
Ancien Ministre de la Coopération et conseiller du président Faure, Gilbert Bawara qu’on l’aime ou pas aura été l’homme le plus proche de Faure dans sa marche vers le pouvoir. Quand il prend le ministère de la Coopération, les mois qui suivront seront marqués par la levée des sanctions de l’UE qui dataient depuis 15 années. Pour ses fans, l’artisan de ce dégèle. Dans son palmarès, l’organisation à Bruxelles de la table ronde avec les partenaires du Togo pour le retour des investisseurs. Depuis, nommé par décret présidentiel conseiller de Faure, l’homme continue par y croire que Faure va sauver le Togo. Quand nous lui avions demandé une interview, comme à son habitude il n’a pas tardé.
Ici, il parle du nouveau parti qui va naître: « Oui je puis vous confirmer qu’il y a effectivement un projet très avancé d’avènement d’un parti politique nouveau » lance-t-il. Dans la foulée, il revient sur la grogne des étudiants, des fonctionnaires….
Gilbert Bawara qui y croit dur comme fer que Faure est un visionnaire parle des réalisations de son mentor : « Aujourd’hui, tous les secteurs sont en reconstruction et en chantier : routes, aéroports, pistes rurales, forages, marchés, électrification urbaine et rurale, soutien à la relance de la production agricole à travers la fourniture d’engrais et de semences améliorées fortement subventionnés, apurement de la dette intérieure et politique fiscale modérée pour relancer le secteur privé, développer les activités économiques et générer l’emploi, … etc.» Seul hic, pourquoi Faure l’a-t-il écarté du gouvernement quand tout le gotha de ministres jusqu’à la plus nulle Ibrahima Meimounatou devrait rester ? Il se murmure que le ministre est la botte secrète du président.
En politique, il ne faut pas renoncer à ses convictions. Et Gilbert Bawara semble dire dans cette interview qu’il ira main dans la main avec Faure avec la création d’un parti plus rassembleur et débarrassé des vieux clichés . Lecture !
Lynx.info: Il parait que la création d’un nouveau parti du président Faure est une question de jours. Le Togo a-t-il sincèrement besoin d’un parti après les 81 déjà existants?
Les récents scrutins électoraux qui ont eu lieu au Togo et dont le déroulement et les résultats ont été attestés et reconnus comme démocratiques et crédibles par de nombreux observateurs et organismes internationaux donnent une indication sur le poids réel des partis politiques au Togo. Il n’existe certainement pas une dizaine de partis politiques disposant d’une vraie assise et d’une représentativité significative sur le terrain.
Oui je puis vous confirmer qu’il y a effectivement un projet très avancé d’avènement d’un parti politique nouveau. Ce projet répond à la nécessité de rassembler et unir davantage les togolais, d’incarner véritablement l’ouverture et la tolérance politiques et de s’enrichir de nouvelles idées, de promouvoir la compréhension mutuelle entre toutes les composantes du pays et d’être aux avants postes des réformes profondes qui doivent continuer à être mises en œuvre afin de traduire efficacement les aspirations de la population et les défis des temps modernes. Le parti en gestation est l’aboutissement d’un long processus de réflexions et de débats qui ont été guidés par la ferme détermination à engendrer un contexte propice à la consolidation de la cohésion nationale et le raffermissement du climat d’apaisement et de réconciliation. Il répond aussi à la volonté de contribuer plus activement à l’émergence d’une vie politique plus apaisée et d’une démocratie de proximité, vivante et tolérante.
Le rassemblement et l’unité sont des exigences essentielles pour la paix, la cohésion et la stabilité sans lesquelles le développement économique, le progrès social et le bien-être des populations ne peuvent être atteints. La liberté et la démocratie auxquelles le peuple togolais est attaché ne s’accommodent guère de l’intolérance, du sectarisme et du fondamentalisme qui s’observent ici et là. Les togolais ne sont pas fatalement condamnés à reproduire indéfiniment les méfaits et errements du passé, à s’enfermer aveuglement dans les antagonismes et les clichés d’un autre âge. Les partis et les acteurs politiques ayant évolué sur la scène nationale au cours des dernières décennies doivent accepter de faire leur aggiornamento sur la base d’une autoévaluation et autocritique. Ils doivent savoir se remettre en cause en renonçant à un certain état d’esprit truffé d’arrière-pensées et de calculs inavoués.
