DES MILITANTS POLITIQUES ARRÊTÉS RISQUENT LA TORTURE
Plus d’une douzaine de militants politiques arrêtés au moment de l’élection présidentielle togolaise – qui s’est soldée par la réélection de Faure Gnassingbé – risquent d’être torturés ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements en prison. Deux d’entre eux ont besoin de soins médicaux urgents, dont ils ne bénéficient pas à l’heure actuelle.
Augustin Glokpon et Jacob Benissan ont été arrêtés le 3 mars, la veille de l’élection, alors qu’ils emmenaient du matériel de campagne dans la ville de Vogan, à 45 kilomètres à l’est de Lomé, la capitale. Ils appartiennent tous les deux à l’un des principaux partis d’opposition, l’Union des forces de changement (UFC). Ils ont été détenus une semaine à la gendarmerie de Lomé, avant d’être inculpés d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Le juge d’instruction a ordonné leur placement en détention provisoire à la prison civile de Lomé, mais les forces de sécurité les ont conduits à la prison de Kara, une ville située à 420 kilomètres au nord de Lomé. Par conséquent, il est beaucoup plus difficile pour leurs proches et leurs avocats de leur rendre visite. Augustin Glokpon souffre de problèmes liés à son hypertension et Jacob Benissan est diabétique. Les médicaments qu’ils avaient sur eux au moment de leur arrestation – et qu’ils doivent prendre quotidiennement – sont en train de s’épuiser, et ils ne reçoivent pas de soins médicaux en prison.
Une douzaine d’autres militants de l’opposition ont été emmenés à la prison de Kara le même jour et inculpés de la même infraction. Deux d’entre eux, Gérard Adja et Emmanuel Atayi, sont membres de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS), un parti d’opposition ; ils ont été arrêtés deux jours après l’élection, en possession de dépliants contestant la réélection de Faure Gnassingbé. Les autres, parmi lesquels Fulbert Attisso et Guillaume Coco, appartiennent à une organisation politique appelée Mouvement citoyen pour l’alternance (MCA) et ont également été arrêtés à Lomé.
Amnesty International reçoit régulièrement des informations concernant des détenus, en particulier des membres de l’opposition, qui ont subi des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements à la prison de Kara. Cette ville est le fief du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), dirigé par le président Gnassingbé.
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE AUX DESTINATAIRES CI-APRÈS (en français, en anglais ou dans votre propre langue) :
appelez les autorités à libérer immédiatement et sans condition Augustin Glokpon, Jacob Benissan, Gérard Adja et Emmanuel Atayi car ces hommes sont, semble-t-il, des prisonniers d’opinion
demandez-leur de faire en sorte qu’Augustin Glokpon et Jacob Benissan reçoivent sans délai les soins médicaux dont ils ont besoin;
priez-les instamment de veiller à ce que tous les détenus soient protégés de la torture et de toute autre forme de mauvais traitements, et à ce qu’ils puissent régulièrement recevoir la visite de leurs proches, consulter leurs avocats et bénéficier de tous les soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin.
ENVOYEZ VOS APPELS AVANT LE 23 AVRIL 2010 À :
Ministre de la Sécurité et de la Protection civile :
Colonel Atcha TITIKPINA
Ministre de la Sécurité et de la Protection civile
Ministère de la Sécurité et de la Protection civile
BP 12175, Lomé, Togo
Fax : +228 222 61 50/
+228 222 21 84
Formule d’appel : Dear Minister, / Monsieur le Ministre,
Ministre de la Justice :
Kokou Biossey TOZOUN
Ministre de la Justice
Ministère de la Justice
BP 121, Lomé, Togo
Fax : +228 222 29 06/
+228 221 54 91
Formule d’appel : Dear Minister, / Monsieur le Ministre,
Copies à :
Ambassadeur du Togo en France :
Tchao SOTOU BERE
Ambassadeur du Togo en France
8, rue Alfred Roll
75017 Paris, France
Fax : +331 43 80 06 05
Formule d’appel : Dear Ambassador, / Monsieur l’Ambassadeur,
Veuillez également adresser des copies aux représentants diplomatiques du Togo dans votre pays. Vérifiez auprès de votre section s’il faut encore intervenir après la date indiquée ci-dessus. Merci.
ACTION URGENTE
DES MILITANTS POLITIQUES ARRÊTÉS RISQUENT LA TORTURE
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Le président sortant, Faure Gnassingbé, a remporté l’élection présidentielle togolaise qui s’est tenue le 4 mars 2010. En 2003, il avait été nommé au gouvernement par son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays pendant plus de 40 ans, jusqu’à sa mort en 2005.
L’élection du 4 mars s’est déroulée, semble-t-il, dans une atmosphère de fraude généralisée, condamnée par les dirigeants des partis d’opposition lors de manifestations qui ont été interdites ou dispersées au moyen de gaz lacrymogène.