CPI : Gbagbo comme Milosevic [ Dr. Feumba Samen ]

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Les crimes de guerre de l’OTAN et de ses appendices suivent le même schéma et la même logique. Comme Satan qui est peut-être malin selon les Ecritures, mais pas vraiment intelligent, les bras armés de l’impérialisme occidental ne changent pas de ruse. Ils se plaisent dans le même classique. La même répétition. La même chorégraphie. La même stratégie mortifère sous n’importe quel ciel. De la Yougoslavie en Côte d’Ivoire, et de Racak à Abobo, ils utilisent la même expertise. Coup d’œil.

De Racak à Abobo

En Janvier 1999, toute la presse occidentale a présenté le “massacre de Racak” comme “justification” pour l’invasion de la Yougoslavie par l’OTAN. On disait que l’armée Serbe avait “massacré”40 villageois innocents. Schéma réédité avec “l’affaire des femmes d’Abobo.” La machine de propagande occidentale accusait les Forces de Défenses et de Sécurité Ivoiriennes d’avoir assassiné sept femmes lors d’une manifestation dite pacifique le 3 Mars 2011 à Abobo. Cette accusation mensongère avait conduit au vote de la résolution 1975 par le Conseil de sécurité, autorisant les forces Françaises et Onusiennes à intervenir militairement en Côte d’Ivoire en soutien aux rebelles et contre la légalité constitutionnelle.

Yougoslavie. Plus tard, la Finlandaise pathologiste Helena Ranta, ex-chef de l’équipe médico-légiste de l’Union Européenne, experte principale de l’OTAN se retourne contre la CPI, contre la version officielle des media, qu’elle qualifiait de “grand media mensonge de l’OTAN. ”
Suite à ses enquêtes judiciaires elle aboutissait à la conclusion que non seulement les troupes de sécurité Serbes avaient également été tués, mais que le nombre de leurs morts avait été occulté. “On m’a dit–affirmait-elle–qu’il y avait des victimes des deux forces–Serbes et de l’Armée de libération du Kosovo–tués à Racak le vendredi 15 Janvier 1999.” Avant de s’insurger. « Je ne vois pas la liste des victimes Serbes. On m’a montré seulement une liste de victimes dans les rangs de l’Armée de libération du Kosovo ». Exactement ce que Ocampo et Bensouda ont fait en Côte d’Ivoire. « Pour la période que la CPI dit avoir enquêté, elle a ignoré les événements dans l’Ouest du pays où il y a eu des milliers de victimes dont des centaines et des centaines de morts, un crime de masse contre 311 victimes, pas 311 morts, des quatre événements qui font l’objet du procès en cours ». Se scandalise Me Habiba Touré.

En 2004, dans le Berliner Zeitung, Ranta déclarait que “le travail du tribunal de La Haye contre Milosevic au sujet du soi-disant massacre de Racak était incompréhensible.” Elle reprochait à ce tribunal daltonien de ne pas prendre en compte les évidences qu’il y avait de violents combats entre les soldats Serbes et les combattants Albanais du Kosovo au cours de cette nuit de Janvier. A cette époque, disait-elle, “je recevais des informations qui ont prouvé que plusieurs soldats Serbes avaient été tués aussi.” Constatant cette situation inacceptable elle s’indigne. “Malheureusement, nous ne saurons jamais le nombre exact de soldats Serbes qui sont morts cette nuit-là.” Et de s’étonner pourquoi le nombre de ces morts n’intéresse pas ce tribunal colonial.

Wè comme les Serbes

Minimiser le nombre de victimes causées par l’occident ou ses alliés entre dans leur stratégie de propagande. En Côte d’Ivoire, la version officielle faisait état de 3000 morts alors que la “Commission Banny” fait état de plus de 16000 morts, dus aux trois quart aux forces du dictateur Ouattara, qui refusait d’accepter le verdict de la cour constitutionnelle qui donnait Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle d’Octobre 2010.

Sur la base ethnique, entre 800 et un peu plus d’un milliers de Guérés–hommes, femmes et enfants–sans défense ont été assassinés fin Mars 2011 à l’Ouest du pays par les miliciens pro-Ouattara encadrés par la France et le Burkina. La haine criminelle de Ouattara avait poussé son armée hétéroclite à décimer dans cette région des milliers de Bété, Dida ou Attié, soutenant majoritairement Laurent Gbagbo.

A La Haye, ces statistiques macabres qui ont commencé à Bangolo en 2002, n’intéressent pas la CPI. Ces morts bien que n’étant pas du bon côté, ont été rappelés le 7 Mars 2016 à la mémoire collective de la CPI et du monde incrédule, par Mohammed Jichi Sam, le témoin à charge de la procureure Bensouda. Ces morts Wè assimilables aux morts Serbes refusent de mourir. A la tribune de ce tribunal d’asservissement, Gbagbo pourrait renverser la tendance de ces statistiques mensongères qui font des victimes les bourreaux.

