Et Puis s’en est allé !

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Le Lynx qui avait tenté vainement de le joindre ne le reverra plus. Il a passé toute sa vie à lutter. Dans sa lutte il n’a pas fait que des amis. Le pouvoir trentenaire de Paul Biya l’a mis dans ses geôles 126 fois en 30 ans, et dame nature est venue achevée le reste. Mort dans un accident de circulation aux États-Unis, Puis N’djawé était invité par la diaspora camerounaise pour trouver les voies et moyens pour que Paul Biya ne tripatouille pas la constitution déjà en pièces détachées pour les élections de 2011. Signe des temps, c’est aussi par un accident de circulation que en 2002, son épouse Jane Njawé (premières noces) est morte. Pius immortalisera son épouse en créant une association pour lutter contre les accidents de la route dans son pays.

L’écrivain et opposant n’était pas la voix du Cameroun. Il était la voix de toute l’Afrique.

Il n’a que 22 ans quand il débute avec l’écriture après une formation de mécanicien. Il crée dans la foulée le Messager qui va connaître son apogée quand Pius parle d’un « malaise » du chef de l’Etat camerounais Paul Biya en pleine coupe d’Afrique des nations. Crime de lèse majesté. Le pouvoir trouvera l’alibi en parlant de divulgation de fausses nouvelles. Arrêté et torturé,il sortira de la prison avec des pressions diverses venant des cris de la communauté internationale. Il me confiera au téléphone quand l’association Survie l’a invité en France que ce fut le plus grand moment de sa vie. Quand je lui demandai si il pensait que par l’écriture Paul Biya partira un jour, il me répondis « Camus de deux choses l’une : Soit tu crois et tu luttes pour ce que tu crois, ou soit tu abdiques et tu n’est pas alors autre chose que nos chefs d’Etat que tu dis combattre »

Grand  écrivain, Pius ne lâchera pas son groupe Free Media Group, basé à Douala (sud, capitale économique) et qui emplois 46 personnes. Les contrats publicitaires d’Orange lui sont retirés sans raison sur les pressions des autorités de Yaoundé. Puis N’djawé ne se sentira jamais atteint en dépit de tous les problèmes financiers que le journal le Messager courait. Au contraire sobre, sinon très sobre, il avait refusé toute cohabitation avec le dictateur du palais  d’Etoundi. Très en colère avec les 500 morts au Togo pour que Faure devienne président, il le traîtera dans un article d’une véhémence inédite, de «  fils infecte ».

C’est dans cette lutte pour un Cameroun libre et prospère que  le Grand Pius quitte la terre. Il rejoindra un autre grand africain que la dictature au Burkina a arraché aux hommes : Norbert Zongo. Que la terre te soit légère mon frère !

Camus Ali  Lynx.info

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