Déjà en 2009, le Pr Gu- Konu avertissait : «… l’opposition comprise comme un tout uni peut y parvenir »

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Personne ne parle plus aujourd’hui de l’APG. Il n’empêche que tout le monde est plus ou moins conscient que cet APG n’a rien fait d’autre….

« Il faut clairement dire aux Togolais qu’à partir du moment où les réformes essentielles devant créer les conditions d’élections normales dans le pays sont mises sine die au congélateur et que l’opposition parlementaire se trouve impuissante à les imposer, rien n’est joué d’avance. Le combat sur la CENI ou la question de la candidature unique ne sont plus que diversions. En conséquence, les présidentielles de 2010 pourraient se passer de la même manière que celles de 2005, de 2003 ou de 1998. » Interview réalisée par Camus ALI

Lynx.info: Finalement ne faut-il pas proposer aux Togolais une « alternative » à « l’alternance » mot si cher au candidat Kofi Yamgnane?

La question est d’une grande importance pour la lutte en cours pour la démocratie dans notre pays. Elle interpelle toute l’opposition togolaise. Les mots ont un sens. Et chaque mot désigne une chose et pas deux à la fois, ni une chose et son contraire. Quand, pour diverses raisons, on n’utilise pas les mots avec leurs sens propres, on ne parle pas le même langage. Et on ne se comprend pas. C’est un des problèmes du processus de démocratisation engagé. C’est aussi une des raisons pour lesquelles il est difficile de faire ensemble et d’avancer. Et on fait donc du surplace dans la confusion. Une confusion désastreuse, qui a profité jusqu’à présent au régime en place, à son parti et à leurs alliés de l’intérieur et de l’extérieur.

1- L’alternative démocratique. Le Togo est confronté depuis des décennies à un régime politique intolérable. La population a fini par descendre dans la rue en 1990 pour revendiquer la fin de ce régime, afin de pouvoir le remplacer par un système politique capable de faire progresser les conditions de vie de la population dans le respect des droits de la personne et de la dignité humaine. C’est ce nouveau système qui constitue l’alternative au régime dont la population veut la fin. Autrement dit, un régime politique alternatif ; un régime de remplacement.

Pour créer la CDPA-BT, nous avons rédigé en 1987 un manifeste intitulé justement “l’Alternative”. Ce document, dans lequel des esprits superficiels n’ont vu qu’un “pamphlet”, est écrit pour proposer aux Togolais un régime politique alternatif au régime de dictature militaire d’Eyadema. Un régime politique démocratique sans lequel le développement du pays est impossible. Ce régime politique, c’est l’alternative démocratique. C’est ce que la CDPA-BT continue de proposer jusqu’à présent comme solution de remplacement au régime despotique totalitaire d’Eyadema.

Puisque vous avez cité le candidat Kofi Yamgnane, je me vois bien obligé d’en dire un mot pour ne pas donner le sentiment d’esquiver la question. Dans son discours de campagne, le candidat Yamgnane se présente effectivement comme “l’alternative”. Mais l’alternative à quoi ou à qui ? A Faure Gnassingbé ? A Gilchrist Olympio ? Au régime en place ? A l’opposition dont il affirme ne pas faire partie ?…

L’alternative que le candidat Yamgnane prétend être mérite donc d’être éclaircie. S’il ne donne ces éclaircissements, il ajoute la confusion à la confusion par le bais d’un mot. Ce n’est certainement pas une bonne chose pour l’alternative démocratique à laquelle aspire la grande masse des opposants togolais.

Par ailleurs, le problème politique actuel du Togo est bien plus complexe qu’il ne paraît, vu et peut-être vécu de loin. A sa base se trouve un régime antidémocratique, oppresseur et prédateur contre lequel se bat une masse d’opposants pour obtenir le changement démocratique. Que cette masse d’opposants soit mal organisée et forme en conséquence une opposition faible est une autre question. Mais dans tous les cas, il ne s’agit pas de remplacer un homme par un autre. Il s’agit de remplacer un régime de domination et d’oppression par un système politique démocratique. Un homme ne peut pas se poser comme une alternative à un régime de domination et d’oppression. Prétendre vouloir le faire n’est pas sérieux.

