Guerin-Kouka: Le système RPT/UNIR au bord de l’implosion!

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À la veille des élections législatives et locales dont la date est toujours inconnue à ce jour et dont les conditions d’organisation sont décriées autant par les opposants à Faure que les partenaires occidentaux de l’État togolais, la dictature s’active, comme toujours, à faire avaler aux Togolais sa pilule amère faite de mensonges, de corruption, d’achat des consciences, de violence…

Dans Guérin- Kouka, capitale de la Préfecture de Dankpen au Nord du Togo et majoritairement peuplée par l’ethnie Konkomba, l’ambiance est déjà électrique.

I-Que se passe-t-il exactement?

Une véritable guerre de leadership est déclarée au sein du système RPT/UNIR depuis le 18 Mai 2012, date de la rencontre des cadres locaux avec Faure, leur président. Cette rencontre, qui avait théoriquement pour objectif de battre le rappel des caciques du RPT du père afin de les enrôler dans l’UNIR du fils, s’est transformée en une gigantesque bataille où Memounatou, surnommée «la doyenne de l’ère Faure», a connu sa chute.

C’est à la suite de cette rencontre qui a mis à jour les graves divergences entre la «vieille» et ses obligés de la JRPT, que des responsables tels que Kogmé Batiki ou Tchassou Essohaname, non seulement ont claqué la porte, mais surtout ont décidé de rejoindre l’opposition et Tagone Wakin.

Leurs reproches en direction des députés RPT sortants Memounatou et Gbégbéni sont nombreux, puisque ces derniers n’ont tenu aucune de leurs promesses électorales: abandon des projets de construction de marchés, accès à l’eau potable et surtout le silence complice de ces élus devant les brutalités, les escroqueries, les extorsions et vols de biens exercées sur les populations par le préfet-militaire, militant notoire du RPT/UNIR Dadja Manganawè, qui sévit là depuis 12 ans!

Les conséquences de cette guerre au sein du RPT, toujours Parti-État ici, sont notoires et sont illustrées par les profondes fissures qui le minent. En effet, ils sont 13 candidats à la candidature dont l’éternelle «good for nothing» Memounatou, elle qui s’était opposée à cette éventualité au cours d’une journée de réflexion des natifs de la préfecture en septembre dernier à la veille de la fête des ignames.

À ce jour, on connaît certains candidats déjà dans les starting-blocks:

Nagbidja N’djoname, Béguem André, Gouba Nandjirgnado, Djato Jeanne, Nfaba Nbighé, Gbarila Ilinako, et les députés Gbégbéni Antoine et Ibrahima Memounatou.…et on attend la déclaration des autres.

On serait tenté de croire que cette compétition interne est un signe d’ouverture vers la démocratie, mais il n’en est rien et c’est un parti au bord de l’implosion qui ira aux élections face à l’un des mouvements d’opposants les plus structurés et les plus engagés. Au total, c’est plutôt une excellente nouvelle pour l’alternance.

Mais dans l’attente, le préfet Dadja s’active car il veut rester le suzerain de Dankpen. Faut-il rappeler que les élections au Togo n’ont jamais été ni libres ni transparentes? Elles se suivent et se ressemblent dans les incontournables fraudes:

1) Gonflement du fichier électoral avec enregistrement des mineurs et des étrangers, surtout dans le Nord du pays.

2) Achat de conscience des votants par la distribution massive des biens de consommation et de l’argent liquide.

3) Intimidation des militants de l’opposition, arrestation et détention arbitraires

4) Bourrage des urnes, expulsion des délégués de l’opposition des bureaux de vote et falsification des procès-verbaux et j’en passe.

Donc pour mettre en place toute sa panoplie de fraudes, l’ineffable lieutenant-colonel-préfet- Dadja a démarré le tour de la préfecture: à Namon comme à Nampoche, il a distribué l’argent cash pour saper le bon sens citoyen.

