Et pendant ce temps le peuple Bassar regarde…[ Par Camus Ali ]

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C’est la deuxième préfecture la plus vaste du Togo après celle de Sotouboua. Il fallait le dire pour les Togolais qui ne le savent pas encore. C’est aussi l’un des greniers dans le septentrion. Pour finir, c’est la ville avec une histoire et des traditions. Bassar encore appelé « Bassari » sous l’époque coloniale n’a connu à l’instar de toutes les préfectures qui sont depuis debout pour dire non à la dictature que, injustice, brimades et humiliations…..Pourtant, c’est l’une des préfectures les moins nanties en termes d’infrastructures. Dans cette ville, il n’y a aucune banque pas de structures sportives moins encore de centre pour enfants. Le lycée date des temps immémoriaux et la préfecture est la plus délabrée de toute qu’on connait au nord du Togo. Le dispensaire construit à l’époque des grands travaux de Sylvanus Olympio a été d’abord retouché par le père et ensuite par le fils. Pour dire, les mêmes briques n’ont connues que la peinture. Grosso modo, rien de changer sous le soleil dans cette ville depuis cinquante-deux ans. Avec la vague de contestation qui a pris tout le Togo comme une épidémie depuis août 2017, Bassar la ville soumise regarde et regarde. Des officiers, je dirai des galonnés ont bien pris soins de dire à tout le monde de se cacher et surtout de faire profil bas. Ici s’arrête la révolution des œillets, version togolaise ! On se souvient encore de cette phrase du général Bonfoh Bassabi à son père frère Zakari nommé à la va vite chef d’état-major des Forces Armées Togolaises (FAT) après le cloutage des Togolais en février 2005 : « Zakari…petit frère, les kabyè vont t’écraser si tu joues à un héros des grandes guerres ». La suite on la connait. Le généralissime Zakari Nandja trouvera le moyen de faire encore profil bas plus qu’un militaire subalterne. En témoigne cette anecdote que Kofi Yamgnane me racontera en 2005 après une interview en off. Alors que, le tout Togo bouillonnait et que, François Boko jouait au chat et à la souris avec le pouvoir, Kofi Yamgnane appelle le général Nadja Zakari (Bassar comme lui). Au bout du fil, le secrétaire de Nandja. Mon général, c’est le ministre Kofi Yamgnane qui est à l’appareil. Paniqué, le général Zakari Nandja se met à courir dans tous les sens dans son bureau. Le Bassari de Bangéli entendra son frère général de Kabou dire à son secrétaire à voix basse : « Dis-lui surtout que je ne suis pas là ». Le courage de général de sa trempe venait de prendre fin !

Depuis, la peur semble être devenue générale dans la ville de Bassar et de leurs cousins de Kabou. Le grand peuple bassari muet comme une carpe au fond de l’eau. Le tas d’intellectuels originaire de la ville est resté aphone. Certains ont même tronqué le diplôme pour le vol à ciel ouvert des biens publics. Combien de fois, la presse togolaise n’a pas épinglé le ministre Nissao Gnofam à s’expliquer sur les milliards qui prennent d’autres directions que celui des routes et pistes ? Le natif de Binaparba (banlieue ouest de Bassar, NDLR) confond depuis qu’il travail « mano in mano » avec Faure Gnassingbé, biens publics et patrimoine privé. La liste des pistes et routes inachevées sous son magistère témoigne de la délinquance déguisée en principe de gouvernance dont il est le parrain. L’Al Capone de Binaparba entend on dire ! Pour Faure Gnassingbé, il serait prêt à tout. Bassar, la cité des gens fiers et dignes, voici ce que tes enfants ont fait de toi. Même dans l’Avé et dans le petit village d’Afagnan où Faure Gnassingbé est né, pancartes et fanfares en mains, les gens se sont levés comme pour dire à ce dernier, tu ne méritais pas d’être né ici. Pendant ce temps, à Bassar où les routes sont devenues des ruelles, les ruelles en pistes, les pistes en chemins et les chemins en sentiers, les natifs regardent et regardent…

 Kofi Yamgnane a beau s’élever et prêcher par voie de WhatsApp, l’outil qui réveil les consciences et l’égo de chaque peuple. En vain ! À Bassar, la connexion semble s’arrêter à l’entrée de la ville. Le grand peuple se meurt et avec la complicité tacite de tous ses fils !

Camus Ali
Lynx.info

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