Côte d’Ivoire. Regard sur le passé, le présent et l’avenir

0

 

Le 28 mars 2011,dans l’attente de la mission du 5 avril 2011 du Ministre des affaires étrangères
du Cap-Vert désigné par l’Union Africaine pour une solution négociée du contentieux électoral, la
France, l’ONUCI et les rebelles déclenchent la guerre à la Côte d’Ivoire à partir de la ligne de front qui
sépare les Forces de Défense et de Sécurité (FDS : forces loyalistes) des rebelles.

A Duékoué les rebelles attaquent le front Ouest et exterminent 800 civils en une journée
après avoir établi leur identité. Leur sort est ainsi scellé : souvent égorgés, leur sang est bu
comme breuvage d’invulnérabilité.

A Daloa, sur le front centre-Ouest, protégés par des tirs aériens de l’ONUCI, les rebelles prennent
possession du deuxième bataillon de l’armée ivoirienne.

A Tiébissou sur le front centre, les FDS sont stoppées par des tirs aériens de l’ONUCI.

A Bondoukou, sur le front Est les chars de l’ONUCI encadrent les rebelles dans leur progression.

Sur tous les sites de combat, l’ONUCI est la compagnie de transport officielle et privilégiée des
rebelles et de leurs armes.

Dans leur progression de la ligne de front vers Abidjan, des villages entiers sont brulés, les
maisons des pro-GBAGBO saccagées, des civils massacrés et tous les bâtiments publics sont
systématiquement pillés, des prisonniers sont libérés et armés pour grossir en nombre le rang des
rebelles.

Les forces de défense et de sécurité décrochent des fronts et se regroupent à Abidjan pour organiser
la résistance.

La bataille d’Abidjan commence le 31 mars 2011 et les rebelles appuyés par l’ONUCI battent en
retraite sous les feux des forces de défense et de sécurité.

Face à cette déroute, dans la nuit du 3 au 4 avril 2011, 7 avions cargos transal de l’armée française
débarquent un régiment de bérets verts de la légion étrangère avec des armes lourdes et prennent
par effraction l’aéroport international d’Abidjan. Près de 50 chars de l’armée française quadrillent
l’aéroport pour permettre le débarquement des hommes, des munitions et des armes lourdes.

Du 4 au 6 avril 2911, les Français sont exfiltrés de leur résidence pour le 43eme BIMA qui est l’actuelcamp militaire de l’armée française : la Licorne.

Le bombardement des sites stratégiques des FDS commence le 6 avril 2011 simultanément par des
hélicos français et Onusiens.

Le bombardement de la résidence du Président Laurent GBAGBO s’intensifie le vendredi 8 et le
samedi 9 avril 2011.

Après avoir détruit le dispositif sécuritaire de la résidence présidentielle et massacré à la bombe des
centaines de jeunes patriotes amassés devant la résidence, la chambre du Président est directement
visée le dimanche 10 avril 2011 par deux tirs d’hélico à 16h47 et à 16h49 avec pour objectif clair :
atteindre mortellement le Président de la République.

N’ayant pas eu le résultat escompté, les tirs reprennent à 18h 41 pour s’achever à 23h47 se soldant
par 15 bombardements sur la résidence.

Le lundi 11 avril à 10h les chars de l’armée française se positionnent sur les axes routiers conduisant
à la résidence du chef de l’Etat. A 10h20, deux bombardements fracassent l’entrée principale de la
résidence et les chars pénètrent dans la résidence.

A 14h05, le ministre Tagro Désiré est mortellement atteint, le Président GBAGBO est arrêté par les
forces de l’armée française et remis aux rebelles qui le conduisent au Golf Hôtel d’Abidjan avec son
épouse, son fils et certains de ses collaborateurs.

Un homme a été arrêté mais le peuple s’interroge encore et toujours et ces interrogations
constitueront autant de contentieux à régler pour juguler totalement la crise ouverte en Côte d’Ivoire
et identifier clairement les responsables de la destruction de l’Etat et des massacres ante et post-
crises.

1-Doit-on retenir définitivement, avec la jurisprudence ivoirienne, qu’en cas de contentieux électoral
comme il en existe et en existera toujours dans toute démocratie, le règlement de ce contentieux
se fera par la raison du plus fort? Pourquoi la communauté internationale est restée sourde au
recomptage des bulletins de vote proposé par le Président GBAGBO comme dans toute démocratie
moderne ou survient un litige électoral et a choisi le chemin de la barbarie pour compter des morts ?

