Côte d’Ivoire. Le temps du cauchemar !

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  Qui, mieux que l’adepte de la violence – lui-même – saurait en redouter les conséquences?

En Côte d’Ivoire, le RDR (Rassemblement Des Républicains), parti politique d’Alassane Ouattara, aujourd’hui au pouvoir, en sait certainement quelque chose. Et pour cause…

Un soir du 18 février 2002, la Côte d’Ivoire fut violemment agressée par une bande de rebelles armés. Curieusement, leurs mobiles s’apparentaient à ceux dont le RDR avait fait son cheval de bataille. Notamment la xénophobie et l’exclusion. L’on se souvient même que le RDR, par la voix d’Alassane Ouattara, avait demandé officiellement à ces rebelles – avec à leur tête Soro Guillaume aujourd’hui au perchoir sous la bannière du RDR – de les rejoindre autour de cette cause commune. La violence venait de faire son entrée fracassante sur le terrain politique en Côte d’Ivoire.

De négociations en négociations, le pot aux roses fut découvert : il s’agissait en fait de prendre les armes pour que monsieur Ouattara soit candidat à des élections présidentielles en Côte d’Ivoire.

Cela n’a pas suffit. Les élections de 2010 furent l’occasion de parachever la sale besogne entamée depuis 2002 par cette coalition composée de rebelles (branche armée) et du RDR (branche politique).

Conséquences : plus de 3000 morts selon les chiffres officiels, sans compter le massacre perpétré par ces mêmes rebelles devenues Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) – substituées à l’armée régulière – à la solde de monsieur Ouattara – dans la région du grand ouest (Duékoué, Nahibly,…) comme l’atteste des Organisations de Défense des Droits de L’Homme dans leurs différents rapports.

Au sortir d’une élection controversée, qui a vu aux prises messieurs Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, la violence atteignit son paroxysme. Avec l’entrée en scène de l’armée française et de l’Onuci en soutien aux FRCI d’Alassane Ouattara, en lieu et place de discussions ou d’un recomptage des voix qui aurait préservé des milliers de vies humaines.

Aujourd’hui encore, est tenace le fait que nul n’a oublié les conditions et les circonstances suspectes qui continuent d’entourer « la victoire » de monsieur Ouattara à ces fameuses élections de 2010.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, est tenace – dans l’opinion publique – le fait que ce sont les armes qui se sont imposées et que bien après l’accession au pouvoir de monsieur Ouattara, ces mêmes armes continuent de semer la terreur au sein des populations. Des citoyens enlevés, injustement emprisonnés, séquestrés, torturés ou tout simplement exécutés, sous le règne d’Alassane Ouattara, pour divers motifs, notamment celui d’être partisans de Laurent Gbagbo, donc soupçonnés de façon arbitraire d’en vouloir au nouveau régime, sont pratiquement devenus des faits banals. L’opposition politique – en l’occurrence le Front Populaire Ivoirien (FPI) – est littéralement interdite de manifester ou victime de répressions, après qu’elle eut été amputée de plusieurs de ses leaders les plus représentatifs.

Les meetings organisés par cette opposition à Port Boüet, Yopougon-Ficgayo, à Bonoua, à Koumassi campement…, n’ont-ils été réprimés dans la violence et dans le sang par les partisans de Ouattara ?

Aujourd’hui – plus que jamais – est tenace l’idée qu’en Côte d’Ivoire, si monsieur Ouattara et ses sbires continuent d’user de menaces et tant de violences, s’ils continuent de mettre en avant leur caractère répressif et tortionnaire face à tout ce qui leur apparait comme revendications sociales ou manifestations de l’opposition, c’est qu’ils savent qu’ils n’ont pas convaincus pour être là où ils sont aujourd’hui.

Ils ont usé de violence pour atteindre leur but, ils craignent donc que cette même violence ne soit – en retour – utilisée contre eux. Eux qui, mieux que quiconque en savent plus sur les conséquences de la violence.

Alors comprenez bien que lorsque l’opposition projette, comme c’est actuellement le cas pour la Jeunesse du FPI (JFPI), d’organiser un meeting, les « démons » du RDR – parti au pouvoir – se mettent en branle. Pour ce parti habitué aux violences, toute manifestation de l’opposition est perçue comme de la provocation, un plan visant à le renverser.

Pour les partisans de Ouattara, le meeting de la JFPI, prévue pour le 16 février prochain, est une « stratégie de provocation ». Ils précisent : « (…) au-delà de ce prétexte (exiger à Ouattara, la libération de Laurent Gbagbo, ndlr) il (Koua Justin, président intérimaire de la JFPI, ndlr) nourrit d’autres idées sombres qui n’ont rien à envier à une provocation ». Dans des allégations sans fondements, ils poursuivent : « (…) il  a ouvertement indiqué que ce mouvement de protestation, sera l’occasion de régler ses comptes avec les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et les Dozo en les défiant ».

« Régler ses comptes » ; « Défiant » ; « provocation »…, des termes qui ne trompent pas sur l’état d’esprit de leurs utilisateurs. Le régime Ouattara s’est d’ores et déjà mis en mode « contre-attaque ». Et comme d’habitude, cette histoire pourrait se terminer dans une violence inqualifiable. A moins que ce meeting ne soit une fois de plus, purement et simplement interdit.

Ainsi, ce n’est pas qu’une simple vue de l’esprit que l’on a, après observation des agissements du régime en place. C’est même une certitude. Le régime d’Alassane Ouattara a une peur bleue du vrai jeu politique libéré et ouvert à tous. Celui qui consiste à laisser évoluer et s’exprimer tous les antagonismes politiques, selon l’art et les règles de la démocratie. Voilà le pire cauchemar de ce régime, pouvons nous dire.

Bien entendu, Ouattara et son camp peuvent soutenir que la Côte d’Ivoire est dans une période de «réconciliation ». Mais en même temps qu’ils le disent, ils posent des actes qui n’ont rien à avoir avec cette prétendue réconciliation. En continuant de traquer ça et là les exilés, partisans de Laurent Gbagbo ; en ne donnant aucune chance au dialogue opposition-gouvernement d’aboutir ; en ne donnant pas un libre accès aux média d’Etat ; en confisquant les libertés individuelles et collectives…, ils sont rattrapés par leur double jeu.

Malgré tout, pour ce régime, est  – justement – arrivé le temps de son pire cauchemar, le temps où le jeu politique – en Côte d’Ivoire – doit être nécessairement libéré. Passée la période des peurs et des angoisses, ce régime, nourrit au lait de la violence saura-t-il – sans perdre la face – y survivre ? Le temps nous situera.

De même, si ce meeting de la JFPI ne saurait provoquer dans l’immédiat, la libération de Laurent Gbagbo, il est et reste- en lui-même – une prise à témoin de l’opinion nationale et internationale quant au complot fomenté contre la Côte d’Ivoire et aux agissements machiavéliques du régime Ouattara et de ses alliés occidentaux.

Ce meeting,  tel que projeté et quelle qu’en sera l’issue, aura le mérite d’interpeller les uns et les autres sur ce qui s’est déroulé depuis  le 11 avril 2011 et qui continue d’avoir cours en Côte d’Ivoire. Afin que jamais l’on n’oublie ce pan de l’histoire de ce pays. Car l’oubli, c’est aussi la perte de son identité, un refus d’avancer dans l’histoire du progrès de l’humanité.

Enfin, les régimes aussi nihilistes et répressifs que ceux d’Alassane Ouattara, ont-ils jamais réussi à ébranler la détermination d’hommes et de femmes qui ont soif de liberté ? Interrogeons l’histoire.

Marc Micael La Riposte

 

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