Etre et avoir été, conjuguer le passé au présent, jouer l’homme neuf alors qu’on blanchi sous le harnais; tel est l’impossible défi que Jean Ping veut relever.
Prend-t-il les gabonais pour des amnésiques ? Tout le laisse croire car de son passé de cacique du régime de Omar Bongo; il tente d’effacer tout souvenir de la mémoire de ses concitoyens.
C’est un Ping nouveau, tout frais, comme le beaujolais nouveau qui fait ses shows et essaie de tenter une OPA sur l’opposition gabonaise. Celle-ci orpheline de Mba Obame, malade et de feu Mamboundou ne sait plus à quel saint se vouer et semble vouloir se donner à Ping.
Il est permis de penser que la nouvelle génération ne va pas accepter ce retour au passé. En effet quels que soient les discours mielleux de Ping; ce dernier ne peut gommer son passé et surtout pas sauter par-dessus son époque. Il est et demeure un septuagénaire marqué par les pratiques politiques désuètes que le Gabon nouveau a décidé d’enterrer sous la houlette du Président Ali Bongo, un homme jeune, en phase avec l’immense majorité de ses concitoyens.
En vérité Ping est un réactionnaire dans le sens qu’il prône un retour au statu-quo ante qui condamne le Gabon au recul dans tous les domaines. Un choix rétrograde qui tranche avec le programme « Gabon Emergent » élaboré par Ali Bongo qui permet à son pays de prendre son destin en main pour conquérir l’avenir. Un nouveau pays qui saisit les opportunités exceptionnelles que lui offre la mondialisation. Pour prendre le train des nouvelles technologies de l’information et de la communication, moderniser son économie, identifier et investir de nouveaux secteurs porteurs, redynamiser l’éducation et la formation des jeunes en mettant le pays tout entier à l’heure de l’innovation et de la créativité.
Assurément c’est ce chemin d’avenir qu’il urge d’emprunter et non celui qui mène à l’impasse des échecs du passé.
Jean Ping ne peut pas incarner l’avenir. Il est un homme du passé qui n’a plus les outils indispensables pour analyser les réalités complexes du nouveau contexte gabonais et mondial.
Les temps ont changé de manière spectaculaire. Les grilles d’analyse élaborées du temps de la guerre froide ne sont plus opérantes. Nous sommes à l’heure numérique et la montre de Ping s’est arrêtée avant la chute du mur de Berlin.
Il s’y ajoute que l’homme est un opportuniste qui s’infiltre partout où il peut défendre ses intérêts du moment. C’est ainsi qu’il avait réussi à intégrer la famille du président Omar Bongo en se mariant avec Pascaline Bongo. Cette union matrimoniale n’est pas pour rien dans sa carrière politique et professionnelle.
Aujourd’hui il cherche à nuire à cette même famille qui lui avait grandement ouvert ses portes. C’est une démarche incompréhensible pour ce qu’il faut bien appeler la morale tout court. La reconnaissance est une vertu et quelqu’un qui en manque peut difficilement revendiquer le statut de leader digne de ce nom. Non pas que Ping ne soit pas libre d’avoir de l’ambition et même démesurée; mais il doit savoir raison garder notamment dans ses propos qui frisent la xénophobie envers les Africains de l’Ouest immigrés au Gabon.
Si une telle attitude avait prévalu; il ne serait pas aussi bien intégré au Gabon où son père avait émigré. On ne doit jamais oublié d’où on vient.
Le Gabon est une terre africaine accueillante et fraternelle. Et puis la xénophobie est tout simplement signe d’un manque de lucidité et de perspicacité dans l’analyse de l’évolution des sociétés humaines caractérisées par les brassages dont Ping lui-même est une preuve vivante.
A cet égard l’Afrique a toujours été exemplaire: Kadhafi avait un directeur de cabinet, Bachir Saleh né au Niger que d’aucuns pouvaient qualifier « d’étranger » parce qu’il était noir.
La Côte d’Ivoire de feu Félix Houphouët Boigny a compté de nombreux ministres maliens, burkinabé, sénégalais, guinéens etc.
