Chérif Sy, « ne peut pas vivre, et vous, être tranquilles »
Alors que plusieurs sources interrogées depuis hier jeudi 12 novembre à Abidjan, à Paris, à Washington et à Ouagadoudou, jugent le montage audio entre Soro et Djibril Bassolé vraisemblable sinon «authentique», les communicants du premier cité réagissent sans véritablement convaincre [lire plus bas].
Par ailleurs selon nos informations, la version fuitée de l’enregistrement audio [17 minutes] serait différente de la version originale complète de la conversation téléphonique longue d’au moins 30 minutes, dans laquelle des propos accablants auraient été tenus contre le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara. En effet, des proches de Soro que nous avons pu joindre du côté de Korhogo et de Man [anciens membres de la rébellion MPCI]accusent ouvertement les services du ministère ivoirien de l’Intérieur d’être à la base des fuites.
«Ceux qui ont choisi de salir Soro ont délibérément pris le soin d’enlever des passages compromettants pour Hamed Bakayoko [ministre ivoirien de l’intérieur]et Ouattara. Pourquoi et dans quel but ? Si ce n’est la preuve du complot de Hambak contre Bogota ?», vocifère notre interlocuteur depuis Man.
Les autorités Burkinabé qui dans un passé récent avaient évoqué l’existence de la conversation téléphonique entre Bassolé et Soro n’ont pas encore réagi aux fuites parties de la Côte-d’Ivoire. Pendant que l’affaire des écoutes faisait grand bruit sur les bords de la lagune ébrié, la Commission nationale d’enquête indépendante sur le putsch des 16 et 17 septembre 2015 au Burkina Faso remettait son rapport au premier ministre Isaac Zida. Selon ce rapport 211 personnes se sont présentées pour les besoin de l’enquête.
HC
………………….
Burkina/Ecoutes téléphoniques: l’équipe de Guillaume Soro dénonce un « montage »
Par Noé MICHALON
Le service de communication du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, a dénoncé vendredi un « montage » suite à la publication la veille d’écoutes téléphoniques non-authentifiées, le mettant en cause avec l’ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Djibrill Bassolé, pour leur rôle dans le coup d’État de septembre, à Ouagadougou.
Dans un article intitulé « Sept bonnes raisons de jeter à la poubelle les prétendues écoutes téléphoniques », publié sur le site officiel de l’ex-Premier ministre, la communication de M. Soro dénonce avant tout « des canulars », et affirme que « ces prétendues écoutes téléphoniques, sont traversées par un fond sonore trouble, typique des bandes magnétiques traficotées ».
« Les personnes mises en cause par ces bandes manipulées, à savoir le Général Djibrill Bassolé et le Président Guillaume Soro, ne se sont à aucun moment retrouvées au cœur du conflit militaro-politique du Burkina Faso en septembre 2015 », ajoute le texte.
Le camp de M. Soro ajoute en outre que « Ces prétendues écoutes téléphoniques évoquent des projets d’assassinat, des brassages de sommes d’argent, que personne de sensé n’émettrait au téléphone s’il en avait réellement l’intention » et dénonce « des berceuses de Noël pour niais ».
Revenant enfin sur le parcours de l’ex-secrétaire général des Forces nouvelles, le communiqué conclut que « jamais, au grand jamais un tel homme d’Etat ne va se fourvoyer dans les délires téléphoniques que ses ennemis désemparés veulent piteusement lui attribuer » et que « pour rien au monde, un homme de son statut ne se risquerait dans une aventure aussi foireuse que confuse ».
Le fichier sonore de 16 minutes à l’origine de la polémique prêtait à M. Soro l’intention de « frapper » le Burkina Faso pour « paniquer l’armée » et permettre au RSP, à l’origine du putsch du 16 septembre, de se déployer.
La voix présumée de Guillaume Soro affirmait également que le président du parlement de transition burkinabè, Chérif Sy, « ne peut pas vivre, et vous, être tranquilles », demandant à son interlocuteur « est-ce que tu imagines qu’on aurait pu faire ce qu’on est en train de faire si Tagro et puis IB étaient encore vivants ? », en allusion à l’ex-ministre de l’intérieur, mort au lendemain de la capture de l’ex-président Laurent Gbagbo, et à Ibrahim Coulibaly, dit « IB », chef du « commando invisible » des Forces nouvelles, tué deux semaines plus tard.
Le général Djibrill Bassolé, ministre de la Sécurité puis des Affaires étrangères au début des années 2000, a été arrêté le 29 septembre puis mis en examen le 6 octobre pour « attentat à la sûreté de l’État » pour son rôle présumé dans le putsch.
Le coup d’État du 16 septembre, mené par des éléments du RSP, unité d’élite chargée de la sécurité présidentielle, avait porté au pouvoir Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’État major de l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré. Suite à l’intervention de l’armée, le gouvernement de la transition, en fonction depuis novembre 2014, avait repris le contrôle du pouvoir.
NMI Alerte info
{fcomment}