2- L’alternance politique. “L’alternance” ou plus précisément l’alternance politique est une autre réalité. Elle signifie la succession de deux partis différents au pouvoir. C’est l’un des traits caractéristiques d’un régime politique démocratique. Et c’est elle qui donne au système électif un sens. L’impossibilité de l’alternance politique dans un pays est un des signes de la nature non démocratique du régime politique en vigueur.

Effectivement, on utilise beaucoup le mot à la veille de ces présidentielles de 2010. Et l’utilisation qu’on en fait peut entraîner une confusion qu’il faut lever. En réalité, il n’y a pas que deux partis politiques différents au Togo. Et dans la mouvance oppositionnelle elle-même, il existe plusieurs partis d’opposition (encore que depuis 2004, et surtout depuis la constitution du gouvernement d’union nationale en 2006, il faut se demander lequel de ces partis continue d’être un parti d’opposition). A partir du moment où il existe plusieurs partis politiques dont plusieurs partis d’opposition, on ne peut pas parler d’alternance politique comme une succession de deux partis différents au pouvoir.

En revanche, on sait qu’à partir de 1990 la population s’est insurgée contre le régime de dictature et son parti, le RPT. Elle s’est ainsi constituée de fait en une opposition. Les partis d’opposition qui existaient dans la clandestinité et ceux qui vont se créer après la proclamation du multipartisme en avril 1991 se sont mis à agir au sein et au nom de cette opposition pour réaliser le changement politique. On se trouve ainsi en face de deux réalités politiques opposées : d’un côté le régime et son parti qui tiennent à se maintenir au pouvoir, et de l’autre, l’opposition qui regroupe tous ceux qui ne veulent plus de ce régime.

C’est dans le contexte de ces deux réalités que se place la CDPA-BT quand elle parle à la veille de chaque présidentielle d’alternance au pouvoir. Dans ce contexte, l’alternance veut dire que l’opposition prenne le pouvoir au régime et à son parti, quitte à ce que ces derniers y reviennent, … s’ils le peuvent. Il ne s’agit donc pas d’une succession au pouvoir du RPT et d’un parti de l’opposition, quel qu’il soit. Car, dans la situation présente, aucun parti d’opposition ne peut, à lui seul, modifier le rapport des forces en sa faveur pour parvenir au pouvoir à la place du régime et de son parti, et le conserver. Par contre, portée par une bonne organisation, l’opposition comprise comme un tout uni peut y parvenir.

Il se trouve que les chefs du courant majoritaire de l’opposition écartent toute idée d’organisation visant à faire de la masse des opposants une force citoyenne capable de peser dans la balance par sa bonne organisation. Et ils continuent de diviser et d’affaiblir l’opposition toute entière en se battant les uns contre les autres pour accéder au pouvoir en solitaire. L’opposition ne peut pas succéder au régime et son parti dans ces conditions.

Ceci étant, ce que veulent les Togolais à l’heure présente n’est pas une alternance politique faisant succéder au pouvoir le RPT (confondu au régime) et un parti d’opposition particulier. Ce qu’ils veulent, c’est une alternative démocratique ; celle qui est de nature à permettre une recomposition de la scène politique togolaise et une reconstruction du pays sur la base du respect des valeurs démocratiques et dans le but de faire progresser les conditions de vie de la population.

Le régime et son parti ont régenté le pays pendant des dizaines d’années sans parvenir à le moderniser pour la prospérité de la population. Ce n’est pas demain qu’ils vont commencer à le faire. La nature antidémocratique du régime politique aggravée par son caractère prédateur les en empêchent. C’est pour cela que l’alternative démocratique est une nécessité.

Les récents événements montrent bien que les chefs du courant dominants de l’opposition n’ont toujours pas tiré les leçons des présidentielles de 1998, de 2003 et de la dramatique mascarade de 2005 parce qu’ils sont toujours aveuglés par la course concurrentielle pour le pouvoir. Dans ces conditions, l’opposition togolaise pourra-t-elle succéder au régime et son parti en 2010 avec ce courant dominant de l’opposition ?

Lynx.info : Une Ceni, des ministres, des préfets et l’armée qu’on dit aussi très proche du pouvoir. L’opposition togolaise ne va-t-elle pas dans une bataille perdue d’avance ?

Une large fraction de l’opinion togolaise partage vos inquiétudes. Ne serait-ce que parce que de toute évidence, les présidentielles de 2010 risquent de se dérouler dans les mêmes conditions que les précédentes.