Au Sénégal un français naturalisé, Jean Collin a eu à occuper des postes stratégiques au niveau le plus élevé de l’Etat. Aujourd’hui le président par intérim de la Zambie est un blanc d’origine écossaise. On peut continuer à multiplier les exemples pour ruiner le discours xénophobe dont Ping cherche à faire un fonds de commerce politique. Cela ne passera pas au Gabon et il est lui-même le symbole de ce refus de la xénophobie.
En ce qui concerne les autres leaders de l’opposition qui se rangent derrière lui par calcul politicien; ils creusent, par –là même leur propre tombe politique. Car si c’est Ping, le revenant qui est leur porte de salut; alors ils doivent s’interroger sur l’échec de leur propre action depuis toutes ces années. Quand Ping les avait laissés sur place pour aller faire carrière à l’Union Africaine, après avoir longuement occupé de nombreux postes dans le régime du président Omar Bongo.
Si Ping réussit son OPA sur l’opposition gabonaise –ce qui est encore loin d’être acquis-alors cela en dirait long sur l’état de déliquescence de celle-ci. Incapable d’assurer son propre leadership et, encore moins de proposer un programme politique, économique et social crédible aux citoyens.
Ces derniers ne vont pas s’y tromper car le recyclage de Ping en opposant « pur et dur » ne peut pas passer tellement il sonne faux. Tout ne serait alors que posture, opportunisme et volonté de réussir coûte que coûte ? Aucune conviction, aucun sérieux, on navigue à vue et on surfe sur les opportunités de l’heure. Aujourd’hui cacique d’un régime et au crépuscule de la vieillesse, on se reconvertit en opposant. Qui va mordre à l’hameçon ?
Les citoyens gabonais sont politiquement mûrs; ils savent que les caciques du précédent régime en veulent à Ali Bongo parce qu’il a décidé de gérer le pays de manière rigoureuse et responsable; comme il en a reçu mandat du peuple gabonais. Cela n’a évidemment pas l’heur de plaire aux habitués de la facilité qui se sont bien amusés avec les largesses du président Omar Bongo.
Le président Ali Bongo ne peut pas se permettre cela car les temps ont changé et les jeunes gabonais, la nouvelle génération a des exigences de formation et d’insertion dans le tissu économico-social légitimes qui doivent être satisfaites.
Et il s’y attèle avec son gouvernement composé d’hommes et de femmes compétents et dévoués à la cause nationale.
Le défi de l’émergence est bien à la portée du Gabon, un pays dont le potentiel est tout simplement fabuleux. Le président Ali Bongo en a conscience et s’est donné les moyens d’atteindre les objectifs ambitieux qu’il a définis pour son pays.
Ping est un homme du passé dont le passé ne passe pas. Les habits d’homme nouveau qu’il voudrait enfiler sont étriqués pour lui car vétustes et rapiécés.
On ne fait pas du neuf authentique avec du vieux. Le recyclage chez les humains a des limites objectives. Il y a peut-être le clonage; mais il n’est pas encore d’actualité chez les êtres humains.
Ping peut toujours rêver et engager une campagne électorale avant l’heure. Ce sera en pure perte. La mayonnaise ne prendra pas et on peut douter que le septuagénaire Ping puisse tenir la distance jusqu’en 2016 ? Les parcours électoraux sont longs et parsemés d’embûches. La foule des curieux qui vont au spectacle des meetings ne sont pas nécessairement des électeurs inscrits qui pourront voter le jour j. Cela peut faire illusion surtout, qu’en face le gouvernement travaille et a donc d’autres priorités qui ont noms: demande sociale, éducation, taux de croissance etc.
Le temps de la campagne viendra et Ping se rendra compte qu’il est ultra minoritaire face à la machine électorale du PDG.
Il en a certainement conscience et c’est pourquoi il prend les devants pour aller vendre ses illusions à d’éventuels soutiens intéressés.
L’agitation actuelle de Ping a aussi pour cible cette clientèle extérieure qui pourrait financer sa campagne en espérant un retour hypothétique sur investissement.
Faire illusion; c’est aussi faire de la politique. A courte vue !
Parions que la baudruche Ping finira par se dégonfler quand le cacique sera rattrapé par son passé et le poids des ans.
Engagé dans une OPA sur l’opposition gabonaise, Ping fera l’effet d’une bulle spéculative fracassée sur le mur des réalités politico-sociales du Gabon.
Pour l’heure, il peut toujours rêver.
Emmanuel John DO