Dans tous les villages où il est passé, chaque chef de village a reçu 8000 f cfa, sauf à Possao dans le canton de Nandouta où il a dit ceci: «…avez-vous vu comment votre route est dégradée? Si vous continuez de soutenir l’opposition, son état va empirer…vous êtes prévenus».

Rappelons simplement que Nandouta est le canton d’origine de Tagone et qu’il a déjà fait l’objet d’une sanction digne d’une dictature du siècle dernier. Une punition collective avait été infligée aux populations: après les élections de 2010, le préfet avait fait arrêter la construction du seul CEG en projet dans le canton et fermé l’école primaire de Kourkpong, pour les punir d’avoir voté pour l’opposition… Une mentalité digne de cet homme totalement inculte!

De son côté, Meimounatou qui se sait vomie et crachée par le peuple pour sa notoire et légendaire incompétence, a elle aussi entamé sans plus attendre sa tournée de corruption en ciblant les enseignants dénommés sans honte, «enseignants volontaires». Entendez par là des enseignants auxiliaires, généralement recrutés et payés par les seuls parents d’élèves. C’est eux qui mènent généralement la contestation du pouvoir RPT. Elle pense pouvoir les «contenir» en leur donnant à chacun un billet de 10.000 f cfa, pris sur l’argent qu’elle a volé au peuple togolais: aucune morale, aucune éthique…

Elle qui se fait appeler «amie personnelle du Chef de l’État» (quelle dérision!) et ne doute donc pas de sa capacité à s’imposer parmi les siens, continue de penser et de dire: «c’est toujours la fin qui justifie des moyens…». Quelle moralité!

En réalité, la population en veut tellement à ce régime à cause de ces injustices que, quelle que soit sa tête de liste, dans un scrutin transparent, son échec est programmé. Quelques exemples?

– l’eau potable est une denrée rare à Dankpen et l’électricité une curiosité. En effet moins de 200 maisons sont connectées au courent électrique généré par un groupe électrogène à raison de 12h par jour sauf lorsque Memounatou est dans la ville et dans ce cas et dans ce cas seulement, le groupe tourne 24/24

– manque de transparence dans la gestion des millions de CFA générés par les taxes de marché

-expropriations illégales et illégitimes de terres au bénéfice des populations peuls nomades avec la complicité active des autorités locales et j’en passe.

Memounatou et son équipe ne pourront pas échapper à leur bilan…

II- De son côté, l’opposition est-elle prête à conduire la lutte jusqu’à son terme?

À Guérin-Kouka, le mouvement d’opposition est bien structuré, organisé et discipliné; il mène la vie dure à la dictature depuis les législatives de 2007. L’entrée en jeu de Kofi Yamgnane en 2010 a renforcé ce socle.

En plus le regroupement des partis au sein de coalitions comme CST ou Arc-En-Ciel devrait éviter la dispersion des voix et devenir certainement un atout indispensable.

L’autre question est celle des moyens dont disposent nos jeunes patriotes décidés à se détacher des pratiques traditionnelles de l’opposition togolaise.

En effet si Tagone Wakin a perdu les législatives de 2007, ce n’est pas dû seulement au vol du scrutin par le système, mais aussi à un manque cruel des moyens de campagne: T-shirts, motos, carburants et autres moyens de communication pour atteindre les militants à la base.

Pourtant les leaders politiques nationaux de ces partis dispersent d’énormes moyens dans des caravanes coûteuses et des conférences de presse à longueur de journée, aussi inutiles que ridicules, abandonnant ainsi leurs militants les plus engagés à la base.

Notre victoire collective tient aussi dans la nécessité de changement dans les pratiques, mais comment changer les méthodes d’une génération de leaders déformés par 40 ans de complicité et responsabilité partagées avec le régime?

Dans ces conditions, comment ne pas penser qu’ils ne sont simplement que des faire-valoir qui, en réalité, ne croient absolument pas ce qu’ils disent et se contentent seulement de leurs statuts d’opposants?

Derrick Tamandja

derrick.tamandja@gmail.com

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