A chacun son business. A chacun son Plan Marshal. Est-on tenté de le dire. Au moment où l’Occident traverse une des plus graves crises économiques de son histoire, la gotha de l’économie occidentale semble avoir trouvé la solution miracle de relance économique, pour les Etats Unis d’Amérique, la France et consorts. Les guerres d’occupation. Je parlerai volontiers de guerres pour l’exploitation frauduleuse de richesses appartenant à autrui. Notamment les sous-sols du monde arabe et de l’Afrique. Un Plan Marshal de type nouveau qu’il convient de baptiser cette fois-ci, le Programme de Rétablissement Euro-américain (the European and American Recovery Program).
Mais le business de la guerre ne réussit pas sur toutes les terres. C’est comme dans le secteur de l’Agriculture. Toutes les terres ne sont pas bonnes pour toutes les cultures. A chaque culture, son type de sol. Nous venons de nous en rendre compte pour ce qui est du business de la guerre. En effet, le business de la guerre comme plan de relance des économies amorphes des Etats-Unis, de la France et de l’Angleterre pour ne citer que ces têtes de files, n’a pas donné les résultats attendus en Afghanistan encore moins en Irak. Cela s’appelle investir à perte. Surprenant tout ça ! Surprenant d’autant plus que cela se passe avec les maîtres à penser de l’Economie dite moderne. Qu’est-ce qui ne va donc pas avec le business de l’absurde ?
En tant qu’Africain, je suis tenté de penser qu’un vilain sort accompagne ce business, on ne plus immoral. Parce que je reste convaincu que les bonnes causes produisent de bons résultats. Un premier Plan Marshal, pour une bonne cause cette fois-là, a marché après la folle guerre imposée au reste du monde par Hitler. Souvenir douloureux qu’il me plairait bien de rappeler à la France hystériquement engagée dans toutes ces guerres honteuses et injustes dont elle a pourtant souffert au XXe siècle. Mais tout le monde n’est pas Africain. Cela se voit. La justification métaphysique et irrationnelle doit donc être mise de côté. Recherchons alors de façon rationnelle les causes de l’échec du business de l’absurde.
Je dirai, pour commencer, que le monde se modernise. Et très peu de gens croient encore que leur salut viendrait d’un statut d’esclave ou de colonisé. Ceux qui croient cela sont en passe de devenir un spécimen en voie de disparition. Dès lors, toutes les guerres budgétisées dans les bureaux climatisés à Paris ou à New York pour piller l’Afghanistan ou l’Irak ne pouvaient qu’aboutir à un déséquilibre financier contraignant les conquistadors du nouvel âge à revoir leurs budgets à la hausse passant généralement du simple au quintuple voire beaucoup plus. La raison première est toute simple. Il y a de la résistance, une résistance minimisée par « les maîtres du monde » au moment où ils élaboraient, autour d’une tasse de café, leur plan ridicule. C’est ce qu’on appelle en Côte d’Ivoire « Erreur de Gaou » !
En effet, pou rien au monde, un Taliban n’acceptera d’être vaincu et contraint de modifier sa fatwa pour autoriser le mariage d’homosexuels. Il n’acceptera jamais d’abandonner l’Islam pour s’incliner devant la Statue de la Bien Heureuse vierge Marie. Tout comme il versera sa dernière goûte de sang pour que le Pétrole afghan serve à nourrir les familles afghanes plutôt que celles de New York. Il a déjà broyé du Russe. Et il broya de l’Américain, puis du Français, puis de l’Anglais, et alors, ce fut le sauve qui peut. Le Bilan ? Des économies en déconfitures, une dette insurmontable de 135 000 milliards de Dollars, un retour sur investissement (ROI) estimé à moins l’infini pour cent (-∞%) côté Oncle Sam. Sacrés Talibans !
