, j’ai toujours eu pour ambition d’aider le Togo, ma terre natale. J’ai des projets pour ce pays, où tout reste à faire.
Au Togo, critique-t-on votre parcours en France ?
Les hommes politiques togolais me reprochent en effet d’avoir « donné ma jeunesse » à un autre pays que le Togo. Mais je ne vois pas en quoi le fait d’avoir acquis une expérience politique à l’étranger serait honteux. Ce que j’ai appris en France me servira, à n’en pas douter.
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Propos recueillis par sollici