C’est bien le mérite du RPT que de s’interroger en toute conscience et lucidité sur sa part de responsabilité dans les pages sombres et les difficultés du passé et de décider librement de se régénérer pour mieux s’arrimer aux mutations profondes de notre société et à ses aspirations véritables. La création d’un parti politique nouveau n’est donc pas un exercice qui se fait par rapport aux autres formations politiques ou à des enjeux conjoncturels. Elle répond à une exigence toute simple : le Togo évolue ; le contexte national et l’environnement international connaissent des changements profonds ; le monde bouge ; des bouleversements inédits se produisent sous nos yeux ; les partis et acteurs politiques et la société qui est leur cadre d’actions doivent aussi évoluer et s’adapter. Par exemple, au niveau démographique et sociologique, vous constaterez avec moi que la grande majorité de la population togolaise est née dans les années d’agitations politiques et de tribulations sociales. Elle a de la peine à se reconnaitre dans les querelles et les combats d’hier qui déterminent les clivages politiques d’aujourd’hui. De nombreux togolais, femmes, jeunes, ainés et hommes du troisième âge se sentent désabusés et lassés par les débats stériles, les clichés et l’invective qui le disputent au radicalisme et à la surenchère. Si l’on continue à se complaire dans les réflexes du passé, nous risquons de graves fractures au sein de la société, une sorte de défiance dont les prémisses se manifestent déjà avec le désintérêt et la désaffection à l’égard du politique.
Lynx.info: Pour beaucoup de Togolais la création d’un parti de Faure est un non événement. C’est le RPT qui change juste de nom. Que le leur répondez-vous?
Tout ce qui se raconte généralement dans les salons et les cercles mondains n’est pas nécessairement une traduction d’une réalité incontestable. L’époque des présidents-fondateurs de partis politiques me semble révolue. Mieux l’aventure solitaire n’est pas dans le tempérament du Président Faure. Naturellement, dans tout groupe de femmes et d’hommes il en faut qui prennent l’initiative et qui osent ; il faut un leader et inspirateur, un chef d’équipe ayant les qualités et le charisme nécessaires pour entrainer, mobiliser et soulever des ferveurs. Ce genre de rôles, le Président Faure l’assure et l’assume merveilleusement concernant la perspective de création du parti politique nouveau.
Ce parti n’étant pas encore formellement créé, il n’existe en l’état actuel des choses aucun élément objectif d’appréciation pour étayer vos craintes qui me paraissent excessives. Je trouve assez extraordinaire les polémiques et controverses que la perspective de création de ce parti soulève et, en même, la tentative d’en minimiser la portée ! Les togolais sont assez murs politiquement et ils ont le discernement pour pouvoir se déterminer et se décider librement. Les partis politiques ne se caractérisent pas uniquement par les appellations et les sigles qu’ils portent ou les emblèmes qu’ils arborent, mais par la qualité des femmes et des hommes qui les composent, la richesse de leurs parcours, la solidité de leurs expériences, l’exemplarité de leurs comportements et attitudes ainsi que l’acuité des idéaux et des valeurs qu’ils incarnent et défendent. Je vous suggère donc de patienter pour juger à l’œuvre, plutôt que de vous livrer à la spéculation. J’ai la conviction que le parti en gestation, fruit d’une volonté commune et d’une démarche collective, constitue une espérance fédératrice d’énergies nouvelles et pacificatrice des antagonismes du passé ; il sera un lieu de débats intenses, un symbole de tolérance et de la diversité de la société togolaise, un cadre de fraternité et de convivialité.
Lynx.info: Le député socialiste Arnaud Montebourg dit qu’il y a problème au Togo. Son compatriote le député Launey va plus loin: « Faure est un despote ». Reconnaissez-vous que le Togo va mal ?
Je ne souhaite pas commenter à propos de personnalités politiques étrangères, de surcroit celles d’un pays qui est un partenaire traditionnel du Togo et avec lequel il existe des liens d’amitié et de coopération anciens et chaleureux. Je suis d’autant plus réservé dans la mesure où je ne suis nullement capable de vérifier les assertions que vous imputez à ces députés français !
Lynx.info: Jean Pierre Fabre disait en 2005 que Faure fera plus mal que son père. La preuve on discute de l’avenir du Togo sans les grands partis comme le CAR, et la coalition du FRAC….
