Hollande, chef de guerre pas bien malien

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Enfumé par des généraux nostalgiques de la Coloniale, le président s’est laissé embarquer dans une guerre au Sahel, qu’il ne maîtrise pas.

Enlisée dans les limbes sahéliennes, l’opération Serval a montré le bout de son fusil le 24 octobre. Une opération de «grande ampleur», a décrit un porte-parole de l’armée française, est actuellement menée dans le Nord du Mali «pour éviter la résurgence» terroriste, menace qui avait officiellement motivée l’intervention française en janvier 2013.

Quand la grande muette se met à brailler, elle emploie des termes compliqués, quitte à s’embrouiller un brin dans sa communication. Si 1500 soldats français participent à ce déploiement, nom de code «hydre», le porte-parole de l’armée consent vite que «Cela fait partie de ces opérations qui sont régulièrement menées […] pour participer à la stabilité du pays.»

Comprendre  une manoeuvre (presque) de routine, qui n’a été commenté par l’Elysée que 24 heures après son déclenchement. En 18 mois de présidence, la guerre au Mali a pourtant été le seul évènement qui a flatté la popularité du président François Hollande. Une guerre qu’il n’a pas vraiment mené. Plutôt une danse où le cavalier n’est autre que l’armée, un zeste revancharde et franchement nostalgique des grandes expéditions africaines.

De Kolwezi au Mali en passant par la Manif pour Tous

C’est la crue réalité que décrit Nicolas Beau dans Papa Hollande au Mali (éditions Balland). Paru ce 24 octobre, l’ouvrage du cofondateur de Bakchich s’attache à décrypter les incohérences de la politique française dans les pays du Sahel, qui oscille «entre amateurisme et arrogance». A commencer par l’intervention dans l’ancienne colonie.

«L’opération au Mali, ce sont les militaires, et eux seuls, qui l’ont voulue, préparée puis exécuté», assène le cofondateur de Bakchich. Un long dessein.

«Dès les premières prises d’otages français en 2009, l’armée française avait imaginé sous le nom d’opération Requin, les moindres modalités d’une intervention au Mali». Il aura fallu finalement attendre 4 ans, et un argument massu servi au tout nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. «Dès la première réunion, le projet guerrier est évoqué.

«Si nous ne nous battons pas aujourd’hui au Sahel, explique l’un des patron de l’armée, nous devrons nous battre demain à Marseille». Le spectre des jeunes des cités partant combattre au Sahel aux côtés d’Aqmi impressionne le nouveau ministre. Et tant pis si la réalité est toute autre! Les apprenti Djihadistes basés en France ont été deux cents à rejoindre les rangs des rebelles syriens, mais ils auront été deux à gagner le Nord du Mali».

Si Le Drian est convaincu, reste encore à faire basculer le nouveau chef des armées, François Hollande. «Ces thèses sont abondamment relayées à l’Elysée par l’homme-clé de la guerre au Mali, le général Benoît Puga, chef d’Etat major particulier de Hollande. Etrange alliage entre François Hollande, dont le gouvernement républicain comprend une dizaine de ministres francs-maçons du Grand Orient, et cet officier ultratraditionnaliste, fidèle paroissien de Saint-Nicolas du Chardonnet, le fief intégriste de feu Mgr Lefèbre.

L’univers idéologique du général Puga fleure bon l’époque coloniale. Au moment où, jeune militaire, il commandait les parachutistes qui sautaient sur Kolwezi en 1978, son adjoint était l’officier ultraréactionnaire Bruno Dary, un des organisateurs de la manif pour tous, hostile au mariage homosexuel et qui est resté son ami intime. Du beau monde. Denis Puga, le frère de Benoît, appartient au mouvement d’extrême droite civitas.

«Le président est extraordinaire, il décide, puis il agit», se félicite le général Benoît Puga devant ses visiteurs. Lorsque ce militaire reçoit un ministre africain à l’Elysée, il lui indique en souriant: «nous n’alons pas au premier étage, celui des conseillers politiques, ce n’est pas là que l’intervention au Mali se prépare.» Autrement dit, ce sont nous les patrons de l’armée, qui sommes à la manoeuvre».

Ainsi pensée, l’opération Serval ne pouvait qu’être un franc succès. 9 mois après le déclenchement des hostilités, le Mali a retrouvé sa stabilité, le terrorisme a été «éradiqué» et le Sahel pacifié…

Bakhchich

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