Face à la contestation croissante à l’égard des résultats délivrés par la Ceni, Ouattara est retourné fin avril en renfort de son ami
En territoire françafricain, où les dictatures sont la règle, en l’occurrence au Togo où règne la dynastie Gnassingbé installée par l’Etat français sous De Gaulle et Foccart au travers d’un coup d’Etat ayant vu l’assassinat en 1963 du président élu démocratiquement (Sylvanius Olympio), une nouvelle farce électorale semble se dessiner au Togo.
Jean-Pierre Fabre, candidat de l’opposition, arrivé en deuxième position selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Togo, dénonce un coup de force électoral planifié de longue date par le dictateur Faure Gnassingbé fils d’Eyadéma, déclaré vainqueur du scrutin présidentiel avec 58,75% des voix contre 34,95% à son challenger. Une dynastie installée et soutenue par la France depuis un demi-siècle.
« Il s’agit donc d’un coup de force électoral planifié de longue date et exécuté avec des procès-verbaux contenant des résultats préfabriqués, d’où les distorsions et les aberrations, comme lors de toutes les élections organisées par le régime RPT/UNIR, notamment, les élections présidentielles de 2005 et de 2010 », a fait savoir Patrick Lawson, le Directeur de campagne de Jean-Pierre Fabre.
Fabre estime que les résultats proclamés le mardi 28 avril 2015 par le président de la CENI sont des résultats frauduleux qui n’ont rien à voir avec ceux obtenus par le centre informatique de CAP 2015 et qui proviennent des procès-verbaux des bureaux de vote.
Ou à comparer au trucage électorale en 2010 dans les zones favorables à Ouattara dans le nord de la Côte d’Ivoire où l’ONU n’avait pas été déployée.
« Dans la Vallée de Bandama le candidat Ouattara a totalisé en réalité 149.598 voix. Cependant, la CEI régionale a communiqué à la CEI centrale 244.471 voix soit une augmentation frauduleuse de 94.873 voix supplémentaires : les preuves du trucage… » ([Cf. http://www.ivoiredignite.com/index.php]).
M. Philippe Evanno chercheur à la Sorbonne, directeur de l’Institut de Prospective Africaine, a déclaré : « L’ONU a été incapable de respecter ses engagements et d’assurer le désarmement des forces de la rébellion au nord. L’élection a eu lieu sous le contrôle des forces armées de la rébellion.
Ce sont des seigneurs de la guerre, qui détournent les taxes et les impôts à leur profit, qui ont pris le contrôle du diamant et de différents minerais et contrôlent une partie du commerce du cacao. Cette rébellion au nord est une organisation politique, économique et militaire et elle est restée en place alors que différentes résolutions de l’ONU et différents accords internationaux prévoyaient que l’élection ne pourrait pas avoir lieu tant que le désarmement ne serait pas effectif»
Comme l’écrivait, Michel Galy : « oui, les élections largement truquées au nord (de la Côte d’Ivoire) ont bien été « la continuation de la guerre par d’autres moyens » ». Et comme l’écrivait l’ancien « chef de guerre » de la Vème République : « On a sorti Gbagbo, on a installé Ouattara ».
En fidèle parmi les fidèles de la Françafrique, Ouattara est allé apporté son soutien à un dictateur françafricain en péril qui ne se maintient qu’au travers de coups d’état électoraux et de répression sanglante soutenu par la France depuis son accession au pouvoir en 2005.
Une tribulation françafricaine qui n’est pas sans rappeler les élections qui se sont tenues en Côte d’Ivoire en 2010 et au Gabon en 2009. D’ailleurs avant la proclamation des résultats le très françafricain Ouattara piloté par Paris et dont le pays est le lieu de villégiature de l’armée française s’était rendu au Togo en février 2015 pour encourager à l’organisation des élections libres, apaisées et transparentes au Togo. Ouattara, une référence en la matière ? Face à la contestation croissante à l’égard des résultats délivrés par la Ceni, Ouattara est retourné fin avril en renfort de son ami françafricain Gnassingbé au pouvoir de père en fils depuis plus de 50 ans.
Selon Rue 89, « c’est un coup de force électoral auquel se livre la Ceni togolaise, malgré la présence d’un comité ad hoc de suivi technique de l’élection – qui a vu la communauté internationale accompagner pour la première fois le processus électoral togolais jusque dans sa phase la plus sensible, la centralisation et le dépouillement des résultats. Le rapport de force commençait à devenir si défavorable à Faure Gnassingbé que le président de la Ceni, Taffa Tabiou, qui appartient au camp présidentiel, s’est dépêché de proclamer des résultats provisoires mardi soir, après trois jours d’empoignade et trois nuits sans sommeil. »
A croire que l’on se croirait revenu en Côte d’Ivoire lors des élections présidentielles de 2010 quand des résultats falsifiés en faveur de Ouattara avaient été annoncés avant toute validation par le conseil constitutionnel du pays. Les chars français s’étaient chargés par la suite d’installer au pouvoir le candidat françafricain de Paris et d’envoyer le président sortant dans la prison (néo)coloniale de la CPI.
Selon Sabine Cessou, (les vrais résultats d’une élection pas comme les autres), au Togo, « des manipulations un peu trop voyantes : dans certains cantons, les procès-verbaux (PV) auraient fait état d’un score de 100% en faveur de Faure Gnassingbé, comme si les assesseurs de l’opposition avaient eux-mêmes voté, comme un seul homme, pour leur adversaire… Selon nos sources, la falsification des PV s’est également faite dans les villes des région nord.
Au sud, dans la région maritime, des villes comme Aného, fief de l’opposition, auraient voté à 80% (43 000 voix) pour Jean-Pierre Fabre (contre 11 000 pour Faure), dans des conditions de transparence satisfaisantes, tandis que les localités des régions nord auraient au contraire massivement voté pour Faure Gnassingbé, de manière trop flagrante pour que l’opposition ne conteste pas ces scores auprès de la Ceni. »
Une méthode françafricaine rappelant les élections au Gabon de 2009
Blog Sam la Touche