Interview Comi Toulabor

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C’est la confiance qui a marqué les alternances démocratiques chez les voisins quand on analyse bien les faits. Il manque dès le départ cette confiance fondamentale dans le jeu politique au Togo.


Tout lui a manqué dès le départ : la légitimité, l’onction du peuple. Qu’il a voulu piétiner  avec l’onction de Jacques Chirac et de la Françafrique qui ont sous-traité leur volonté aux FAT et aux milices. Avec l’absence d’ambition de promotion du pays, cette tâche originelle de manque de légitimité a fait le reste, étant incapable de redresser la barre, sinon faire dans le cosmétique.

 

Lynx.info : Bonjour Mr Toulabor

Bonjour !

Lynx.info : Lui c’est lui et moi c’est moi.Même si Faure a repris cette phrase chère de Giscard D’Estaing parlant de Pompidou.Faure  dirige t-il le Togo autrement que son père ?
Comi Toulabor : Sauf erreur, il me semble que la phrase dont vous faites allusion est plutôt de Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand dont les amitiés cachées avec le vichyste René Bousquet avaient été découvertes par la presse. Faure se l’approprie dans un but différenciation et de démarcation avec son papa, mais au final dans nombre de domaines, le patachon a accentué les traits saillants de la mal-gouvernance héritée de lui au point que les barons de son parti et les généraux, faiseurs de roi, se sont éloignés aujourd’hui de lui. Il ne lui reste qu’à amuser avec le reliquat du clan la galerie avec de gros poissons d’avril irréfléchis : sortie de la Zone franc ou renoncement à se présenter aux prochaines présidentielles. Ce qui n’amuse guère la majorité des Togolais appelés à tirer le diable par la queue même lorsqu’ils travaillent et ont un emploi stable. Faure illustre ce faisant un proverbe togolais selon lequel c’est le singe replet qui joue avec sa queue.

Le Pr Apedoh se veut plus pessimisste .Pour lui les prochaines élections ont déjá l’air d’un déjà vu .Tout est déjá ficellé et empaqueté…
Comi Toulabor :
Ce qui est plus grave que « plus pessimiste »  est que les leaders politiques le savent, mais sont encroûtés dans le mythe de Sisyphe. C’est ça qui est grave et irresponsable : recommencer à l’identique ce qu’on a toujours recommencé. Il faut tirer chapeau à un tel entêtement qui laisse pantois tout homme doté de raison. Il manque au Togo une tête politique au peuple capable d’agréger les revendications populaires légitimes et de rassembler au-delà de son parti d’autres forces politiques. Ce catalyseur manque cruellement alors que le pouvoir RPT et le clan sont à bout de souffle à la veille de 2010 et perdent le peu de raison qui leur reste encore. A commencer par celui qui s’est arrogé la direction de la lutte, Gilchrist Olympio, pour ne pas le nommer, qui ne sait pas ce qu’il veut et qui ne sait pas ce qu’il ne veut pas non plus, on joue la comédie. Dans ce contexte, est-il étonnant de voir que tout est en train de se ficeler sous nos yeux, dans un scénario impeccable bien rodé, façon RPT. A moins qu’un grain de sable tombé d’où on ne sait ne vienne emporter tout cet ouvrage pourtant mal ficelé.

Lynx.info : C’est lors de son passage á Bruxelles.Faure s’extasie devant ses proches sur ce qu’il pense des médias : «  laisser les gueuler il vont finir par se fatiguer… »On pensait que l’esprit nouveau au Togo avait d’égard sur ce quatriéme pouvoir qui fait et défait les dirigeants dans les pays sérieux…
Comi Toulabor :
Ce quatrième pouvoir fait peur sous tous les cieux, même démocratiques. La phrase de Faure aurait pu être prononcée par Nicolas Sarkozy, ce président africain (vraiment africain en bien de points de vue) que les électeurs ont donné à la France. Non seulement Faure ne laisse pas les médias se fatiguer à force de gueuler, mais encore il les emprisonne, il les bâillonne quand il ne les assassine pas. Si Atsutsé Kokou Agbobli (et d’autres journalistes vivants ou morts) pouvait ressusciter et venir témoigner pour éclairer nos lanternes ainsi que celle de Faure, du commandant Massina et ses quatre sicaires! L’« esprit nouveau » est suffisamment greffé sur l’ancien, celui de papa, pour qu’il fasse autrement. Comme on le voit « lui c’est lui et moi c’est moi » n’a aucune espèce de sens, surtout dans ce cas d’espèce du respect des médias. Il n’y a pas lieu de s’ébaudir sur l’« esprit nouveau », tant qu’il y a un seul journaliste emprisonné et surtout assassiné. 

