Ah liberté quand tu nous tiens ! Prétexte ou alibi, la liberté justifie tout. Surtout de nos jours. Les philosophes nous parlent de Libre arbitre. Néanmoins tous conviennent que la liberté, c’est faire ce qu’on veut sans demander l’avis de qui que ce soit ni rendre compte à qui que ce soit. La liberté est un droit personnel et individuel. La liberté ne se transmet pas de père en fils. Un père libre ne peut transmettre à sa mort, sa liberté à un fils malfrat en prison. Les juristes disent qu’elle ne fait pas partie de l’assiette successorale. C’est pourquoi il appartient à chacun, à chaque personne humaine de conquérir sa liberté individuelle. Même dans les combats collectifs, dans les Révolutions, l’intérêt de chacun des acteurs, ce qui motive à agir, c’est sa liberté individuelle. Et puis par altruisme, le combattant veut la même liberté pour les autres, pour ses descendants, ses amis, ses frères de lutte. C’est également pourquoi la liberté a des limites. Comme un pays, elle a des frontières. Des limites posées par la liberté des autres, des limites imposées par les mœurs, les us et coutumes, l’éthique sociale. Ça c’est la liberté contrat social, la liberté fabriquée, la liberté noble cependant. Noble parce qu’elle fait de vous un Homme bien dans la société, un homme de valeur, un homme de confiance. Noble parce qu’elle vous empêche de franchir certaines limites. Mais les temps ont changé. La liberté est devenue le droit à l’immoralité, le droit aux contre-valeurs, le droit à la trahison. Tout simplement parce que nous sommes libres, selon notre conditionnement psychologique, nos croyances, nos fantasmes, nos perversions codifiées, tolérées et protégées au nom de la Liberté.
Mais la liberté n’est pas uniquement pour les Hommes. Les animaux aussi aspirent à la liberté. Ils se battent pour être libres, pour se libérer du joug d’un mal dominant, de la menace d’un concurrent, pour protéger leurs territoires. Parce que quand tu as un territoire à toi, et que d’autres n’y viennent pas pour t’imposer leurs lois, leur volonté et restreindre ta liberté d’être heureux chez toi, c’est que tu es vraiment libre.
Que ne ferons-nous pas aujourd’hui pour prouver que nous sommes libres ? Mariages contre nature ; entre deux hommes ; entre deux femmes. Bientôt mariage entre un chat et un homme ou un homme et une vache. Ce sont les « maîtres du monde » qui en assurent la promotion : la liberté d’être moralement sale. C’est ça le sens de la Liberté d’être libre. Alors qui es-tu pour me traiter de traître ? Quelle est ma dette de loyauté envers la Côte d’Ivoire ? Quelle est-elle envers Laurent GBAGBO ? Libre, je le suis ! Et j’ai mon charabia pour justifier mon allégeance libertaire. Parce que libre, j’ai le droit, et libre, j’ai le devoir de m’acquitter de mon devoir d’ingratitude. Une forme améliorée de traîtrise, à qui je donne une dimension idéelle et « foulosophique ». Et pourquoi pas ? Ma liberté, c’est d’être fou quand je veux, comme je veux, et bouclez-là : je suis libre !
Une liberté comme celle du plus fidèle compagnon de l’homme, fût-il un chien de roi ou un chien agrégé es sciences, est celle des libertés que je préfère. Servez-le à table, dans une assiette en or. Après, il ira faire les poubelles. Foutaise ! Qui ose m’en empêcher ? C’est mon droit d’être libre, de préférer les restes sans lendemain dans un dépotoir ou une poubelle. Et ne me parlez pas de loyauté, de fidélité, d’amitié de longue date. J’ai le droit d’être ingrat, de m’acquitter de mon devoir d’ingratitude ! Etre un compagnon de longue lutte, ça ne m’engage à rien. Je suis libre. Paradoxalement libre. Nocivement libre. Car libre, je le suis. Alors silence, j’ai un projet de trahison ! Et de un et de deux ! A qui le tour ?
Je suis libre. Libre d’être un Révolutionnaire. Libre de renverser un pouvoir indigne et illégitime. Libre de me proclamer enfant de Dieu alors que j’ai la marque du Diable. Libre de proclamer que mon pouvoir vient de Dieu, alors que le Diable me l’a offert sur un plateau ensanglanté. Mais je suis libre. Que voulez-vous ? Et qui es-tu pour me juger ? Si ma liberté de trahir te pose problème, alors utilise ta liberté à toi.
Ah ! Je me réveille alors ! Ma liberté à moi, je la consacre la Révolution Permanente. Débarrasser l’Afrique de la vermine colonialiste. Dénoncer et encore dénoncer. Eclairer les lanternes et encore des lanternes. La liberté utile, la liberté panafricaniste, la liberté d’aimer ma Nation, mon Continent en danger. Libre de proclamer la victoire de GBAGBO bafouée à coup de canon et de mensonge. Libre de réclamer sa libération. Libre d’imposer sa libération. Libre de conquérir la liberté, libre de mettre fin à l’imposture, libre de chasser le colonisateur et l’envahisseur. Libre, je le suis ! Et surtout ne jamais dire : libre de trahir. Car ta liberté est un devoir de liberté pour ta Nation, pour ton Afrique truandée. Parce que tu as le devoir d’être libre chez toi, sur la terre de tes ancêtres. Libre, tu dois l’être !
A très bientôt.
Hassane Magued