1- L’importance des réformes institutionnelles pour 2010. On a beaucoup glosé sur l’APG (l’Accord Politique Global, 20 août 2006) comme l’Alpha et l’Omega de la “sortie de crise”. Comme d’ailleurs on l’avait fait entre 1999 et 2003 pour l’ACL (l’Accord Cadre de Lomé, 29 juillet 1999). Il se trouve aujourd’hui que parmi les réformes prévues par l’APG, aucune de celles de nature à créer les conditions de l’alternance politique en 2010 ne sont faites. Et, de toute évidence, ne le seront pas avant le 28 février. Même la question de l’impunité, pourtant si importante, semble n’avoir plus d’intérêt. Comme s’il n’est plus besoin de s’en inquiéter !

Ces réformes institutionnelles et constitutionnelles ne sont d’ailleurs pas seulement de nature à favoriser l’alternance. Elles sont indispensables pour créer les conditions d’élections propres, c’est-à-dire réellement libres, transparentes, sans violence d’Etat. Somme toute, des élections démocratiques. Ces réformes auraient pu être faites depuis la signature de l’APG. Et le régime aurait pu lui consacrer la priorité, au lieu de se brancher sur cette histoire fumeuse de “ Vérité, Justice, Réconciliation”…

Si ces réformes, si importantes pour créer les conditions d’une alternance au pouvoir ne sont pas faites, c’est parce que le régime n’entend pas les faire faire. Pourquoi ? Les représentants du RPT, si aimablement invités par les responsables de Synergie-Togo à prendre part à leur rencontre du 17 octobre 2009, apportent la réponse de façon implacable : “…il est à souhaiter que l’évolution des institutions, tout particulièrement l’évolution des textes et organes chargés d’organiser les élections ne soit pas voulue comme une évolution pour favoriser l’alternance…” (souligné par nous). Cette réponse est de bonne guerre. Elle devrait normalement faire réfléchir à Synergie-Togo, et ailleurs aussi.

En fait, toute cette évolution était prévisible dès la fin de 12e dialogue. Elle montre clairement que l’APG n’est qu’un moyen de plus pour flouer. Ceux qui mettaient alors l’opinion en garde contre l’optimisme de bon aloi entretenu autour de ce document étaient traités de marginaux. Personne ne parle plus aujourd’hui de l’APG. Il n’empêche que tout le monde est plus ou moins conscient que cet APG n’a rien fait d’autre que de contribuer à renforcer le rapport des forces au profit du régime et de son parti.

Grâce à l’APG, l’opposition togolaise se retrouve dans une situation politique marquée par l’approfondissement des dissensions traditionnelles entre les partis du courant dominant de l’opposition ; une situation politique marquée également par l’intensification et l’élargissement de la collaboration à travers la participation de certains des chefs du courant au gouvernement sous la houlette de Faure Gnassingbe ; enfin, une situation politique marquée par l’élection d’une Assemblée dans laquelle le RPT écrase par sa majorité absolue une opposition parlementaire faible et désunie, incapable d’imposer les réformes indispensables pour créer les conditions d’une alternance au pouvoir en février 2010.

Dans ce contexte politique, personne ne se fait d’illusions sur une CENI dont la composition et la structure du pouvoir de décision sont largement en faveur du RPT, et donc du régime. Ce n’est pas parce qu’un membre de l’UFC est vice-président de l’institution que la transparence des élections et des résultats qui seront proclamés est garantie.

La composition de la CENI et le jeu des pouvoirs en son sein viennent seulement consolider une situation bétonnée par tout ce que vous citez : des ministres, des préfets, une armée… au service d’un régime qui entend poursuivre la confiscation du pouvoir par tous les moyens, si nécessaire !

2- Une bataille perdue d’avance ? Il appartient à chaque Togolais de répondre à cette question que vous posez. Lors de la création de la CDPA-BT il y a presque 20 ans maintenant, dans l’effort que nous avions alors engagé pour ouvrir le Togo à une alternative démocratique, nous avions estimé que les partis d’opposition au régime de dictature doivent être la conscience agissante de la masse de la population aspirant à un véritable changement politique.

