De nouvelles bastonnades de militaires à Kparatao. Pourquoi cet acharnement? Atchadam est-il le seul opposant? [Par Samari Tchadjobo]

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Il y a quelques semaines l´avocat Yaovi Dégli, dans une interview sur une radio de la place, attirait l´attention de l´opinion sur le danger qui consiste à diaboliser les membres d´une ethnie parce que tout simplement celui par qui la contestation actuelle contre le régime a commencé, est l´un des leurs.

Ce n´est pas parce que Tikpi Atchadam est originaire de Tchaoudjo, donc tem ou kotokoli, que tous les kotokoli deviennent subitement pour le pouvoir des ennemis à abattre. Dans l´interview en question l´homme de droit mettait en garde contre les menaces à peine voilées de certains contre des Togolais originaires de la même région et ethnie que le leader du PNP.

En donnant cette interview Me Dégli ne savait pas et ne voulait certainement pas que quelques semaines après les faits lui donnent raison. Et comme pour corroborer les avertissements de l´avocat-politicien, malheureusement les nouvelles qui nous parviennent depuis ce matin du pays sont alarmantes.

Voici le récit que nous avons eu de témoins occulaires de ce qui s´est vraiment passé à Kparatao samedi nuit:

Aux environs de 20h 30, au moment où des jeunes quittaient les lieux de diffusion du match de football pour regagner leurs domiciles, arrivent deux camions militaires « BENZ » remplis de soldats. Les deux camions se séparent et pénètrent dans les quartiers en empruntant les artères principales du village. Très vite les habitants des quartiers qui ont commencé à subir les bastonnades donnent l´alerte à travers les réseaux sociaux et la nouvelle se répand comme une traînée de poudre.

Rapidement les villageois apeurés regagnent leurs domiciles ou quittent le village pour se mettre à l´abri; car personne n´a oublié les expéditions punitives opérées par les bérets rouges en octobre 2017 à Sokodé et dans presque tous les villages environnants.

Ceux qui ont le plus souffert des bastonnades de la part de militaires sont des passants étrangers venant de Sokodé ou de Tchamba en voiture ou à moto.

À l´aide d´un de leurs camions ils ont pratiquement barré la route dans les deux sens devant la maison d´un grand officier à la retraite originaire du village. Armés de cordelettes et de grands bâtons, ils faisaient descendre tous les passagers sans distinction qu´ils passaient sauvagement à tabac. De tout le village on pouvait entendre les cris de douleurs des suppliciés.

Depuis septembre 2017 le siège militaire à Tchaoudjo n´a jamais été véritablement levé. Sokodé et surtout le village de Kparatao font depuis l´objet de descentes militaires. Des patrouilles sont organisées de nuit et de jour. Les patrouilles nocturnes à partir de 22 h sont devenues presque quotidiennes à Kparatao, et il y a une semaine le Chef de canton de la localité avait dû rassembler les jeunes du village pour les sensibiliser sur la nécessité de ne pas traîner très tard dehors, pour ne pas tomber dans le piège des militaires qui cherchent apparemment un alibi pour exécuter un plan macabre.

Pourquoi des patrouilles militaires dans un village qui n´a aucun problème d´insécurité? Pourquoi pas dans les autres villages? Même à Lomé où des miliciens lourdement armés, payés par le pouvoir, ont opéré au su et au vu de tout le monde en octobre dernier, et où des armes de guerre circulent chez des particuliers proches du régime, il n´y a pas un tel acharnement militaire.
Pourquoi samedi dernier, s´il y a patrouille, elle devait commencer à 20h 30? Ou s´agit-il d´un couvre-feu? Pour quelles raisons alors?

Cherche-t-on la petite bête pour massacrer certaines communautés?

Il y a deux semaines, une voiture remplie de militaires était venue sillonner les ruelles du village dans tous les sens. Les habitants avaient pris peur et s´étaient mis à courir de gauche à droite.
Est-ce le comportement d´une armée qui se respecte et respecte ceux qui l´habillent et la nourrissent ?

Le hasard veut que Kparatao soit le village natal de Tikpi Atchadam, l´opposant qui donne des sueurs froides au pouvoir. Et si telle est la raison de ces violations des droits du citoyen, Atchadam est-il le seul opposant de la coalition? Ou, que cherche une armée dans les affaires de politiciens?
On veut nous faire croire que « notre » armée est républicaine. Alors-là Messieurs, montrez-le dans son comportement !

Le caractère républicain d´une armée ne doit pas être un mot, mais un comportement.

Nous ne considérons pas le pouvoir actuel comme une émanation de quelque ethnie que ce soit. Jusque dans la moitié des années ´80 la majorité des barons qui avaient aidé Éyadéma à asseoir sa dictature, n´était ni kabyè, ni du nord du Togo. Aujourd´hui le système politique autour de Faure Gnassingbé est tenu à bout de bras par des ressortissants de toutes les régions et ethnies de notre pays. Le pouvoir togolais actuel n´est ni uniquement kabyè, ni uniquement éwé, mina, kotokoli… etc. Il est un pouvoir que les Togolais dans leur majorité taxent de mauvais. C´est pourquoi la hiérarchie militaire de notre pays , malgré sa composition, doit savoir que les hommes, quelle que soit leur valeur, quel que soit leur pouvoir, passent; mais le pays reste. Et que la terreur n´a jamais assis une autorité politique sur de solides bases indéfiniment.

Tikpi Atchadam est né à Kparatao, certes, mais aujourd´hui sa carrure politique dépasse de loin les frontières de Tchaoudjo. Ce sont tous les togolais dont il est le fils, qui se réclament de ses idées.

Samari Tchadjobo
Allemagne

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