Être ministre de Faure Gnassingbé : Pouvoir dépouillé, incapacité à former son cabinet, refus d’assumer et défaitisme prononcé !

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Il n’est pas du tout bien d’être ministre ou premier ministre sous le ciel togolais. Seul le président compte, le premier ministre et ses ministres ne sont que des valets du chef de l’Etat. Ces grands commis de l’Etat n’ont aucune marge de décision vu que tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’une seule personnalité, son excellence le président de la République à qui l’on se réfère pour la conduite à tenir. L’homme « sous l’impulsion ou la houlette de qui » tout se décide et se déroule au Togo et sans qui rien ne va. Etant entendu que seul le président compte, que valent alors le premier ministre et les ministres au Togo ?

« Le premier ministre et les ministres au Togo ne sont que des valets, des garçons de course, des boys du chef de l’Etat. Du vivant du général Eyadema, certains ministres tremblaient devant les cousins, femmes, fils et filles de celui-ci», dit Modeste Dansou depuis Lomé. Au fait, ces comportements n’ont pas disparu des rangs des ministres d’aujourd’hui si l’on s’en tient au cas de ceux qui se confondent au magma et se prosternent devant des intimes du chef de l’Etat. La plupart des ministres pour ne pas dire tous, au lieu d’être au service du pays se mettent à servir exclusivement un homme et le système. Idem pour les directeurs généraux qui vont jusqu’à laisser des marges de manœuvre aux frères et cousins de maîtresses du prince, juste pour conserver leurs garde-mangers. Entre-temps, le colonel Ouro-Koura Agadazi en charge de la gestion de l’Agence Nationale de la Sécurité Alimentaire du Togo (ANSAT) s’était permis de laisser des proches d’une maîtresse du chef de l’Etat diriger des missions de l’agence à l’intérieur du pays au nez et à la barbe des agents de l’ANSAT qui ne pouvaient dire mot. Ces proches de la maîtresse n’étant pas engagés par l’agence. Aujourd’hui où il y a eu clash, l’on ne voit plus traces desdits proches de cette intime du président à l’ANSAT. Comment peut-on diriger un pays de la sorte ? Un cas qui nous rappelle celui de cette dame soi-disant esthéticienne qui a envahi littéralement l’écran de la Télévision nationale (TVT) parce que son « cogneur » est un proche du patron de la maison. Des nègreries à arracher les cheveux sur la tête d’un chauve.   Revenons à nos chers ministres.

Les ministres togolais sont obligés à chaque occasion de craindre pour leur pain et ainsi, ils font tout pour plaire au chef, au patron, au « Mandja ». Il y en a qui n’ont aucune initiative sauf celles que le président leur donne à faire. Pourquoi est-on nommé à ce poste alors ? Pour seulement lécher les miettes ou servir le pays ?

Au Togo, les ministres ont toujours fait référence au chef de l’Etat dans tout ce qu’ils entreprennent avec des bouts de phrase du genre « Sous l’impulsion de son Excellence Faure Gnassingbé ». Tous les ministres RPT/UNIR ne font que répéter ces bouts de phrase dans leurs allocutions comme si l’on ne savait pas qu’au Togo à l’heure actuelle, c’est Faure qui dirige. Des « atalakous » ressemblant aux enfantillages ou nègreries comme le dirait l’autre. Des mises en scène qui font pouffer de rire plus d’un au Togo.