Lynx.info : Finalement  dans leur fuite en avant les politiques au Togo se retrouvent rattraper par la période transitoire tant souhaitée par l’ex-ministre François Boko laquelle aujourd’hui fait défaut pour un cadre électoral consensuel ?
Comi Toulabor :
Il a raison, François Boko, de proposer une période transitoire pour asseoir les bases véritables du pluralisme politique au Togo. Sans faire la pythie, les hommes politiques, qu’ils veuillent ou non, dans la configuration actuelle seront contraints de passer un jour ou l’autre par ce tunnel. Ils ne font que retarder cette période incompressible s’ils veulent être pris au sérieux. Les gouvernements Koffigoh dans les années 1990 et Agboyibor une dizaine d’années plus tard étaient supposés transitoires. Il y a une transition de trop qui révèle la mélasse dans laquelle le Togo est enfoncé. Par combien de transitions le Togo passerait-il avant de recouvrer une vie démocratique normale comme partout ailleurs? Il y va de la volonté et de la responsabilité des hommes politiques dans ce pays. 

Lynx.info : for de ces 51 députés.le RPT veut amener le débat á L’Assemblée Nationale.Les togolais disent que Faure n’a pas conscience qu’on ne construit pas une nation forte tout en voulant s’éterniser au pouvoir …
Comi Toulabor :
Sur le plan institutionnel il est normal que le débat se déroule à l’Assemblée nationale. Mais la question est de savoir quelle crédibilité accordée à un débat où joue l’arithmétique comme en France dont le Togo est une pale copie. Non seulement il faut un débat contradictoire, mais aussi que les députés de la majorité au pouvoir votent en leur âme et conscience. Ce qui est loin d’être le cas au regard de l’esprit fonctionnaire qui prévaut au sein des députés qui, parce rémunérés par l’Etat, pensent faire partie de son administration et fonctionnent avec une mentalité de fonctionnaire. Les traces politiques et psychologiques laissées par l’ancien parti ne sont pas prêtes de disparaître d’un coup de baguette magique. L’esprit fonctionnaire, c’est avant tout l’esprit RPT c’est-à-dire la pérennisation au pouvoir par tous les moyens, surtout les plus tordus du monde. Illustre cela la pitoyable manière dont la modification de l’article 21 de code électoral s’est effectuée récemment à l’Assemblée. Raisonnablement s’attend-on moins que cela ?

Lynx.info : C’est l’ infatiguable Gilbert Bawara qui égrène les actifs positifs de Faure et pense que pour une réconciliation franche entre togolais il faut piocher depuis les victimes de 1958. Partagez-vous cet avis ?
Comi Toulabor :En privé Gilbert Bawara sort plutôt la liste des passifs du régime qu’il a dans les goussets de son pantalon ou de son gilet, comme tout erpétiste loyal qui ne craint pas de conflits de conscience liés au dédoublement de personnalité.

C’est suite aux violences des présidentielles de 2005 que l’idée de Commission Vérité-Justice-Réconciliation a été lancée et doit en toute logique s’en tenir à ces évènements. Mais comme la logique n’est pas la première nature chez les  dirigeants RPT, il leur faut remonter la pendule de l’histoire togolaise qui pour eux s’arrête  curieusement à 1958, pas à juillet 1884, ou avant, pour embrasser la totalité de l’histoire coloniale commune.