Ces partis et leurs responsables ont par conséquent le devoir d’informer pleinement et objectivement, quoi qu’il leur en coûte, afin de mettre le citoyen en mesure de prendre des décisions en toute connaissance de cause. Pour cette raison, à la veille de ces élections présidentielles toujours organisées dans des conditions non démocratiques dans un régime qui ne veut pas quitter le pouvoir, nous nous sommes toujours abstenus à la CDPA-BT de jouer aux matamores face au régime et son parti et d’entretenir l’opinion dans un optimisme béat ou dans un flou artistique.

Il faut clairement dire aux Togolais qu’à partir du moment où les réformes essentielles devant créer les conditions d’élections normales dans le pays sont mises sine die au congélateur et que l’opposition parlementaire se trouve impuissante à les imposer, rien n’est joué d’avance. Le combat sur la CENI ou la question de la candidature unique ne sont plus que diversions. En conséquence, les présidentielles de 2010 pourraient se passer de la même manière que celles de 2005, de 2003 ou de 1998.

Lynx.info : Une lassitude et un mélange de pédales se lisent au niveau des partis d’opposition. Comment l’expliquez-vous ?

Pour répondre plus facilement à cette question, il aurait été bon de savoir avec précision quels partis d’opposition vous avez en vue, et de quelle opposition vous parlez. Nous retrouvons là le grave problème du sens des mots et de leur utilisation appropriée pour éviter les confusions et les méprises dans notre processus de démocratisation.

1-Les deux courants de l’opposition togolaise. Vous savez que l’utilisation que l’on a commencé à faire du mot “Opposition” à partir surtout de 2002 a donné lieu à une grande confusion et à des méprises tenaces. Conséquence, beaucoup de nos compatriotes ne parviennent toujours pas à faire les différences nécessaires au sein de l’opposition. Et ils mettent ainsi tous les partis d’opposition dans le même panier au lendemain de chaque échec de la politique d’opposition dominante. Au point que nous avons senti à la CDPA-BT le besoin d’écrire en septembre 2005 un article intitulé : “L’opposition togolaise, c’est quoi au juste”. Le titre un peu provocateur a pour but d’amener l’opinion togolaise à faire plus attention pour bien distinguer les différents partis d’opposition, faire attention à ce qu’ils disent et à ce qu’ils font, afin de bien situer les responsabilités et de bien juger.

L’opposition togolaise comprend toujours plusieurs partis, heureusement. La CDPA-BT en est un. Et l’opposition togolaise prise dans son ensemble n’est ni unique, ni monolithique. Elle comprend des courants.

Pour éviter que ceux qui adorent la confusion des genres continuent de pousser l’opinion à mettre tout le monde dans le même panier quand ils y trouvent leur compte, nous avons pris l’habitude à la CDPA-BT de distinguer deux courants : un courant que nous appelons majoritaire (parce qu’il compte un plus grand nombre de partis) et un courant minoritaire. Chacun de ces courants se distingue par sa politique d’opposition, ses prises de position, sa vision de la lutte d’opposition, sa pratique politique.

Il importe de souligner que faire partie du courant majoritaire ne signifie pas forcément que l’on a une orientation politique juste dans la lutte en cours, une ligne politique conséquente, des pratiques politiques cohérentes et conformes aux aspirations du peuple. Par exemple, quand on se déclare parti d’opposition à un régime contre lequel l’opposition se bat et qu’en même temps on accepte d’être ministre dans ce régime ou qu’on collabore avec lui d’une manière ou d’une autre sans l’aval préalable de l’opposition, on n’est pas cohérent avec soi-même et on n’agit pas conformément aux aspirations de la masse des opposants.
Par ailleurs, on peut être du courant minoritaire et avoir raison du grand nombre.

La CDPA-BT fait partie du courant minoritaire. Sa vision de la lutte d’opposition, ses prises de position et sa pratique politiques, sa vision de ce que doit être le Togo démocratique de demain sont différentes de celles des partis du courant majoritaire. En conséquence, sa politique d’opposition est différente de la politique d’opposition dominante.

2- La politique d’opposition dominante. Parce qu’elle a les moyens de se faire voir et de se faire entendre, c’est la politique d’opposition dominante qui a occupé les devants de la scène politique oppositionnelle depuis la fin de la Conférence nationale.