Il aurait fallu sans doute une dose considérable d’inspiration et de bonne foi pour que certains acteurs politiques togolais fussent en mesure d’affirmer autre chose. Il n’est pas rare que le jugement porté sur l’action d’un homme d’Etat soit teinté de démagogie et de populisme. Le président Faure est un homme d’ouverture, de dialogue et d’action. Malgré les difficultés, les togolais savent les transformations qu’il opère à la tête du pays, avec beaucoup d’humilité et de détermination. En face, certains hommes politiques s’obstinent dans l’agitation comme adeptes des vieilles habitudes et méthodes sectaires même lorsque les gourous ont changé de religion. C’est en toute liberté que les partis et groupuscules que vous évoquez ont choisi la voie de la facilité, en désertant le champ du dialogue politique et de la concertation. C’est une attitude peu conforme aux principes démocratiques et républicains. Elle n’est certainement pas à la hauteur des enjeux. Ceux qui sont aux affaires sont aussi en responsabilité et ils ont le devoir d’agir pour le mieux être des populations. Le renoncement n’est nulle part une option recommandable. C’est un refus de la responsabilité et une voie de facilité. Les solutions se trouvent toujours dans l’action et non l’inaction. J’ai beaucoup de respect et d’estime pour les forces politiques, les personnalités et les leaders de la société civile qui se dévouent au sein du CPDC dont les travaux ont déjà permis d’engranger des compromis politiques majeurs dans la perspective de la poursuite des réformes politiques et institutionnelles.
Lynx.info: Finalement tout le drame du Togo n’est-il pas dû au refus du RPT de faire une transition après la mort du président Eyadema comme le souhaitaient le commandant François Boko, l’avocat Jean Dégli et bien d‘autres ?
Vous avez probablement une lecture particulièrement sélective des événements et de notre histoire politique récente. Mi-février 2005, le Président Faure fut le tout premier à appeler l’ensemble de la classe politique à une transition dirigée par un premier ministre issu des rangs de l’opposition dite traditionnelle afin que la loi fondamentale et le cadre électoral qui faisaient à l’époque déjà l’objet de controverses et de contestations de toutes parts puissent être revisités et remis à plat et qu’un climat d’apaisement et de sérénité puisse s’instaurer avant la tenue d’élections dans des délais appropriés. Il eût tort d’avoir raison avant les autres dont les esprits étaient surchauffés et qui n’avaient alors pour seul mot d’ordre que le « retour à l’ordre constitutionnel ». Si aujourd’hui, vous voulez dire que le Président Faure avait pleinement raison à l’époque déjà, je ne peux que souscrire. Par la suite et de manière systématique et constante, le Président Faure a toujours appelé toutes les forces politiques à travailler ensemble dans le cadre des institutions de l’Etat. Sa conviction en ce sens n’a pas varié, ni au lendemain de l’élection présidentiel de 2005 (souvenez vous des initiatives louables des présidents Obasanjo et Kuffuor qui butèrent sur la fameuse plateforme revendicative de l’opposition !), ni après la signature de l’Accord Politique Global d’août 2006. Pareil après les élections législatives de 2007 et, plus récemment, le scrutin présidentiel de mars 2010. Aujourd’hui encore il reste habité par la même conviction quant à la nécessité de conjuguer les talents et les compétences des togolais, par-delà les divisions et les clivages politiques, pour accélérer la marche du Togo vers la prospérité, la justice sociale et le bien-être partagé.
Lynx.info: Faure c’est aussi des promesses non tenues. Que répondez à tous ceux qui disent qu’il aime des raccourcies, la fuite en avant… J’en cite comme preuve la situation délétère dans les deux universités du Togo.