C’est que dans l’historiographie officielle du clan, Sylvanus Olympio est conçu comme la figure asymétrique d’Eyadéma, réappropriée par le fils au travers de la célébration du 13 janvier et du rituel du minuit consistant la veille à abattre à Lomé II un taureau censé représenter Sylvanus Olympio et de communier ainsi à son corps et à son sang.  C’est à ce rituel d’anthrophagie dissimulée que Gilbert Bawara invite officiellement par le biais de la commission Vérité-Justice-Réconciliation. Le pouvoir en place n’arrive pas à évacuer l’ombre de Sylvanus Olympio, devenue la centralité de l’histoire togolaise. C’est à partir de lui qu’on déroule l’histoire nationale du pays. Il faut que le RPT convoque le cadavre de Sylvanus Olympio à cette commission afin d’expurger son propre présent, énorme, qui le dépasse et lui pèse sur la conscience si tant est qu’il en ait une. Surtout que les auteurs (militaires, miliciens, etc.) impliqués dans les violences de 2005 sont assis sur le même trône que Faure. Les livre-t-il qu’il se livre lui-même.

Lynx.info :Le rapport  du Département Americain du Togo sous Faure fait penser aux dires des Togolais le régne du pére Gnassingbé.La France,Louis Michel,le FMI, apparemment apprécient le climat de paix au Togo…
Comi Toulabor :
Le rapport 2008 du Département d’Etat américain sur le Togo en matière de respect des droits de l’homme est très critique, comme ses précédents, comme la plupart des rapports d’ONG internationales. Par contre la France, Louis Michel, la Banque mondiale et le FMI ont toujours ont toujours été peu critique sur le Togo des Gnassingbé. A croire qu’il faut assimiler leurs missions d’expertise à des tournées de safari sous les tropiques et qu’ils ne voient, n’entendent et ne pensent que ce que le pouvoir en place veut bien leur montrer ? Leurs disques et logiciels sont restés bloqués à l’époque de la guerre froide, couverts de poussière et de toiles d’araignée, mais qui continuent à fonctionner sur le continent africain. A moins que tout ce beau monde guindé soit dans un foutage de gueule indécent sur lequel on peut longuement conjecturer. 

Lynx.info : Les mécontentements fusent de partout .Faure et son gouvernement dansent et s’apprécient .La faiblesse d’une société civile inexistante et d’une opposition sans repère n’est t’elle pas la raison  de cette sérénité très visible de Faure?
Comi Toulabor :On dit que la politique c’est d’abord une affaire de rapport de force. Si au Togo, on est dans cette situation confuse où Faure et les siens jouent avec leur queue comme le singe replet, c’est que précisément il manque ce rapport de force. On a vite fait une visite guidée sur place : faiblesse des organisations de la société civile à qui il faut toutefois tirer chapeau malgré tout. Ce n’est pas à elles que reviennent théoriquement la conquête et la conservation du pouvoir.  Il faut par contre insister sur l’invisibilité et l’inaudibilité de l’opposition qui n’est pas toujours à la hauteur de la tâche, et ce depuis la clôture de la conférence nationale en août 1991 dont il subsiste aujourd’hui peu de traces. Quitte à faire encore un désagréable pan pan sur le tympan des  talibans de l’UFC, on constate que le chef de file de l’opposition, Gilchrist Olympio, est en train de monter à l’approche des présidentielles de 2010 en impuissance et en naïveté politiques, incapable de définir une stratégie gagnante sinon d’appeler la population à descendre dans la rue. Tout pouvoir qui a en face de lui comme opposant un Gilchrist Olympio tel qu’il aime fonctionner, peut dormir tranquille ou faire la bamboula en anticipant sa victoire. Puisque en face l’opposant principal ne résiste plus, étant dans un état de coma politique avancé. Mais Faure est-il plus serein que cela : lui aussi est secoué par de grosses turbulences internes au clan qu’exploite à peine l’opposition. Cependant il a le pouvoir d’Etat entre les mains, ce qui change beaucoup dans les rapports de force. Lorsque les Togolais, des paysans des hameaux reculés aux cadres des villas cossues des villes, comprendront et confieront leur destin à une autre personnalité responsable, combative et travailleur, les deux figures symétriques, Faure et Gilchrist, vaqueront à une activité autre que jouer avec leur queue c’est-à-dire leur peuple. Si le 27 avril ou le 1er mai prochains ils brûlent leur effigie ou les enterrent symboliquement à la plage : ce serait un bon début de libération politique et de prise en main du destin collectif.

