Douter, comprendre pour porter un jugement [Par Tchabouré Aimé GOGUÉ]

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Le 20 octobre dans l’après-midi, sur une des plateformes, j’ai écouté l’audio d’Amos ; le soir, sur YouTube, j’ai visionné le film « Douze hommes en colère ». Dans son audio, Amos invitait les opposants Togolais à cesser de s’entredéchirer. Le film relatait comment un membre de jury, uniquement parce qu’il doutait des preuves apportées par l’accusation, avait réussi à convaincre ses onze autres collègues du jury, de l’innocence d’un jeune homme qui devrait être condamné à mort pour avoir assassiné son père. Ces preuves paraissaient à première vue sans faille !

Si depuis l’intensification de la lutte pour plus de démocratie au Togo nous avons été habitués à des affirmations que tel était plus démocrate que tel autre, ou que tel opposant était une taupe d’UNIR dans la classe de l’opposition, ces déclarations semblent avoir pris de l’ampleur ces dernières années avec l’extension des réseaux sociaux et surtout après l’élection présidentielle du 22 février 2020. Des insultes et des affirmations diffamatoires sans fondement nécessairement sur en particulier des leaders de l’opposition voire de personnalités du pays, sont devenus l’exercice privilégié des opposants sur les plateformes. Si beaucoup d’administrateurs font des efforts pour demander aux panelistes d’atténuer ces comportements, il faut regretter qu’ils sont toujours nombreux ces administrateurs et ces panelistes qui croient sans hésitation aux déclarations véhiculées par des Togolais en mal de sensation. Je vous invite à être ce douzième membre de jury de « Douze homme en colère » (Twelve Angry Men en anglais).

Je ne peux qu’adhérer aux déclarations d’Amos pour nous inviter à éviter de continuer à nous entredéchirer. Nous vivons, une période difficile très difficile depuis notre indépendance et surtout depuis 1963. La très grande majorité des Togolais désirent du plus profond de leur être le changement à la tête de ce pays et ce pour une amélioration du bien-être de nous tous. Et ces gens sont aussi parmi les militants d’UNIR. Notre frustration devient plus grande et plus insupportable lorsque nous voyons avec envie l’évolution politique notamment d’autres pays de la sous-région. Dans des situations analogues, il est très facile voire plus facile de trouver des boucs émissaires aux échecs de notre légitime quête pour plus de démocratie sur la terre de nos aïeux.

Je ne crois pas que la déchirure de l’opposition telle que nous la vivons sur les plateformes, soit le meilleur moyen d’arriver à l’alternance que nous souhaitons tous. Comment réussir la lutte pour l’alternance si les militants de l’opposition même ne sont pas en mesure de se tolérer uniquement parce qu’ils ont  des stratégies différentes ?

Dans la mesure où il semble que la répétition est pédagogique, je me permets de reprendre ici des extraits de ce j’avais déjà dit et écrit à plusieurs reprises (mai et juin notamment) : « Même si nous sommes convaincus du sérieux de nos sources, qu’est-ce qui nous empêche d’être prudent en soumettant les informations même de première main dont nous disposons, à l’épreuve des trois tamis de Socrate ? Ces trois tamis sont : les tamis de la vérité, de la bonté et de l’utilité ? Aristote nous disait déjà que « l’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit » et concluait sans appel que « le doute est le commencement de la sagesse ». En effet, pour lui, « la vraie sagesse est de savoir que vous ne savez rien. »

Or Ghandi nous enseignait que « la règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne pensons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents ».

Je souhaite ardemment qu’il y ait la vérité des urnes en Guinée ; avec le Mali, ce pays nous servira de cas d’école pour une meilleure appréciation des causes de nos échecs.

Je conclurai alors en nous recommandant : i) d’avoir un petit doute lorsqu’il y a des affirmations sur un compatriote ; et ii) d’être tolérant entre Togolais. Je nous invite à sensibiliser nos compatriotes sur les avantages, pour tous citoyens, du respect des droits de l’homme de la démocratie et de la bonne gouvernance. Réécoutons l’audio d’Amos et visionnons le film « Douze hommes en colère. »

Bonne journée et bonne chance à nous tous.

Tchabouré Aimé GOGUÉ

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