Entre savoir et transmettre le savoir, c’est le jour et la nuit, deux choses différentes. A l’université de Lomé malheureusement, la transmission du savoir n’est pas aussi bien assurée comme on le croirait. Beaucoup d’enseignants-chercheurs ne dispensent pas bien les cours et se contentent la plupart du temps au service minimum. Aucune pédagogie dans leurs enseignements. Bref, ils ont échoué à l’épreuve de la transmission du savoir. Ces enseignants pas comme les autres ont préféré emprunter la voie de la facilité et surtout de l’hermétisme. Ils ne sont pas ouverts aux étudiants et se comportent comme s’ils veulent mourir avec leurs savoirs. Certes, ils ont un brin de savoir mais ils ne savent pas du tout en transmettre les fruits. Plus clair et limpide, ils enseignent mal, très mal. Une situation qui a des répercussions sur la formation universitaire.
Au fait, ce n’est pas parce qu’un individu est professeur titulaire de chaire, professeur titulaire, maître de conférences, professeur agrégé ou docteur qu’il est forcément un bon enseignant. L’occasion de rappeler l’insuffisance en Afrique du nombre de cadres de haut niveau capables de former pour l’avenir. Des cadres à même d’apporter de la valeur ajoutée à la matière grise. Un des plus importants handicaps de l’Afrique et plus particulièrement du Togo, réside dans ce fait. Un manque criard qui fait que tout ce qui tombe sous la main des Etats et des gouvernements est vite transformé en enseignant-chercheur dans l’enseignement supérieur. Même si ceux-ci ne sont pas aptes à transmettre leur savoir, ils s’y engouffrent avec tout ce que cela entraîne comme dégâts.
A l’université de Lomé, cas que nous connaissons bien pour y avoir étudié, le phénomène prend de l’ampleur à telle enseigne que les étudiants au lieu d’apprendre bien et mieux pour la vie, sont obligés de faire les perroquets juste pour engranger des notes. L’enseignement en général et celui supérieur en particulier se résume-t-il au fait d’avoir des notes ? Un préjudice qui a des impacts non négligeables sur la formation et le développement du pays.
C’est ainsi que les facultés, écoles et instituts de l’université de Lomé ont leurs moutons noirs de la transmission du savoir. Des enseignants dont les matières mal enseignées sont considérées comme inaccessibles par les étudiants.
A la faculté des lettres et sciences humaines (FLESH), un enseignant au département de géographie du nom de Blivi Adotè Blim qui enseigne la géomorphologie est toujours en mode inaccessible. Il boucle ses 25 ans de carrière mais jusque-là, personne parmi ses étudiants n’a été satisfait de son enseignement. Les étudiants ne comprennent rien du tout de ce que ce sieur Blivi enseigne. Conséquence immédiate, les étudiants s’en sortent avec des notes minables et pitoyables en géomorphologie. Environ 95% des étudiants n’ont pas la moyenne dans cette matière. Echec de l’enseignant ou paresse des étudiants ? Et le comble, cet enseignant en mode inaccessible reste imperturbable et apparemment fier de ses performances négatives et du fait que sa matière soit « dure » pour les étudiants. Il devrait être plutôt triste car, son message ne passe pas. Cet enseignant est ainsi payé pour un rendement trop en deçà des attentes. Qui perd dans cette affaire ?
Toujours à la FLESH mais cette fois-ci au département des lettres, un enseignant-chercheur appelé Amégbléamé ne fait que répéter à ses étudiants ceci : « Je l’ai dit ». Alors qu’en bon français, l’on enseigne : « je lui ai dit ». Un formateur en lettres qui ne sait pas qu’on dit toujours quelque chose à quelqu’un et induit les futurs écrivains, grammairiens, poètes, dramaturges en erreur, c’est inacceptable. La gangrène ne s’arrête pas à la seule faculté des lettres. A la faculté de droit, des sciences économiques et de gestion, mixte de médecine et de pharmacie, des sciences, dans les écoles et instituts de l’université de Lomé, il y a des enseignants qui ne sont pas à la hauteur. En l’absence de l’inspection de l’enseignement supérieur, les enseignants sont couverts. Ils ne rendent aucun compte. Lorsqu’ils enseignent mal, personne ne les contrôle. Leurs insuffisances sont ainsi tolérées au moment où les étudiants font l’objet de tous les blâmes. Or, avant d’accuser les apprenants et leur jeter tous les torts, l’on devrait se demander si ceux-ci sont bien encadrés. Les enseignants font-ils correctement leur boulot? Utilisent-ils la pédagogie nécessaire à cet effet ? Enseigner consiste-t-il à dicter uniquement les cours ?
Il n’y a pas de mauvais élève ou étudiant sans mauvais enseignant. Un enseignant qui transmet mal les connaissances ne peut pas s’attendre à former de bons étudiants. S’il est vrai que l’étudiant est obligé de s’efforcer pour avoir le bagage nécessaire, il n’en demeure pas moins que l’enseignant doit être son indicateur, celui qui lui montre la voie à suivre. Sinon, on ne parlerait pas d’apprenant et d’encadreur. L’université ne devrait pas recruter des enseignants si l’étudiant est appelé à se prendre en charge, à être son propre enseignant. Qui dit le contraire ?
Anicet Moutouari Lynx.info