Lynx.info : Même les accords signés entre le RPT et les autres partis qui stipulent que moins de 5% un parti n’est pas représentatif pour parler au nom du peuple sont piétinés .Que vaut une signature,une parole donnée une constitution, quand on est président au Togo ?
Comi Toulabor :C’est toute la problématique en politique fondée sur du fragile : la confiance à la base de toute relation sociale. C’est la confiance qui a marqué les alternances démocratiques chez les voisins quand on analyse bien les faits. Il manque dès le départ cette confiance fondamentale dans le jeu politique au Togo. Si la conférence nationale a révélé les dessous mensongers du régime Eyadéma, elle n’a pas réussi à établir la confiance comme le montreront plus tard les relations entre les acteurs politiques majeurs. Faure est sur la même longueur d’onde que son père : fouler au pied avec une constante inouïe les règles qu’il a lui-même éditées. Pour que ça fonctionne, il a dû avoir la complexité des partis (ou des sigles) qui ne sont pas à l’Assemblée et qui font le forcing comme ils l’ont fait en octobre dernier quant au  financement des partis politiques. A cette occasion, Léopold Gnininvi au nom de la CDPA, était venu à la télévision remercier Faure pour avoir adouci « les aspérités de la loi ». C’est assez pathétique, mais les conséquences politiques sont désastreuses. Quand les partis qui se réclament de la démocratie, donc du respect de la norme, sont les premiers à réclamer sa violation, c’est qu’on n’est pas sorti du tunnel. Questions type RPT : Quand a-t-on commencé à violer les lois au Togo et quand a-t-on commencé à créer des précédents ? Réponse type RPT à la Gilbert Bawara : à partir de 1958. Question incongrue subsidiaire : quand arrêtera-t-on de créer de continuels précédents ? Pas de réponse. Autre question indécente : quand créer ce précédent positif qui amène la confiance entre les Togolais ?  Utopie inaccessible : il faudra commencer un jour au Togo à poser des actes politiques essentiels qui se conforment aux lois (qui elles-mêmes changent au gré du vent, du bon vouloir du commandant).

Lynx.info :Les sociétés d’Etat se sont écroulées les unes  après les autres sans audits. Les togolais ont pensé que la classe politique en ferait un probléme national .L’économie est-elle l’enfant mal aimé de l’opposition togolaise.Ou se trouve les préoccupations des chers opposants á Faure?
Comi Toulabor :
L’on voudrait voir l’opposition combative sur des questions économiques. On voudrait la voir bondir sur des réalités économiques, plus concrètes et tangibles pour les populations. Elle n’est pas suffisamment présente sur ces questions de proximité. C’est en abordant de tels sujets qu’elle sera crédible et légitime et gagner la confiance. Elle doit participer à la diffusion de l’information économique auprès des populations et leur expliquer l’écroulement des sociétés d’Etat et la manière dont elles ont été sont managées. Elle donne l’impression de réserver l’information économique à un cénacle supposé éclairé (les fameux séminaires et leurs dérivés !) alors qu’elle peut faire l’effort de la rendre compréhensible à l’immense majorité. Ce n’est que de cette manière qu’elle peut populariser la question économique et lui donner une dimension politique, parce qu’elle sera devenue aussi un levier de mobilisation et d’action collective.

Lynx.info :Le mandat de Faure s’achéve dans moins de un an  .Peut-il faire du Togo ce que les présidents successifs au Ghana ont fait de leur pays ?
Comi Toulabor :
Faure en prenant le pouvoir n’a jamais pensé promouvoir son pays en le tirant vers le haut. Il exerce le pouvoir à l’endroit exact où son père avait laissé le Togo : l’abîme. Il s’y complaît avec son clan, sa cour, la haute et la basse. On ne voit comment il peut faire en un an ce qu’il n’a pas réussi à faire en quatre ans.