Dépouillés de leurs pouvoirs, les ministres ont fini par ne représenter que l’ombre d’eux-mêmes. Le dépouillement des pouvoirs du premier ministre et des ministres commence déjà avec la composition de leurs cabinets. Aucun premier ministre que certains assimilent d’ailleurs au premier des ministres et ministre n’a formé librement son cabinet sous le règne des Gnassingbé. Hormis la période de transition démocratique (de 1992 à 1994) où Me Joseph Kokou Koffigoh avait eu les coudées franches pour former son cabinet et plus ou moins sous la gestion d’Edem Kodjo en 1994 et de Me Yawovi Agboyibo en 2006, tous les autres chefs de gouvernement que le Togo a connus, ont été obligés de composer avec des hommes imposés à eux par le système RPT. C’est ainsi pour les cas des premiers ministres Komlan Mally, Gilbert Houngbo et de l’actuel Séléagodji Ahoumey-Zunu qui ont dû collaborer avec l’inamovible directeur de cabinet Simféitchéou Pré. Calé à ce poste depuis des années, Simféitchéou Pré a vu passer trois chefs de gouvernement. A croire que le poste lui était destiné depuis le ventre de sa maman chérie. Ce qui n’est pas normal. En principe, dans un système démocratique où règne l’alternance, chaque premier ministre ou ministre débarque avec ses hommes à lui en qui il a confiance. A la primature, si Simféitchéou Pré n’était pas imposé aux premiers ministres comme directeur de cabinet, c’est sûr et certain que ceux-ci allaient nommer leur homme à ce poste. Le même scénario se déroule dans les cabinets ministériels où les ministres sont tenus de faire avec les hommes à eux imposés. Les ministres débarquent souvent pour certains, avec l’attaché de cabinet, le conseiller en communication et la secrétaire particulière qui sont leurs hommes et pour d’autres, seuls, tous leurs collaborateurs étant des recommandés ou des individus déjà en place qu’il est obligé de garder malgré lui. Une aberration que tentait de refuser en mai 2010 l’Union des Forces de Changement (UFC) au moment de son entrée au gouvernement.   Mais ce refus n’a été que de courte durée puisqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, certains ministres UFC comme Fofana Bakalawa des Sports et des Loisirs, ont leurs directeurs de cabinet qui sont de purs sang UNIR.

Au Togo, le président nomme les ministres qui se contentent de collaborateurs à eux imposés. L’autre cas le plus célèbre en dehors de celui de Simféicthéou Pré de la primature concerne l’indéboulonnable directeur de cabinet au ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales Tèko Mèwènawovo. Cet individu a connu plusieurs ministres mais lui est toujours scotché au poste comme si c’était sa propriété privée et personnelle. Ce qui enrage plus d’un. Nous nous rappelons aussi comme si c’était hier le cas du ministre Pascal Bodjona du temps de sa toute puissance qui imposait ses hommes à lui dans les cabinets de certains de ses collègues. Ces derniers ne pouvaient broncher car, entendait-on, Bodjona était un super ministre et avait surtout la confiance du chef. Aujourd’hui, le tout puissant Pascal Bodjona a vu sa couronne verser par terre « waa ». Passons.

Dans un Togo où le ministre ne vaut pas grand-chose, certains comme le ministre Ninsao Gnofam en charge des Travaux Publics se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, ont la grosse tête et le dos rond d’après tous ceux qui le connaissent. « Ce monsieur croit qu’être ministre, c’est la fin du monde ou quoi ? Il est tellement arrogant qu’on dirait que, c’est avec lui que le poste ministériel est né. Un peu d’humilité monsieur le ministre », confie sous couvert de l’anonymat l’un des visiteurs du ministre Gnofam qui ajoute l’avoir fui depuis pour ce comportement.

Mais alors, si un premier ministre ou un ministre n’est pas en mesure de former librement son cabinet, d’où devrait commencer d’ailleurs son pouvoir, de quelles prérogatives dispose-t-il ? Dans ces conditions où tous leurs pouvoirs sont dépouillés par le président, les ministres deviennent quoi ? N’est-ce pas des valets, laquais, faire-valoir corvéables et taillables à merci. Entre-temps, savez-vous qu’au Togo, les ministres ne démissionnent pas, ils sont démissionnés ? Le président peut les humilier comme il veut, ils sont là à courir derrière lui comme un enfant affamé derrière sa maman pour une pitance. Le cas Komlan Mally emporté le 15 juin 2011 par la vague du Syndicat des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) mais qui court dans tous les sens dans l’attente d’une suite favorable. Une fois remerciés, certains se transforment en conseillers à la présidence même s’ils ne sont jamais consultés pour conseils. Et puis, le poste est tellement dévalué de nos jours que n’importe quel margouillat peut devenir ministre. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les catégories. D’aucuns vont jusqu’à parler de calamités, désastres, coquilles vides.  Dans un pays où les ministres ont tout perdu, peut-on leur demander encore de laisser tomber le pain auquel ils s’y accrochent? Ainsi, les ministres au Togo se hâtent tous comme si demain sonnera la fin du haricot. Entre nous, qui a donné tous les pouvoirs au président de la République, à son Excellence?

Taffa Biassi Lynx.info
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