Vous avez sans doute observé à propos justement des revendications des étudiants ou d’autres catégories sociales, qu’à l’exception notable de l’ancien premier ministre Edem Kodjo qui a avancé des idées et des propositions précises, la plupart des partis politiques, font assaut d’une générosité incommensurable à travers des déclarations et des communiqués de soutien aux étudiants. Mêmes les partis politiques dont les responsables sont issus du monde universitaire et académique rivalisent de motions de soutien. Il est toujours plus facile d’être généreux avec les mots et les discours. C’est le propre du populisme démagogique. Il serait sans doute plus utile d’avancer des propositions concrètes. Cela étant, les difficultés du monde universitaire et du secteur de l’enseignement sont réelles. Les préoccupations et les inquiétudes soulevées sont généralement fondées et compréhensibles. La difficulté ne se situe pas dans les constats pertinents de la situation mais dans les approches de solutions envisageables. A partir du moment où le Chef de l’Etat et le gouvernement affichent une disponibilité totale et une volonté réelle de dialogue et de négociation, les étudiants doivent se sentir écoutés et rassurés. A présent, les esprits doivent s’apaiser pour créer les conditions du bon déroulement et de l’aboutissement des discussions. La question fondamentale qui se pose aujourd’hui à notre pays qui sort d’une longue période de crise ayant entrainé une accumulation d’attentes et de besoins insatisfaits, c’est comment répondre aux revendications sociales multiples, pressantes et légitimes tout en veillant aux exigences de cohésion sociale et de solidarité nationale à travers une attention similaire envers toutes les autres catégories socioprofessionnelles et toutes les couches de la population et en maintenant l’élan de réformes indispensables pour renforcer la compétitivité de notre économie et le niveau d’investissements nécessaires pour préserver la dynamique de relance économique et de croissance. C’est une équation et un principe de gestion dont chacun devrait être pleinement conscient, dans un contexte où l’on n’a pas encore fini d’évaluer tous les effets de la crise économique et financière mondiale sur les fragiles économies africaines. A travers un dialogue social soutenu à tous égards, il est possible d’opérer des choix judicieux et réalistes en évitant la surenchère suicidaire.
Lynx.info : Les fonctionnaires Togolais ne sont pas non plus épargnés ajouté au chômage des jeunes et la vie chère…..
Vos constats sont exacts, mais le problème se situe au niveau des solutions qu’il convient de prescrire et engager. Nous devons avoir l’honnêteté de reconnaitre que le Togo et les populations togolaises n’ont pas encore fini d’apurer toutes les conséquences de la grave et longue crise sociopolitique que nous avons traversée et qui, non seulement a engendré un état d’esprit et des comportements nocifs et néfastes de la part des acteurs politiques toutes tendances confondues, mais a aussi profondément décapitalisé l’économie togolaise et son appareil productif. D’une situation de résignation et d’impuissance, les efforts consentis par l’ensemble des togolais et les réformes structurelles menées depuis 2005 ont permis de ressusciter l’espoir et l’optimisme, mais les impatiences et les exaspérations sont à la mesure du gouffre qui préexistait et de l’ampleur des attentes inassouvies durant la période de crise. Je ne voudrais pas me livrer à une comparaison qui n’a pas lieu d’être, mais il serait quand même intéressant de faire une analyse comparative des agrégats et fondamentaux des économies des pays de l’UEMOA pour se rendre compte des efforts méritoires et immenses que notre pays réalise. Ne nous contentons pas de bons sentiments gratuits et démagogiques en flattant les bas instincts des populations et des catégories les plus vulnérables de la société qui éprouvent un réel malaise. Les médias, la société civile et les partis politiques ont une vocation pédagogique et éducative qu’ils doivent assumer, sans que cela n’affecte en rien la perspective d’une compétition saine entre les protagonistes du jeu politique. Dans les moments d’épreuves, le devoir de vérité et de sincérité et le sens de responsabilité constituent une grande vertu. Regardons les grands chantiers qui sont en cours de réalisation à travers le pays. Aujourd’hui, tous les secteurs sont en reconstruction et en chantier : routes, aéroports, pistes rurales, forages, marchés, électrification urbaine et rurale, soutien à la relance de la production agricole à travers la fourniture d’engrais et de semences améliorées fortement subventionnés, apurement de la dette intérieure et politique fiscale modérée pour relancer le secteur privé, développer les activités économiques et générer l’emploi, … etc. Le budget 2012 en voie d’adoption est justement orienté sur l’accroissement des dépenses sociales (santé, éducation et renforcement de l’apprentissage et de la formation technique et professionnelle, accès à l’eau et à l’assainissement) et le renforcement des investissements publics.
Lynx.info: Le président du PRR Nicolas Lawson appelle les étudiants à une mobilisation généralisée. Faure n‘est -il pas entrain de réunir les ingrédients pour un printemps Arabe au Togo?