Elle est conduite par quelques chefs de parti du courant dominant de l’opposition. Elle est remarquable par ces rivalités regrettables pour le pouvoir, par la participation à tout prix de ces chefs aux présidentielles pipées d’avance, par leurs demandes incessantes de dialogue après chacune de ces mascarades électorales.

Elle est également remarquable par les combats menés par les chefs des partis de ce courant entre eux pour figurer dans ces “kermesses” comme on les appelle et par la signature de ces ACL et autres APG qui maintiennent toujours le rapport des forces en faveur du régime et de son parti.

La politique d’opposition dominante est remarquable aussi par cette propension étonnante des leaders du courant dominant à en appeler à tout bout de champ à un “facilitateur” ou à la “communauté internationale”, au lieu de se tourner vers la masse de la population qu’ils tiennent par ailleurs à l’écart de la lutte politique. Comme si l’opposition togolaise pouvait être réduite à quelques partis d’opposition et à leurs dirigeants, et comme si la masse des opposants n’avait rien d’autre à faire que de soutenir, d’applaudir, d’aller voter ou de se laisser inviter à des meetings et à des marches de protestation faits pour la forme à Lomé…

Est-ce au niveau des partis du courant dominant de l’opposition, ceux qui conduisent la politique d’opposition dominante, que vous lisez la lassitude et voyez “un mélange de pédales” ? Vous avez certainement raison ; mais c’est vous qui le dites.

En revanche, une chose est devenue évidente pour tous : Par sa nature, ses objectifs et les ambitions qui la porte, la politique d’opposition dominante a toujours conduit l’opposition entière dans le mur, via ces élections pipées d’avance, ces dialogues interminables toujours conclus à Ouaga ou ailleurs au profit du régime et de son parti, ce piétinement perpétuel qui décourage la population et la prépare si bien pour qu’elle se jette dans les bras du premier venu.

La CDPA-BT s’est toujours démarquée de cette politique inefficace. Et elle a toujours fait tout son possible pour montrer qu’une autre politique d’opposition est possible, à condition que l’on reconnaisse cette inefficacité et qu’on ne continue pas de s’accrocher à cette politique déroutante comme à une planche pourrie.

3- La CDPA-BT garde le cap et avec confiance. Dans tous les cas, il n’y a pas de lassitude au niveau de la CDPA-BT. Car, avant même 1990, avant la proclamation du multipartisme en avril 1991 et avant le début de la Conférence nationale, nous savions que la Conférence nationale togolaise ne donnerait pas le même résultat que la Conférence nationale béninoise ; que la lutte contre le régime de dictature d’Eyadema en vue d’instaurer un régime politique démocratique dans le pays pourrait être une lutte longue et difficile ; qu’elle serait pleine d’embuches et de retournements spectaculaires de vestes.

Mais nous savions dès le début qu’elle conduirait inexorablement à la victoire, si elle est bien organisée ; si l’objectif poursuivi est juste et clair ; si elle est menée avec suite dans les idées, constance et abnégation, sans rivalités entre chefs de partis pour le pouvoir ; si elle est conduite dans le cadre d’une politique d’opposition de masse cohérente, sans zigzags commandés par des pulsions personnelles ; et enfin si elle est soutenue par une participation active et organisée de la masse de tous les opposants sans distinction d’appartenance partisane.

A la CDPA-BT, il n’y a donc ni lassitude, ni “mélange de pédales”. Nous gardons le cap sur la démocratie pour le Togo, et nous continuons de faire tout ce nous pouvons pour amener l’opinion togolaise à comprendre que dans un régime de dictature, la lutte pour la démocratie et la dignité humaine n’est pas l’affaire d’un parti ou de partis regroupés dans une coalition sans consistance. A plus forte raison, elle n’est pas l’affaire d’un seul homme, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.

La lutte pour la démocratie est au contraire un combat collectif dont la victoire, dans les présentes conditions sociales du Togo, est au bout d’une bonne organisation. Cette organisation, nous la proposons depuis des années aux Togolais sous la forme d’un vaste mouvement, le Mouvement de la Force Alternative d’Opposition, le MFAO.

Nous continuons de la proposer avec la conviction que la nécessité du Mouvement sera comprise, et que les opposants togolais finiront par y affluer pour en faire un outil commun de libération du pays et de progrès des conditions de vie de la population.

Fait à Lomé le 17 Novembre 2009.
Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info
Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire

E. GU-KONU
 

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