Trouverons-nous les mots justes pour décrire ce crime ignoble ? Aurions-nous encore assez de larmes pour pleurer ce énième combattant de la liberté ?
Mahan Gahé vient ainsi de s’ajouter à la liste déjà trop longue des victimes d’une vengeance aveugle. Celle d’Alassane Ouattara et de son clan. De quoi en rajouter à notre douleur indicible. Dieu ait son âme !
Certes, ne nous effondrerons pas. Nous resterons dignes, comme lui. Comme cet émérite syndicaliste de la centrale DIGNITE qu’il fut. Toute sa vie fut un don de soi. Pour le bien-être de ses semblables. Pour les travailleurs de tous horizons, dont des milliers aujourd’hui sont jetés à la rue, par la faute des errements d’un régime boiteux. Sa mort restera une motivation de plus pour continuer le combat acharné ; pour que triomphent la liberté et la démocratie en Côte d’Ivoire.
Mahan Gahé est une victime. Une victime de la barbarie, de la vague de représailles sauvages contre les partisans de Laurent Gbagbo. Quelle menace pouvait bien représenter ce civil, après que les bombes françaises eurent accompli le sale boulot et, dès lors que le « poulain » de la communauté dite internationale, s’emparait du pouvoir ?
Mahan Gahé est la victime d’une vengeance gratuite. Sa mort et de celle de tous les autres avant lui, est l’une des pires conséquences de la croisade de vengeance lancée par les nouveaux occupants du palais contre leurs adversaires politiques et contre les populations qui ont osé leur dire : « non ». C’est le résultat de leur vengeance. Rien de plus. La vengeance, marque de fabrique de ceux qui, en ce moment, en Côte d’Ivoire, confondent gouverner et opprimer, démocratie et représailles.
Aujourd’hui encore, même après s’être installés au pouvoir, ils n’ont jamais renoncé à leur logique : haine et vengeance. Les récentes arrestations de Blé Goudé, Dibopieu, Jean Noel Abehi, pour ne citer que ceux-là ; l’attaque du camp des déplacés de Nahibly, les massacres lors de la prise de la commune de Yopougon, la traque aux pro-Gbagbo et son lot de morts…, sont là pour nous le rappeler. Ces gens sont sans état d’âme.
La mort de Mahan Gahé ne leur fera donc ni chaud ni, ni froid. Si cela ne dépendait que d‘eux seuls, ils auraient même voulut – aux dires d’Amadou Soumahoro, secrétaire du parti d’Alassane Ouattara – envoyer tous leurs opposants au cimetière.
Mieux, Alassane Ouattara et ses partisans, certainement grisés par un pouvoir inespéré, ont fini par s’installer dans une confiance démesurée. Ils se sont enflés d’un orgueil béat. Tant et si bien qu’ils se croient, non pas seulement investis d’un droit de vie ou de mort sur leurs semblables, mais aussi, maîtres de leur avenir. Kouassi Adjoumani, cet autre flagorneur de la république, dans un texte où il tente tant bien que mal de s’adresser à Affi N’guessan, président du FPI, nous éclaire: « En 2015 et pour les élections qui suivront, il ne fait aucun doute que le président que les ivoiriens éliront sortira encore et toujours du Rhdp (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix. Coalition politique pilotée par Alassane Ouattara du RDR et Konan Bédié du PDCI, ndlr). Arrête de rêver et prépares-toi à passer de très nombreuses années dans l’opposition (…) ». S’dressant toujours à Affi N’guessan, le même Adjoumani affirme : « Au lieu d’avoir du remords pour les 3000 victimes de la crise post-électorale à la solde de ton parti, tu tiens des discours incendiaires (…) ». Vous avez bien lu. Le FPI, parti de Laurent Gbagbo, serait, selon lui, le seul responsable de tous les crimes perpétrés lors de la crise post-électorale, donc unique coupable des 3000 morts (chiffres officiels). Au passage, il citera quelques noms : Gueï Robert, Camara H, Téhé Emile, Benoit Dacoury-Tabley. Les présentant comme des victimes du FPI ; omettant volontairement de citer Mahan Gahé Basile, Désiré Tagro, Boga Doudou et bien d’autres, tombés sous la folie meurtrière de la rébellion sanglante venue du nord. Rébellion dont les commanditaires sont aujourd’hui à la tête de ce pays.
Comme on peut le constater, l’orgueil, la confiance surdimensionnée, mais aussi et surtout, le mépris pour la vie humaine, ont pris le dessus chez les partisans d’Alassane Ouattara. Adjoumani, néo-griot de la Ouattarrandie, ne fait qu’énoncer ici ce qui apparait, comme une thèse récurrente, pour lui et pour le camp qu’il défend: la logique sélective des victimes de la crise post-électorale. Selon cette thèse, il n’y a que des victimes de Laurent Gbagbo. Celles occasionnées par leurs criminels de rebelles n’ont jamais existé.
Mahan Gahé est mort. Ses bourreaux s’en réjouiront. Certainement. Il n’est à leurs yeux, qu’une insignifiante victime de leur vengeance inextinguible. Hélas, tous ceux qui croupissent en ce moment dans les geôles infectes d’Alassane Ouattara, ne sont à l’abri d’un pareil sort.
Ainsi, Alassane Ouattara et son clan accumulent-ils cadavres sur cadavres, frustrations sur frustrations, haines sur haines…, confiants d’une victoire éclatante en 2015, oubliant que : « qui sème le vent, récolte la tempête ».
Non. Mahan Gahé ne sera pas seulement, une victime de trop. Il sera, lui et tous les autres ivoiriens emportés par le démon de la vengeance d’Alassane Ouattara, le grain de sable qui grippera sa machine de répressions ; l’imprévu qui compromettra à coup sûr, ses sombres projets de confiscation du pouvoir.
Marc Micaèl La Riposte