Face à un problème, il faut surtout éviter le suivisme. Comme je l’ai indiqué, le problème n’est pas le diagnostique ni la réalité et la justesse des problèmes qui préoccupent les étudiants et d’autres catégories sociales, mais les solutions possibles et la voie pour y parvenir. Parmi la multitude de solutions envisageables, il y en a sans doute qui relèvent de la pire chimère et du populisme. Chercher à flatter et berner la population n’est pas un signe de grandeur. C’est plutôt une lâcheté qui m’insupporte. Mais il y a aussi des solutions qui sont théoriquement possibles et qui en réalité replongeraient le Togo dans une situation de surendettement irresponsable. Entre les deux extrêmes, le dialogue et la concertation sont la seule voie qui peut permettre de trouver les solutions idoines, et c’est ce que le Président Faure s’attèle à faire. Ce n’est pas en installant la chienlit et le désordre et en brisant l’élan de relance économique que notre pays aura plus de moyens demain pour d’améliorer significativement les conditions de vie des togolais et répondre fortement à toutes les préoccupations et aspirations exprimées. Cela ne me parait pas très avisé et habile d’inciter, encourager ou conforter la jeunesse dans l’incivisme et l’irrespect des autorités académiques, administratives et politiques. Les organisations associatives ou syndicales opérant sur les campus ne doivent pas pratiquer un totalitarisme et une prise d’otages à l’égard de la grande majorité silencieuse, en cherchant à terroriser leurs enseignants et leurs camarades. La légitimité et la crédibilité des revendications exprimées risquent de pâtir des manipulations et infiltrations dont ces organisations semblent être l’objet de la part de certaines vieilles officines politiques. A-t-on la certitude qu’en détruisant et en ruinant tant d’efforts consentis pour le redressement économique et social, on n’aggravera pas la situation du pays et on ne se condamnerait pas à un éternel recommencement ? Quel enseignement aura-t-on alors tiré des erreurs de la période d’affrontements politiques et d’agitations sociales que le pays a connue ? Je n’ai pas de réponses à ces interrogations, mais l’expérience nous montre que beaucoup d’acteurs du drame togolais agissent par égoïsme et indifférence par rapport aux souffrances du peuple.
Lynx.info: Un RPT trop vieux pour les uns, trop affaiblit pour les autres et plus fort si nous nous en tenons au discours de son Secrétaire, Solitoki Esso en marge des élections de mars 2010. Faure ne va pas t-il créer des nostalgiques qui ne lui pardonneront jamais d’avoir trahit ?
Nostalgiques de quoi ? Un parti politique, c’est aussi une question de vision et de conviction, mais aussi de liberté. Il n’y aura pas d’embrigadement. A ce jour, les choses se passent plutôt dans un bon esprit de cohésion, d’unité et de détermination, sans état d’âme de qui que ce soit, même si les prophètes de malheur ne manquent jamais. Ne soyons ni présomptueux, ni méprisants et arrogants à l’égard de la population et des citoyens. Comme vous l’auriez certainement constaté, c’est toujours avec humilité et modestie que nous avons souvent essayé d’obtenir les suffrages et la confiance des Togolais lors des scrutins électoraux. Nous cherchons à convaincre les Togolais de la justesse de notre projet et de nos idées. Il y a des partis et acteurs politiques qui estiment au contraire que l’adhésion et le soutien du peuple leur sont acquis de manière inconditionnelle et indéfinie. Ceux-là vous parlent d’alternance comme d’une simple formalité. En vérité, les Togolais demandent à nous juger non seulement sur les paroles mais surtout à nos actes. Ils demandent à être convaincus des valeurs que nous incarnons et des actions que nous sommes capables de conduire, même dans nos quartiers et villages. Le Président Faure ne cherche pas à plaire artificiellement et superficiellement à la population, mais à convaincre de la justesse des choix qu’il opère au service de la nation et dans l’intérêt général..
Lynx.info : Au CPDC, (dialogue inter-Togolais) Faure et Gilchrist parlent d’une même voix. Seriez-vous des alliés dans une majorité présidentielle avec la nouvelle configuration politique qui se dessine?
Dialoguer c’est avancer l’un vers l’autre. C’est toujours partir de positions et de convictions de départ éloignées ou opposées pour se rapprocher et trouver des points de compromis. Cela n’enlève rien à l’identité de chacun. On s’enrichit toujours des idées de l’autre. Je suis surpris que les politiciens prétendument adeptes du consensus soient en vérité des fossoyeurs du pluralisme politique et de la diversité des opinions. Ils préfèreraient sans doute des arrangements de couloirs plutôt que les initiatives au grand jour permettant à toutes les composantes politiques et sociales significatives du pays de forger de vrais compromis, dans la clarté et la transparence comme cela se passe actuellement au CPDC. Le Président Faure agira toujours dans l’intérêt du pays en se refusant à se priver des idées et des contributions précieuses de tous togolais qui le souhaitent. Face aux immenses défis et enjeux pour notre pays, il faut chercher à mobiliser toutes les énergies et les bonnes volontés. Je note une grande constance dans cette conviction depuis 2005. Il n’y a pas de raison de croire que les choses changeraient fondamentalement demain. Passé le temps des compétitions électorales, je suis certain que le Président Faure continuera à pratiquer la politique d’ouverture qu’il mène aujourd’hui. Espérons qu’il en serait de même dans l’hypothèse d’une victoire des partisans de M. Olympio !
