Comme les instants précédant une irruption volcanique, la Côte d’Ivoire postélectorale se prépare à vivre, une fois de plus, des évènements tumultueux. La sonnette d’alarme retentie en Eburnie et tous les ingrédients d’une situation explosive sont réunis. Certes, il ne s’agit point de bruits de bottes. Il s’agit plutôt des voix des ivoiriens indignés par l’injustice, le rejet, la loi du plus fort, l’impunité… orchestrés et entretenus depuis bientôt 7 mois, par le régime Ouattara. Ces voix qui très bientôt éclateront comme des cris de révolte et balayeront tous sur leur passage comme une vague en furie. Seuls les ‘’aveugles’’ et les ‘’sourds’’, se complaisant dans une attitude de ‘’vainqueurs de la guerre’’ et partisans du néo-colonialisme, semblent l’ignorer. Ouattara et ses collabos de la communauté, dite internationale n’ont fait que jeter en Côte d’Ivoire, de l’huile sur un feu qui ne demandait qu’à être éteint. Après sept mois d’exercice du pouvoir, les indicateurs sociopolitiques sont alarmants. Le filleul de Sarkozy, s’est installé dans une logique de dictature avec une volonté manifeste, celle de cacher son impuissance à régler les problèmes politiques nouveaux nés de son accession à la tête du pays. Contribuant ainsi à empirer une situation déjà délétère dans le pays.
Le calme précaire qui règne actuellement en Côte d’Ivoire, est un de ces calmes qui précèdent les grandes révolutions. L’étape de surprise et les moments de grandes frayeurs passés, pour l’opposition significative au régime d’Alassane Ouattara, c’est la veillée d’armes: meetings, marches et autres manifestations populaires sont projetées en Côte d’Ivoire. Nonobstant les vaines tentatives de Ouattara et ses suiveurs pour étouffer les protestations des partisans de Gbagbo et de tous ceux qui aspirent à une Côte d’Ivoire libérée, jamais volonté affichée par ces derniers n’a été si déterminante. Enjeux d’une nouvelle ère, celle de tous les espoirs.
En Côte d’Ivoire, le second tour de l’élection présidentielle s’est achevé dans une cacophonie planifiée d’avance et actionnée depuis l’Elysée. L’ampleur de l’implication militaro-diplomatique de la France aux heures chaudes de la crise électorale achève de nous en convaincre. Mieux, le parti pris de Nicolas Sarkozy, en faveur de son ami et filleul Alassane Ouattara ne laisse aucun doute sur le choix de la France, quant à celui qui devrait, au sortir de cette élection, présider aux destinées de la Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle n’étant en effet qu’un simulacre mûrement conçu pour déposséder le peuple ivoirien de son droit légitime de choisir librement son dirigeant. C’est donc à dessein qu’Alassane Ouattara et ses complices français ont refusé de se plier aux règles fixées par la Constitution ivoirienne, préférant résoudre un contentieux électoral par une sale guerre. En effet, ces ennemis de la Côte d’Ivoire savaient d’avance qu’un recomptage des voix, à même d’épargner des vies humaines, mettrait à nu leur plan machiavélique pour contourner le véritable choix du peuple ivoirien. Peut-on honnêtement nier que Ouattara a été imposé aux ivoiriens au forceps des armes ? Là où une solution politique à une crise politique s’imposait, Ouattara et ses soutiens ont opté pour une guerre inique. Alors la question récurrente que l’on est en droit de leur poser est la suivante: « Et maintenant, croyez-vous que monsieur Ouattara soit en mesure de gouverner pacifiquement et souverainement ce pays ou voulez-vous insinuer que vous pouvez vaincre les ivoiriens sans les convaincre ? »
Après 7 mois d’exercice du pouvoir, toute euphorie de victoire bue, Ouattara et compagnie se voient contraints de retourner, malgré eux, à ce qu’ils avaient foulé aux pieds : ‘’ l’incontournable négociation avec leurs adversaires’’, car comme le disait un observateur avisé: « le pouvoir est temporel. Aucune ethnie ne peut se prévaloir de diriger le monde jusqu’à la fin des temps ».
Certes Alassane Ouattara, à son retour d’un de ses intempestifs voyages a invité l’opposition à la table des discussions. La presse proche du pouvoir en avait fait ses choux gras, présentant son ‘’champion’’ comme un homme de dialogue et de paix.
