Investiture-express de Faure Gnassingbé [ Rechauffé de la prise de pouvoir dans le sang en 2005]

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Faure Gnassingbé est officiellement investi, président de la République du Togo. Il succède à son père par un jeu de passe-passe politico-juridique qui se veut légal.

Malgré les pressions internationales pour que la légalité constitutionnelle soit respectée à la tête du Togo, Faure Gnassingbé a été officiellement investi comme nouveau président du Togo, le 7 février 2005. Après l’annonce de la mort du président Gnassingbé Eyadéma, le 5 février, quarante-huit heures ont suffi pour réviser la constitution, confirmer la nomination du nouveau président et procéder à son investiture. L’armée qui s’est placée au-dessus des lois et institutions de la République avait désigné le fils du président défunt pour lui succéder. Cette situation a été jugée inacceptable par l’Union africaine. Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré a parlé de « coup d’Etat », exprimant ainsi la plus forte protestation enregistrée à ce jour.

Le 6 février, les députés de l’Assemblée nationale ont été convoqués pour réformer la constitution, le code électoral et procéder à la suspension du président de l’Assemblée, Fambaré Natchaba. Soixante-sept députés, tous de la mouvance présidentielle, sur les quatre-vingt-et-un que compte l’Assemblée ont adopté les propositions de révision des différents textes par un vote à main levée. Le ministre des Mines et de l’équipement, Faure Gnassingbé a présenté sa démission et a recouvré son mandat de député. Entre temps, le président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba a été destitué, remplacé par le premier vice-président Abass Bonfo, qui a accueilli le député Faure Gnassingbé. Proposé à la présidence de l’Assemblée, il a accepté l’offre et a été élu à l’unanimité et par acclamation. Président de l’Assemblée nationale, il devient alors constitutionnellement président par intérim du Togo, en charge de terminer le mandat de son prédécesseur.

A Lomé, une délégation de la CEDEAO conduite par Aïchatou Mindaoudou, ministre des Affaires étrangères du Niger, dont fait partie Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la CEDEAO, a été reçue par Faure Gnassingbé et le Premier ministre Koffi Sama. « Nous sommes venus, mandatés par le président en exercice de la CEDEAO, le président Mamadou Tandja, pour présenter les condoléances de l’ensemble des chefs d’Etat de la communauté pour la grande perte que constitue le décès du président Gnassingbé Eyadéma pour toute la sous-région et l’Afrique entière », a déclaré Aïchatou Mindaoudou. Elle a aussi évoqué la « stabilité et la paix au Togo » qui préoccupent la CEDEAO, qui convoque un sommet extraordinaire le 9 février à Niamey. La délégation de la CEDEAO est repartie de Lomé avant l’investiture de Faure Gnassingbé.

Africains et Européens boudent l’investiture

En effet, après le départ de la délégation de CEDEAO, Faure Gnassingbé s’est présenté vers 12 heures TU dans la salle principale du palais présidentiel pour la cérémonie de prestation de serment, devant les ministres du gouvernement, les députés, les officiers supérieurs des Forces armées togolaises, et quelques diplomates accrédités au Togo : ceux du Ghana, de la Libye, de la République démocratique du Congo (RDC) et une délégation de Côte d’Ivoire. La plupart des pays africains et européens ont boudé la cérémonie d’investiture. Une demi-heure plus tard, la cérémonie était close, et le premier conseil des ministres s’est tenu. La première décision prise a été l’ordre de réouverture de toutes les frontières du pays fermées depuis l’annonce du décès de Gnassingbé Eyadéma. La fermeture de l’aéroport de Lomé avait obligé l’avion transportant le président de l’assemblée nationale togolaise, Fambaré Natchaba, à atterrir à Cotonou.

Selon un communiqué, le gouvernement togolais aurait aussi interdit toute manifestation de rue pendant toute la période consacrée à l’observation du deuil national. Aux abords du campus universitaire de Lomé, des barricades dressées ont été rapidement dégagées par les forces de l’ordre. Cette timide tentative d’insurrection contraste avec le calme observé dans la ville de Lomé, où par craintes de mouvements insurrectionnels certains magasins ont maintenu leurs portes fermées.

Après avoir assuré l’héritage du pouvoir, les autorités togolaises vont maintenant s’occuper des obsèques du président défunt dont la dépouille serait déjà arrivée à Pya, son village natal, où les cérémonies devraient être organisées.

Didier Samson

Rfi

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