Evidemment, argumente, le journaliste américain, Joseph Kabila et son entourage ne pouvaient que nier le fait et s’ils se sentaient diffamés, ils n’ont qu’à accepter une enquête internationale sur la question. S’ils sont vraiment innocents, l’enquête pourrait le prouver, précise le journaliste d’investigation.
Les Congolais vivant sous le régime Kabila peuvent tomber des nues. Leur Président est immensément riche. Selon le grand journaliste américain Richar Miniter, sa richesse est évaluée à 15 milliards de dollars. Le tout bien caché sous des noms divers aux îles vierges et dans d’autres paradis fiscaux? assure R. Miniter qui a mené une longue enquête sur le sujet, à laquelle ont participé d’autres personnes.
Le journaliste de CODE 243 qui l’interrogeait ainsi que l’interprète semblaient avoir des difficultés à mesurer exactement ce que cette somme pouvait représenter. R. Miniter a dû préciser que 15 milliards de dollars égalaient les PIB de plusieurs pays africains.
Evidemment, argumente, le journaliste américain, Joseph Kabila et son entourage ne pouvaient que nier le fait et s’ils se sentaient diffamés, ils n’ont qu’à accepter une enquête internationale sur la question. S’ils sont vraiment innocents, l’enquête pourrait le prouver, précise le journaliste d’investigation. En tout cas, J. Kabila a fait plus fort que Mobutu dont la fortune a été estimée à 5 malheureux milliards (!) après plus de 32 ans de règne, compare R. Miniter dans un article paru dans le magazine Forbes.
Comment donc, le président congolais s’est-il constitué pareille richesse en si peu de temps?
Selon R. Miniter, un exemple révèle l’étendue du pouvoir économique de Joseph Kabila. Le passeport biométrique. Le gouvernement congolais, prenant pour argument les problèmes de sécurité internationale a décidé de remplacer les passeports normaux par des passeports biométriques. Jusque là rien d’anormal, tous les pays ont dû ou devront faire pareil. Sauf que le grand marché de ces passeports a été confié à des membres de la famille du Président, dont son frère et sa sœur, également membres du parlement.
D’autres parlementaires et des membres du gouvernement participent également à ce grand festin. Or, Selon R. Miniter, si le président congolais voulait éviter cela, il n’avait qu’à faire voter une loi qui interdirait aux parlementaires et aux membres du gouvernement de participer à ce genre de marchés. Ce qu’il n’a pas fait, note le journaliste.
D’autres voies sont explorées par le président multimilliardaire. C’est ainsi qu’il avait autorisé la vente d’une mine de cuivre gigantesque à Tiger Ressources Limited (CA: 193 millions de dollars), une société australienne qui devra mobiliser 110 millions de dollars pour s’assurer le contrôle à 100% de la société d’exploitation de Kipoi, a révélé, le 20 août dernier, le quotidien The Australian. Il s’agit pour la compagnie australienne d’acquérir les 40% qui lui manquent et qui sont détenus par l’entreprise publique Gécamines.
L’affaire est d’un grand rapport. Selon Tiger Ressources, les réserves de Kipoi sont estimées à 848.000 tonnes de cuivre, ce qui évalue la part de la Gécamines à au moins le triple. Que cherche donc le vendeur? La vente s’étant faite dans la précipitation, certains commentateurs, qui ont, sans doute, de la suite dans les idées, pensent que l’argent pourrait servir à fluidifier les rouages du Parlement qui devra statuer donc sur la prolongation du mandat du président et qu’il puisse ainsi, grâce à l’argent du cuivre, fêter son anniversaire d’argent.
Avec des affaires aussi juteuses, nul besoin de chercher à comprendre pourquoi Joseph Kabila s’accroche au pouvoir.
La constitution est-elle défavorable à un troisième mandat?
Il va déployer toutes ses capacités pour la changer. Il a déjà commencé en fait.
Selon Congonews qui a eu accès au compte-rendu de la réunion du Bureau Politique de la majorité présidentielle du lundi 25 août, le Président et son parti comptent bien outrepasser la limite constitutionnelle. La réunion qui a eu lieu dans la ferme du Président à Kingakati a suscité les craintes de l’opposition et de la société civile et a mis en alerte la communauté internationale souligne Congonews. Plusieurs acteurs politiques redoutent une période de grands troubles si l’amendement de la constitution venait à être adopté.
Déjà dans l’absolu, la richesse de Joseph Kabila paraît énorme pour un homme politique. Mise en rapport avec le pays qu’il dirige et sa population, elle révèle un abus qui peut s’avérer très dangereux pour l’avenir. Au Congo vivent plus de 77 millions d’habitants pour un PIB global de 30 milliards des dollars (2013). On comprend alors mieux ce que veulent dire les 15 milliards du Président, c’est la moitié de la richesse nationale. On comprend également, cet argent manquant à la population, que le pays soit classé à la 186è place selon les critères du développement humain. Dans le pays du président milliardaire, 87,7% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté.
Pourtant le pays ne manque de pas ressources. Son sol renferme 10% des réserves mondiales connues d’or. Il regorge d’autres minerais tous aussi précieux les uns que les autres, diamant, Cobalt, schistes bitumineux, pétrole… La compagnie nationale Gécamines exploite le cuivre et le cobalt, mais on a vu qu’elle s’est délestée du premier. Tandis que la MIBA s’occupe du diamant industriel.
Que fera donc Kabila?
Quittera-t-il le pouvoir en 2016 à l’expiration de son mandat, pour aller dépenser son trésor en paix, ou insistera-t-il pour garder la présidence en dépit des dangers qu’il encourt et qu’il fait encourir à son pays? Selon Richard Miniter, dans le cas où le président forcerait la constitution en faveur d’un autre mandat, les pays européens et les Etats-Unis devraient saisir les fonds qu’il a déposés aux îles britanniques et ailleurs. L’autre sanction serait une révolte interne dont personne ne peut mesurer les dégâts.
Hakim Arif
Journaliste, économiste