2- Sur quelle base légale et selon quel ordre constitutionnel, sans procès verbal légal dûment signé
par l’ensemble des membres de la commission électorale indépendante (CEI) comme le prescrit le

code électoral ivoirien, le Président de la commission électorale indépendante et le représentant de
l’ONU en Cote d’Ivoire ont-ils annoncé et certifié les résultats des élections présidentielles en Côte
d’Ivoire? Est-il possible aujourd’hui d’exhiber un document légal signé par tous les membres de la CEI
donnant les résultats des élections présidentielles en dehors de la tradition orale servie pendant la
crise par le Président de la CEI et le représentant de l’ONU?

3-Sur quelle base légale, selon quel ordre constitutionnel et quel mandat, l’ONUCI dont l’unique
raison d’être en Côte d’Ivoire depuis les accords de Linas-Marcoussis est le désarmement des
rebelles a-t-elle convoyé, armé les rebelles et a assisté en spectateur actif au massacre de la
population et au pillage de l’Etat et des civils ?

4-Sur quelle base légale, quel ordre constitutionnel, quelle charte ou convention, des banques
installées en Côte d’Ivoire ferment-elles leurs portes d’une manière unilatérale, privant la population
de ses propres avoirs pour se soigner et se nourrir ? Doit-on comprendre que les entreprises
Européennes installées en Côte d’Ivoire échappent aux lois ivoiriennes ? Doit-on comprendre que les
accords de coopération UE-ACP peuvent être amendés au gré de l’Union Européenne pour priver la
population ivoirienne des biens vitaux à son existence ?

5-Sur quelle base légale, selon quel ordre constitutionnel et quel mandat, l’armée française
s’autorise t-elle à braquer l’aéroport international de la République de Côte d’Ivoire pour débarquer
ses militaires, bombarder les habitants d’un pays indépendant et souverain, massacrer sa jeunesse,
bombarder la résidence du Chef de l’Etat et arrêter le Président constitutionnel de la République
de Côte d’Ivoire ? Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité des forces onusiennes et
françaises sont-ils impunis ? L’ONU donne t-elle des mandats pour perpétrer des crimes de guerre
et des crimes contre l’humanité et combattre les décisions des institutions souveraines d’un pays
membre?

6-Sur quelle base légale et quel ordre constitutionnel, le candidat à la présidence de la République du
RDR s’autoproclame Président des ivoiriens et le secrétaire général des forces rebelles se fait-il élire
Président de l’Assemblée Nationale sans remplir les conditions d’éligibilité?

7- Sur quelle base légale et quel ordre constitutionnel des milliers d’ivoiriens sont contraints à l’exil,
d’autres emprisonnés sans motif, des comptes bancaires gelés, des plantations occupées par des
étrangers, des étudiants en vacance permanente, des travailleurs licenciés pour leur appartenance
politique ou leur origine ethnique ?

8- Sur quelle base légale et quel ordre constitutionnel, des civils appelés DOZOS, sans permis de port
d’armes et sans avoir été recrutés dans l’armée, la gendarmerie ni la police, se donnent pour mission
d’assurer la sécurité des ivoiriens avec droit de vie et de mort sur chaque citoyen en toute impunité ?

9- Sur quelle base légale et quel ordre constitutionnel, les manifestations pacifiques de l’opposition
sont systématiquement réprimées avec morts d’hommes et destruction de bien en toute impunité ?
Quel est ce modèle de démocratie qui a peur de la concurrence politique et qui préfère emprisonner
le Président et les vice-présidents, des cadres du plus grand parti pour mieux installer la démocratie?

10-Quel Etat de droit, quelle démocratie et quel ordre constitutionnel veut-on promouvoir dans la
sous région lorsqu’on les ignore notoirement chez soi, imitant ainsi le cordonnier mal chaussé ?

Voilà dix questions dont les réponses permettront, à notre sens, de régler définitivement la crise
ivoirienne, de situer les responsabilités et clarifier nos rapports avec les partenaires internationaux pour emprunter le chemin de la démocratie, de la paix et du développement dans l’unité.