Mais, hic ! Car il y a un hic. A l’analyse de l’attitude du régime en place, l’on s’aperçoit que Ouattara s’installe dans la posture de celui qui veut : « le beurre et l’argent du beurre ». Ouattara voudrait légitimer son pouvoir en invitant l’opposition à des négociations où celle-ci accepterait en tant que ‘’vaincu’’, les règles que lui-même et son camp fixeraient à l’avance. Ouattara voudrait une opposition qui accepte des compromissions. C’est-à-dire :
– Qui passe sous silence la question critique de la vérité des urnes de l’élection présidentielle de 2010 à travers un recomptage des voix, reconnaissant du coup Ouattara comme Chef de l’Etat légitime;
– Qui accepte les massacres ethniques commis par la rébellion de Ouattara sur les populations civils pour leur soutien à Laurent GBAGBO ;
– Qui ferme les yeux sur la situation de plus de 200 000 réfugiés vivant dans des conditions parfois inhumaines dans divers pays ;
– Qui accepte de participer aux élections législatives alors que des cadres de l’opposition sont soit en prison, soit en exil, sous l’arbitrage d’une commission électorale dont la forme actuelle est sous contrôle total du pouvoir et qui ne peut garantir un scrutin juste, libre et transparent ;
– Qui fasse semblant de ne pas voir les hommes pro-Ouattara en armes perpétrer chaque jour des exactions, par des expéditions punitives contre certains ivoiriens considérés comme des proches de Gbagbo
– Qui refuse de croire que policiers et gendarmes sont absents sur la majeure partie du territoire national.
En somme, Ouattara veut d’une opposition qui accepte de ‘’jouer le jeu’’, dans une république qui exclut tous les militants et sympathisants de La Majorité Présidentielle, où l’état de droit et le climat démocratique font cruellement défaut, le tout, au nom d’une justice des « vainqueurs ».
Mais comme on peut le constater, l’opposition significative, dont le leader Laurent Gbagbo se trouve arbitrairement en prison à Korhogo, refuse de mouiller dans cette forfaiture, dont l’acceptation reviendrait à se discréditer et signer son probable arrêt de mort, au grand désespoir de tous ceux qui ont cru au noble combat du Président Laurent Gbagbo, symbole de la Côte d’Ivoire libérée et souveraine.
Cette opposition qui refuse de cautionner la dictature, la tyrannie, l’exclusion, a décidé à travers le FPI, parti leader de l’opposition, de passer à l’offensive, face à l’intransigeance du pouvoir Ouattara. Ce qui n’est pas goût des caciques du RHDP. Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du RDR et Conseiller spécial de Ouattara, au sujet des velléités de manifestations du FPI, menace: « Nous allons mater toutes les manifestations arrogantes qui ne respectent pas les règles républicaines. (…) nous ne permettrons à personne de semer la chienlit dans ce pays». Conséquence immédiate: un meeting organisé par l’opposition dans la commune de Koumassi est sauvagement réprimée par des loubards du RHDP.
Face à un pouvoir qui se caractérise depuis son avènement par la violence et par la seule force des armes, l’opposition n’entend pas se laisser intimider. Blé Goudé, leader des jeunes patriotes, aux militants de l’opposition: « Il faut vaincre la peur en vous. C’est notre premier ennemi. Je demande à tous de faire preuve de courage », et Koua Justin, président par intérim de la jeunesse du FPI, d’ajouter : « Si nous ne nous mobilisons pas, Dramane Ouattara nous écrasera tous ».
En Côte d’Ivoire, sous nos yeux et pour ceux qui veulent bien y prêter attention, les pièces d’un puzzle sont en train de se mettre en place: manque de libertés individuelles et publiques, population croulant sous le poids du chômage et de la misère face au coût élevé de la vie, le tout couronné par un manque criard de démocratie réelle. Les nouvelles autorités imbues de leur pouvoir, affichant mépris et indifférence, de quelle arme dispose l’opposition pour faire entendre sa voix, en dehors des manifestations populaires ?
En Côte d’Ivoire, des manifestations sont prévues pour, entre autre, réclamer aux néo-colons, Sarkozy et Ouattara, la libération sans condition de Laurent Gbagbo, symbole de la lutte pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Pour tous ceux et celles, assoiffés de paix et de liberté, une seule question jaillit des cœurs: « est-ce le début de l’étincelle qui augure du réveil du peuple ivoirien ? »
Dans tous les cas, pour ceux qui croient en cette Côte d’Ivoire terre d’espérance, bientôt libérée du joug colonial, le jour est arrivé. Un jour qu’un Grand homme de la terre d’Eburnie a décrit comme: Un jour (…) où dans ce pays, il y aura deux camps. D’un côté celui dont le territoire et la nation se confondent pour la défense de ce que nous sommes et de l’autre celui pour lequel, ni la nation, ni le territoire, encore moins la République que nous tentons de bâtir n’a de sens, encore moins de valeur… ».
Marc Micaël