« C’est plutôt le gouvernement togolais qui me doit de l’argent »
Depuis la Suisse où il vit, l’ancien Premier ministre, Eugène Koffi Adoboli réagit à la condamnation prononcée hier à son encontre par la Justice togolaise et nie en bloc les accusations portées contre lui.
Ma première réaction suite à la condamnation qui vient d’être prononcée à mon encontre se résume comme suit. La décision de la Justice togolaise est arbitraire et non avenue. Elle ne respecte aucunement la déontologie en matière de justice qui voudrait que l’accusé ait droit à la parole. Comment peut-on juger quelqu’un sans l’en informer ? Ce n’est que la veille du jugement, précisément le mercredi 20 juillet, que j’ai été informé par une connaissance que j’allais être jugé pour des faits que je ne reconnais même pas. Les autorités judiciaires ne peuvent prétendre qu’ils ne savaient pas où me joindre. Dans la mesure où j’ai été haut fonctionnaire des Nations Unies, ils savent au moins où me chercher s’ils avaient perdu mes traces. Lorsque j’ai eu l’information du jugement mercredi, j’ai contacté un avocat pour me représenter mais il n’a pas pu faire grand-chose.
Les autorités ne peuvent pas prétendre non plus que j’ai fui le pays. Car elles savent très bien que je vivais en Suisse en tant que haut fonctionnaire des Nations Unies avant qu’elles m’invitent pour assumer les fonctions de Premier ministre.
La justice s’est fondée sur de fausses accusations pour me condamner. Au grand jamais, je n’ai détourné des fonds de l’Etat togolais. Ma mission a été d’organiser le sommet de l’OUA qui a été une grande réussite. Je me réserve le droit de vous donner tous les détails sur l’affaire mais sachez bien au contraire, que c’est plutôt le gouvernement togolais qui me doit de l’argent. Plus de 200 millions de francs CFA qui correspondent à divers frais que j’avais financés de ma propre poche. J’avais même constitué un dossier pour réclamer ces fonds. Ce dossier est bien connu de feu président, Gnassingbé Eyadéma, du Premier ministre d’alors, Agbéyomé Kodjo et du conseiller du président, Barry Moussa Barqué. Si je n’avais pas révélé cela sur la place publique, c’est parce que j’avais de l’estime pour mon pays dont je ne peux avilir l’image.
Cette condamnation est une triste décision qui ne fait pas honneur au Togo. Elle le discrédite grandement sur le plan international. Au-delà de la colère, je suis déçu par mon pays et ses dirigeants. Je suis déçu qu’après l’avoir servi en toute droiture, ses dirigeants me remercient du revers de la main. Je ne sais pour le moment quelle suite donner à cette affaire mais les réflexions continuent et vous aurez de mes nouvelles le moment venu.
Association Togo.alternance
J.C.L
Bruxelles