Lynx .info : Les 20 plus véritable plan Marshall de Faure en 2005 sont restés depuis au placard .Obsevateur de la vie politique au Togo .Qu’est ce qui a manqué pour que les promesses ne soient pas réalisées ?
Comi Toulabor :
Tout lui a manqué dès le départ : la légitimité, l’onction du peuple. Qu’il a voulu piétiner  avec l’onction de Jacques Chirac et de la Françafrique qui ont sous-traité leur volonté aux FAT et aux milices. Avec l’absence d’ambition de promotion du pays, cette tâche originelle de manque de légitimité a fait le reste, étant incapable de redresser la barre, sinon faire dans le cosmétique. Son plan Marshall a été élaboré par des officines françafricaines de communication pour attirer du bétail électoral, encore qu’il n’en avait pas vraiment besoin. Il est prêt à récidiver le même scénario en 2010 avec l’aval bienveillant de son beauf Gil.

Lynx .info : Un professeur en économie de l’Université de Lille résume la visite á Paris du premier ministre Gilbert Houngbo : « Il est venu payé les blancs pour qu’on l’écoute au moins …une manière de siphonner l’économie en toute légalité »Ce haut fonctionnaire semble être loin des attentes selon bon nombre de togolais…
Comi Toulabor :
Ce que dit ce professeur est à prendre peut-être au second degré, même si tout est possible dans le régime RPT. On s’étonne et on s’étonnera toujours de ce que Gilbert Fossoun Houngbo est venu  faire là. Il est fort possible que dans un autre système politique, il serait pleinement rentable. Probablement il se rend compte qu’il a mis son « fossoun » là et que ça n’a pas l’odeur d’un grand parfum! Il en a été averti et savait à ce quoi s’attendre. Mais les Togolais sont priés d’attendre indéfiniment conformément à l’évangile RPT qui postule que le salut et le bien-être se trouvent dans l’au-delà, s’ils ont encore la force de mourir.

Lynx.info :La Francafrique a mis un peu d’eau dans son vin.Les accords de défense avec le pré-carre sont revisités .Une autre version francafricaine ou une prise de conscience que la France n’a plus d’interêts en Afrique ?
Comi Toulabor :
Votre serviteur a fait un article publié dans le n° 179 d’avril de Billets d’Afrique et d’ailleurs de Survie où il dit tout le bien qu’il pense de ce premier « accord de partenariat de défense » signé entre la France avec le Togo. Ce partenariat est en fait une réactualisation de cinq anciens accords militaires existant qui font de la France un cogestionnaire du pouvoir togolais. Faure n’a jamais fait la demande à Sarkozy de renégocier lesdits accords dont la plupart ont été signés par son père et qui sont en outre à son avantage. Le président français a imposé sa vision des choses à son homologue qui ne peut qu’accepter. Malgré l’absence de clause secrète d’intervention militaire en cas de crise interne au Togo, la France peut toujours invoquer l’intervention humanitaire de sauver ses ressortissants. Ce qui signifie que pour que Sarkozy n’intervienne pas au Togo, il n’y ait pas un seul ressortissant français, ce qui est pratiquement impossible. N’ayant plus moyens de sa puissance et de sa grandeur rêvées, la France fait financer ce nouvel accord militaire par l’Union européenne, comme elle l’a toujours fait depuis 1994 dans le cadre du Recamp (Renforcement des capacités africaines au maintien de la paix) qu’elle gère avec la bénédiction de l’ONU et de l’Union africaine. Donc rien de nouveau dans la réalité. Pour que ce « partenariat de défense » soit crédible, il faut qu’il n’y ait pas du tout « partenariat de défense ». C’est la seule « rupture », radicale, possible dans ce domaine régalien. Elle traduirait au moins un début de prise en compte du second terme de la devise de la République : l’égalité, l’égalité entre les Etats. C’est inconcevable dans les structures mentales actuelles caractérisées par l’habitude coloniale. Sarkozy, qui se fiche pas mal des Africains, n’est pas prêt pour sa propre « rupture ».

Lynx.infos : Merci pour l’entretien
Comi Toulabor
 : Merci infiniment à vous.

Interview réalisée par Camus  Ali
* Pour nos lecteurs. La phrase «Lui c’est lui et moi c’est moi » prononcée par Faure suite au coup de 2005 pour se démarquer de la politique de son père n’est qu’une reprise de l’ex-président français Valerie Giscard d’Estaing  parlant de Pompidou et aussi de Laurent  Fabuis alors premier minitre de Mitterand parlant de ses accointances avec le vichyste Jean Bousquet .

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