La destruction de l’Etat de Côte d’Ivoire a commencée en fait le 19 septembre 2002. Elle s’est
achevée par la destruction de la résidence du Chef de l’Etat et son arrestation par les forces
françaises le 11 avril 2011, laissant un pays exsangue et sans Etat où le banditisme à grande échelle
est organisé pour piller les ressources du pays, massacrer, emprisonner et exiler toute forme de
résistance. L’occident impérialiste, criblé de dette et avec un chômage croissant, a trouvé comme
solution à la crise de la dette et au redressement de son économie, le pillage à mains armées par
rebelles interposés des richesses des pays faibles. L’Afghanistan, réservoir de gaz, de pétrole, de
cuivre, de fer et de pierres ornementales, a ouvert le bal suivi de l’Irak, du Soudan, de la République Démocratique du Congo (RDC), de la Côte d’Ivoire, de la Libye etc.

La procédure est bien rodée. Cela commence par une campagne médiatique qui désigne le régime du
pays de dictature et donc son Dirigeant de dictateur qui massacre ses compatriotes à l’arme lourde
ou à l’arme de destruction massive. Alors la machine se met en branle, la France, l’Angleterre ou les
USA font voter à l’ONU une résolution à but humanitaire mais qui dans son exécution se transforme
en bombardement du pays voire l’assassinat de son dirigeant. La CPI menace uniquement un camp et
passe sous silence les crimes de l’autre camp. Le chaos se met en place pour permettre le pillage des
matières premières du pays.

Tout pays faible possédant des matières premières et non soumis à cet ordre, est ou sera considéré
comme un pays de dictature où les dirigeants sont subitement pris de folie, massacrant leurs
citoyens et détournant les richesses de leur pays. Les anciens colons qui n’ont pas fait preuve
de respect des droits de l’homme lorsqu’ils colonisaient ces pays, se découvrent des dons de
protecteurs des peuples qu’ils ont opprimé des siècles durant et qu’ils continuent d’exploiter.
A l’inverse, les dirigeants de tout pays installés par bombardement, ont le droit de massacrer
leur peuple et de piller ses richesses avec le silence assourdissant de leurs parrains. Les régimes
actuels d’Afghanistan, d’Irak, du Soudan du Sud, de la Côte d’Ivoire et de Libye enregistrent plus
de massacres et de pillages que les régimes les ayant précédé mais sont considérés comme des
exemples de démocratie et de respect des droits de l’homme par leurs parrains avec la bénédiction
de la Cour Pénale Internationale. La population quant à elle, attend toujours les pluies de milliards
promis dans ces différents pays depuis dix ans pour certains et ne voit autour d’elle que des pluies de massacres et de pillages.

La Côte d’Ivoire s’est malheureusement inscrite sur cette longue liste d’attente de pluie de milliards

et le régime n’a d’autre choix que de prolonger la campagne électorale là où le peuple attend des
solutions à ses problèmes. Incapable de rassembler les ivoiriens et d’assurer la mission première
d’un Etat : la sécurité des biens et des personnes, le régime s’est lancé dans une campagne d’auto
réconciliation et d’auto satisfaction sur l’achèvement des travaux et programmes du régime
précédent et un recours massif à l’assistance technique et militaire française en mettant au chômage
les compétences nationales avec un ré endettement incontrôlé hypothéquant dangereusement
l’avenir.

Durant plusieurs siècles, avec la complicité de certains de ses fils, l’Afrique a toujours pensé que son salut viendrait de l’extérieur et de l’extérieur est venu l’humiliation, la soumission et la pauvreté.

Aujourd’hui encore, il en existe malheureusement certains qui attendent des pluies de milliards sous
un ciel peu nuageux asséché par l’harmattan de la dette de l’occident impérial.

Le temps de la responsabilité pleine et entière est venu et le développement de l’Afrique ne sera
que l’œuvre des africains dignes et responsables débarrassés de tout complexe agissant dans l’unité
et la solidarité. Les dignes fils d’Afrique doivent donc rompre avec l’inaction et le silence pour se
donner les moyens nécessaires de redresser le destin tordu de notre continent et fermer la honteuse
parenthèse de la tentative de recolonisation.

DON MELLO Ahoua

Docteur Ingénieur des Ponts et Chaussées

Ministre de l’Equipement et d’assainissement

du Gouvernement AKE NGBO

Partager

Laisser une réponse