La récente actualité ivoirienne a été marquée par des bruits de ‘’disparition’’ de Soro Guillaume, chef rebelle, premier ministre d’Alassane Ouattara. La presse proche de l’opposition avait, quant à elle, fait ses choux gras de l’absence prolongée du sieur Soro. On pouvait même lire à la une de certains journaux « Soro disparait des écrans radars » ou encore « clash Soro-Ado : où se cache Soro ? ».
La rumeur, comme une trainée de poussière, s’était propagée dans la capitale abidjanaise. D’aucuns annonçaient même l’arrestation et le transfèrement du chef de la rébellion à la Haye, aux côtés de Laurent Gbagbo. Malheureusement pour ceux qui souhaitaient voir sitôt la paire Ouattara-Soro se bouffer le nez, il n’en était rien( ?). Et voilà notre quidam sortant de sa cachette, annoncer : « Je suis là !».Face à ce remue-ménage, nous nous sommes alors posé la question de savoir : « en quoi un règlement de compte entre bandits qui se connaissent très bien pouvait influencer positivement le quotidien des ivoiriens déjà confrontés à la dictature et aux mesures d’austérité iniques d’Alassane Ouattara? ». Ensuite, « Pourquoi se donner la peine pour un chef de rébelle qui n’aurait, manifestement eu, que ce qu’il mérite ? ».
Tout compte fait, « le ver est dans le fruit ». Ce ne sont ni les sourires artificiels, ni les hypocrites accolades, encore moins les poignées de main empressés entre Ouattara et Soro qui y changeront grand-chose. Le fruit est pourri et les ivoiriens n’en veulent pas: Ouattara est arrivé au pouvoir à l’issue d’un coup d’état perpétré par la France. Soro est le chef autoproclamé d’une rébellion qui a, et qui continue d’endeuiller la Côte d’Ivoire depuis 2002. Alors, que Ouattara chasse Soro ou que Soro menace Ouattara, ce n’est que bonnet-blanc, blanc-bonnet. Une comédie de mauvais goût pour les ivoiriens, qui savent que ces deux hommes, en alliance tacite dès le début, drainent dans leurs sillages des milliers victimes. En optant pour le choix d’Alassane Ouattara, au plus fort du bras de fer électoral, Soro Guillaume savait bien où se trouvait son intérêt, sachant d’avance qu’avec Laurent Gbagbo, la justice le rattraperait tôt ou tard, lui et ses hommes. Car ni les ivoiriens, ni la justice n’oublieraient jamais tout le mal que Soro et ses chefs de guerre ont fait à la Côte d’Ivoire. Qui pourrait oublier toutes ces femmes violés, ces enfants mutilés, ces jeunes gens massacrés par la rébellion armée dont Soro s’est déclaré le chef ? La justice est là pour ne pas que ces crimes restent impunis. Et nous avons des raisons de croire en cette justice, la justice libre, indépendante et impartiale. Auprès d’Alassane Ouattara, Soro Guillaume se sent protégé, quand bien même une foultitude de rapports accablants existe contre lui. Alassane Ouattara et Soro Guillaume en sont conscients. D’autre part, ni l’un ni l’autre n’oserait s’attaquer de front à son complice.
Ce serait précipiter sa propre chute. Car le véritable chef des rebelles mués en FRCI, c’est bel et bien Soro Guillaume, Ouattara n’ayant aucun contrôle sur cette bande armée. Soro lui-même déclarait, comme pour prévenir tous ceux qui voudraient s’attaquer à lui: « Les gens oublient que moi, je ne suis pas n’importe quel Premier ministre. J’ai une armée avec moi». Vous l’aurez bien comprit, entre Ouattara et Soro, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une pure comédie. Une comédie qui s’étend aussi à certains acteurs de la crise ivoirienne. Soro Guillaume, Sarkozy, Ouattara, Konan Bédié…, sont, à défaut de faire machine arrière, dans une dynamique de comédie. Dans cette crise ivoirienne, depuis ses origines, lorsqu’on s’y penche sereinement, on y découvre forcément le complot que ces personnes pré-citées et bien d’autres encore, ont activement préparé. Même si ces derniers tentent aujourd’hui de berner le monde entier en se comportant en véritables comédiens sur la scène politique. On y découvre comment Laurent Gbagbo, président démocratiquement élu est victime d’un coup d’état international ourdi par la France et dont le pion essentiel n’est rien d’autre qu’Alassane Ouattara, pur produit des impérialistes issu du FMI. De Sarkozy à Ouattara, en passant par Soro et Konan Bédié du PDCI, chacun joue sa partition pour offrir aux ivoiriens et au reste du monde, un lamentable spectacle de bonne conscience, auquel adhère malheureusement certains esprits trop simples. Une comédie où chacun attend le moment propice pour être le premier à planter le couteau dans le dos de son ami. Au plan national, la guerre souterraine, qui couve, au-delà des apparences de bonne entente, entre le RDR de Ouattara et les Forces Nouvelles de Soro où chacun tente de rester seul maître du terrain, en dit long. De même, un certain Konan Bédié et son parti politique le PDCI ont aussi accepté d’en être les acteurs, moyennant des postes ministériels dont celui de