Lynx.info: Beaucoup d’analystes disent que le temps joue contre Faure. Création d’un nouveau parti et élections législatives comme municipales pour l‘année 2012. Le pari n’est-il pas risqué ?
Si le Président Faure devait se préoccuper uniquement de sa popularité, il n’agirait pas du tout. Il ne prendrait effectivement aucun risque. C’est un homme d’Etat pleinement conscient de sa responsabilité et déterminé à l’assumer, peu importe les conséquences au plan électoral. On ne peut mettre dans la balance d’un côté le pays et l’intérêt général et de l’autre côte les ambitions et intérêts purement partisans. Le Président agira toujours en fonction de ce qu’il estime être dans l’intérêt du pays et de l’ensemble de la population et non les intérêts d’un camp ou d’une fraction sinon on risque de tomber dans les particularismes malsains.
Entre d’une part ceux qui acceptent d’assumer la responsabilité en agissant au service du pays quels que soient les échecs et les erreurs qu’ils encourent, et ceux qui se complaisent dans la contemplation et le refus d’oser, je crois que les togolais préféreront les premiers, plutôt que les marchands d’illusions qui fuient l’action et redoutent d’être confrontés aux dures réalités de la gestion et de l’exercice du pouvoir afin de préserver une virginité et être auréolés de bons sentiments.
Lynx.info: L’ONG Transparency Internationale liste le Togo au 149e rang des pays les plus corrompus du monde. Peut-on dire que Faure a échoué au niveau de l’impunité sur les biens publics?
La lutte contre la corruption et l’impunité est une tâche immense et laborieuse. Les conclusions du rapport de Transparency International méritent d’être analysées afin de concevoir et mettre en œuvre des réformes et mesures plus vigoureuses dans les secteurs qui suscitent des préoccupations. Pour le Président Faure, c’est une urgence et une priorité absolue parce que cette question a des incidences en matière de climat des affaires. La justice et le parquet, qui doivent veiller à l’intérêt de la collectivité, devraient être en mesure de s’autosaisir lorsqu’elle dispose d’éléments probants.
Lynx.info: Les Togolais reprochent à Faure d’avoir créé deux Togo. Le Togo des riches et celui des pauvres. Votre avis.
J’ai l’impression que vous cherchez à vous abriter derrière « les Togolais » pour avancer des accusations sans fondements ! Ce sont là des impressions et opinions qui relèvent généralement de la malveillance et d’une volonté de nuire, de dénigrer et calomnier injustement pour entretenir du sensationnel.
Lynx.info: Lomé serait en chantier. Les autres villes sont restées toujours sans développement significatif. Les Togolais disent que Faure manque d’une vision à long terme pour le Togo. Que le leur répondez-vous?
Le Président Faure est constamment à l’écoute des opinions divergentes et des idées des autres. La politique d’ouverture et de dialogue qu’il prône et mène le prédispose à valoriser les idées et les contributions que d’autres Togolais pourraient apporter. N’hésitez pas, si vous avez connaissance de la vision et des projets dont d’autres seraient porteurs, de me le signaler à défaut de l’adresser directement au Président lui-même. Cela aiderait à nourrir ses propres réflexions et ses initiatives et actions. Je ne nie pas qu’il existe encore des disparités et des déséquilibres régionaux. Lomé est notre capitale et une vitrine pour tout le pays. Le port, notre atout économique majeur, est situé à Lomé. Il est normal qu’il y ait plus d’infrastructures publiques à Lomé, si l’on veut renforcer la compétitivité de notre port et de notre économie et améliorer la mobilité et le cadre de vie et de travail des nombreuses institutions nationales et internationales qui y sont installées. Toutes les autres villes et régions du pays ne sont pas pour autant négligées par les actions de développement.
Lynx.info: Je vous remercie
Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info