Ambassadeurs Mouchards

Des politologues, des spécialistes, des experts, des analystes en droit et en relations internationales sérieux, travaillent déjà à la correction de ces chiffres. En les filtrant, ils critiquent aussi l’assignation du président Gbagbo et de son ministre Blé Goudé au tribunal de l’ONU. Marchant ainsi sur les pas de Helena Ranta qui a critiqué l’acte d’accusation contre l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic dans le cas de Racak, condamné uniquement sur la base la médisance de l’ambassadeur Américain Walker sur le terrain à cette période-là.
Philip Carter III et Jean-Marc Simon, respectivement ambassadeur des USA et de France en Côte d’Ivoire, et Choï Young-Jin, ancien représentant spécial en Côte d’Ivoire de Ban ki Moon, tous présents au moment de la casse de la Côte d’Ivoire ont joué dans ce pays le même rôle que Walker en Yougoslavie. Gbagbo, le président Ivoirien a été victime des prétextes de ces ambassadeurs-barbouzes- exécutants. Bien que leur mensonge propagé de manière délibérée sans se soucier de la véracité des propos qu’ils véhiculaient ou de l’existence de preuves conformes à leurs dires n’avaient pas eu raison de Gbagbo et du peuple massé derrière lui, ces engagés du Capital international avaient été obligés de prendre Youssouf Bakayoko, président de la Commission Electorale Indépendante sous leurs aisselles pour le contraindre à proclamer dans le QG de campagne de Ouattara, ce dernier comme vainqueur des élections.

Cartes Jouables

L’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, 64 ans, est mort le 11 Février 2006. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie–TPIY- où il était jugé depuis plus de quatre ans pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, annonça, « aujourd’hui Slobodan Milosevic a été trouvé sans vie dans son lit dans sa cellule du centre de détention des Nations unies à Scheveningen ». Le TPIY ajouta, « Une autopsie complète et un examen toxicologique ont été ordonnés ». Souffrant notamment de troubles cardio-vasculaires, et désireux de se faire soigner en Russie, sa demande de remise en liberté provisoire déposée par ses avocats avait été rejetée par la Cour. Le privant de soins adéquats. Un de ses conseillers juridiques, M. Tomanovic, déclara, « M. Milosevic disait qu’on avait tenté de l’empoisonner ».

A 70 ans, Gbagbo a des cartes jouables en main. Mais si “Milosevic disait qu’on avait tenté de l’empoisonner,” on peut craindre pareille option pour Gbagbo. Les enjeux de ce procès de la Honte sont énormes et les intérêts de la Françafrique incommensurables. Certains analystes affirment d’ailleurs que les clefs de la cellule du président Gbagbo se trouvent au siège de la Françafrique, la France, à l’Elysée et au Quai d’Orsay. Les révélations du juge Khéris sur le bombardement de Bouaké qui a été une excuse pour la France pour attaquer le régime Gbagbo, et qui font “penser à l’existence d’une concertation à un haut niveau de l’Etat,” Français, peuvent être un vrai danger pour Laurent Gbagbo. Le désistement des témoins, ou la charge inédite des témoins à charge contre l’accusation comme c’est le cas de Mohammed Jichi Sam, dit Sam l’Africain qui a carrément blanchi les accusés en plongeant l’accusation, sont autant d’éléments qui font que la vie du Woody peut être en danger.

Plus grave, le président Gbagbo est un danger pour lui-même. Grand tribun et homme politique téméraire, ses ennemis politiques et les multinationales pourraient craindre qu’il puisse profiter de la tribune que lui offre la CPI pour faire leur procès. Partant, instruire le monde entier sur les différentes crises qui ont jalonné la Côte d’Ivoire ces quinze dernières années.

Cependant, le président Gbagbo est « trop fin politique ». Il sait gérer les extrêmes. On l’a vu à l’œuvre pendant dix ans quand il était seul face la communauté internationale (?) manageant la crise Ivoirienne. Ni les armes, ni son embastillement à la prison de Scheveningen, ne l’ont pas sorti de la scène. Il reste et demeure un acteur principal sur l’échiquier politique national et international.

Gbagbo comme Milosevic? Le schéma que l’occident voudrait lui imposer pour quitter le plancher politique est identique à celui du Yougoslave. Mais entre les deux leaders politiques, il y a au moins une nuance. Milosevic était plutôt militaire alors que Gbagbo est politique. Ce qui rend la tâche ardue pour ses ennemis. Il peut donc rebondir en tout temps s’il n’est pas tuer.

Dr. Feumba Samen

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