premier ministre. Mais comme toute comédie dénuée d’inspiration, la mayonnaise a tardé à prendre et le pot aux roses a fini par être découvert par une certaine jeunesse excédée et certains cadres du parti, préférant rester dans l’anonymat. Le (presque) octogénaire Konan Bédié se sait pourtant assis sur des braises. A voir le PDCI, ce parti cinquantenaire, inféodé au RDR de Ouattara, on en perd presque son latin ! Et l’on se demande bien si ce parti a encore, comme tout parti politique digne de ce nom, l’ambition légitime de diriger ce pays !Mais le maître d’œuvre de cette comédie, reste incontestablement la France de Sarkozy. Nous gardons encore en mémoire, la récente visite d’état d’Alassane Ouattara en France, avec tout le tintamarre mis en œuvre. Observez-bien le sourire de Sarkozy qui semble dire : « Voyez, c’est Alassane Ouattara mon filleul, que j’ai placé au pouvoir en Côte d’Ivoire. Voyez, lui au moins n’est pas populiste, ni souverainiste ou encore panafricaniste. Il est très doux et obéissant. Voyez-le, il applique à la lettre tout ce que je lui dicte. Voyez, n’ai-je pas bien fait d’intervenir en Côte d’Ivoire ? ». Et les deux compères (Ouattara et Sarkozy), devant caméras et flashes d’appareils photos, tout sourire, font bien semblant d’oublier tous ces milliers d’ivoiriens exilés, prisonniers politiques et militaires qui se meurent dans leurs prisons nauséabondes.
Toutes ces populations ivoiriennes actuellement victimes de la barbarie des chiens de guerre rebelles et soumis à la politique de ‘’rattrapage’’ ethnique et religieux de Ouattara.Comédie, tout n’est que comédie et mise en scène. Certes elle ne résistera pas longtemps aux vraies réalités du terrain. Il s’agit de l’impérieuse nécessité, pour tout pouvoir qui se respecte, d’appliquer la démocratie et d’instaurer impérativement l’Etat de droit. En Côte d’Ivoire, il s’agit pour Ouattara de se défaire de tous ses chefs de guerre et de leur mentor Soro, dont les mains sont remplies de sang. De se rendre à l’évidence qu’ « un pays qui combat dans un autre pays, combat d’abord et avant tout pour les intérêts économiques de son peuple ». D’initier sans délai et vu l’urgence le « dialogue national sur les réformes nécessaires à la consolidation de la paix et de la sécurité ». Que les alliances sont faites pour être défaites, car le RHDP est mort, bel et bien mort. Il n’existe de nom que par le seul fait de Konan Bédié et Ouattara.Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy, Soro Guillaume et Konan Bédié, ont choisi de jouer la comédie, au détriment de l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne. Alassane Ouattara a décidé de faire le pitre. Son projet de société devenu caduque, il se calfeutre désormais dans des actions de reconnaissance tous azimuts envers les Etats-Unis et la France, en liquidant la Côte d’Ivoire. Un jeu de scène où toutes ses répliques n’ont de valeur que le mensonge. « Ne donne pas ta voix au chômage », disait une de ses affiches lors de la campagne présidentielle. Aujourd’hui, les chiffres sont là et parlent d’eux-mêmes : 1200 agents, soit près du tiers du personnel de la Sotra (société de transport abidjanais), jetés à la rue. Une nouvelle qui intervient après l’annonce du licenciement de 120 personnes au Port autonome d’Abidjan, et la mise à l’écart de 322 employés à la Radio télévision ivoirienne (RTI), une autre structure parapublique.
Dans la crise ivoirienne, au-delà donc de cette triste comédie, se trouve forcément la réalité implacable que l’on refuse d’accepter. Cette réalité est là, depuis le début. De la bouche de Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle française, on peut entendre : «La politique qui a été appliquée en Côte d’Ivoire est une politique impériale. (…) Il a été aussitôt organisé contre Laurent Gbagbo une sorte de pression internationale car son régime déplaisait, (…) beaucoup à la droite internationale. Qui depuis des années manipulait leur marionnette, M. Ouattara. (…) Car c’est un homme qui a été en quelque sorte introduit par les instances internationales, et notamment par les Nord-Américains et les Français depuis de très nombreuses années. Et c’est cet homme a fomenté toutes sortes de complots, a épousé toutes sortes de rébellions absolument insupportables comme celle qui est venue du Nord du pays où se sont pratiquées les plus grosses fraudes électorales ». Dès lors, il revient aux ivoiriens, lassés et exaspérés par cette comédie, de prendre leurs responsabilités devant l’histoire. Car celui qui accepte de se laisser mener dans l’illusion et le mensonge, finit toujours par être rattrapé par l’impitoyable réalité de la vie. Et cette dure réalité serait pour une Côte d’Ivoire (re)colonisée, de se retrouver, du jour au lendemain, au rang des pays dont la situation chaotique est bien pire que celle des pays dits « pauvres très endettés ».
Marc Micaèl