Mettons le cap sur l’Irak. Là-bas, le « One Man Show » tournera aussi au vinaigre pour l’Oncle Sam. Comme le dit un proverbe africain : « L’étranger a de gros yeux mais ne voit pas clair. » Attirée par le pétrole de Saddam Hussein, le jeune Hussein alias OBAMA s’est rendu compte que les puits répertoriés ne sont pas suffisants pour soutenir l’économie de 53 Etats tous clopin-clopant avec la main tendue vers la majestueuse Chine de Mao Tse-Toung. Un million de morts au moins. Très peu de pétrole. Juste suffisant pour faire la gloire de l’Irak et non celle de 53 Etats. Deuxième « Erreur de Gaou » ! Le bilan ? Des milliers de jeunes américains dans la fleur de l’âge morts inutilement. Le fallacieux prétexte des armes lourdes ou de destruction massive ne peut justifier qu’un homme mette au monde son enfant, s’en occupe et qu’il aille mourir comme un rat dans le désert à cause d’un business plan immoral et mal monté en vue d’une guerre stupidement provoquée avec du mensonge. C’est ce que j’en pense. Mais je ne suis pas Américain. L’Américain a des raisons que la raison ignore.
Alors posons pied en Libye. La coalition pour le pillage de la Libye a rêvé une guerre éclaire. Une affaire vite fait. En deux temps, trois mouvements, elle serait dans la poche. Le prétexte, apporter la Démocratie en permettant aux combattants d’Al Qaida, la nouvelle « crème de démocrates », de prendre le pouvoir. L’inavouable, comme toujours, c’est créer le désordre et faire main basse sur le pétrole libyen. Là encore, la coalition vient de prendre une douche très chaude et c’est la débandade. Et pourtant le pays leur avait ouvert les bras, proposé d’oublier le passé et engager de nouvelles relations de coopération économique qui sauvegarderaient les intérêts de chacune des parties. Ah pauvreté quand tu nous tiens ! Nous le comprenons mieux. Un ancien riche devenu pauvre est toujours potentiellement insensé. Ils ont donc préféré la razzia aux relations civilisées que la Libye leur proposait. Que d’enfants et de femmes tués inutilement ! Au final, troisième « Erreur de Gaou » !
Et la Côte d’Ivoire alors ? Avec un GBAGBO Laurent attentiste et hésitant parce que manquant de lisibilité tactique, les carottes ont vite fait de donner l’air d’être cuites. Sauf qu’ici, les carottes sont en train de donner une indigestion générale. Le Plan Marshall du business de l’absurde, c’est aussi les effets secondaires. Il faut faire avec. L’endettement à tout vent est devenu un système de production. Mais tous les parrains sont devenus pauvres. Donc personne ne peut porter secours à « l’Administrateur de crédit » du Plan Marshal concocté pour la Côte d’Ivoire. C’est alors la pagaille. On casse tout. Habitats précaires, magasins, commerces, tout, sans proposer un plan de relocalisation ou d’indemnisation. Les bandits exercent le pouvoir régalien de Justice et de Police. Les entreprises sont en état de cessation de paiement. Mais tout ça est présenté comme la relance de l’économie. Bravo Messieurs les investisseurs de l’absurde ! Et arrêtez de venir voir dans la casserole trouée du Moro Naba. Parce qu’elle est vide. Juste une copie froissée du business plan qu’il vous a présenté et qui vous a fait rêver s’y trouve avec presque toutes les pages biffées. Les Solutions, aucune ne marche. Ce n’était pas la bonne terre. C’est une terre qui fait pousser de l’Ivoirien, non du Voltaïque. Alors, Quatrième « Erreur de Gaou » ! Et vous voici devenus de façon endémique, des « Gnata », comme cela se dit en Côte d’Ivoire, d’un homme qui s’est fait flouer plus d’une fois de la même manière en voulant flouer autrui.
Mais en l’absence d’alternative, l’investissement à perte, le fameux business de l’absurde, a encore de beaux jours devant lui. Cependant, le Plan Marshal sous la forme d’une recolonisation provoque beaucoup d’allergies en Afrique. Une allergie atypique avec des symptômes en forme de Révolution potentiellement armée. En effet, le business de la guerre d’exploitation frauduleuse de l’Afrique nous donne des envies très exotiques, notamment en Côte d’Ivoire. L’envie de croquer du Français surtout. L’envie de croquer du Moro Naba aussi. Le dozo, ça ne se croque pas. C’est pour la poubelle. Alors, il me vient l’envie, une envie pressante d’être Libre ! Maintenant. Libre !
A très bientôt.
Hassane Magued